Qui pour témoigner après eux ?
La Journée nationale du souvenir de la déportation instaurée en 1954, commémorée chaque année le dernier dimanche d’avril, est l’occasion pour les Déportés ou pour les membres de leur famille de revenir sur un épisode douloureux de la Seconde Guerre mondiale. Nombre d’associations locales s’efforcent de maintenir la mémoire et le souvenir de celles et ceux qui ont péri dans les camps ou qui en sont revenus marqués, dans leur chair et leur conscience.
« J’ai toujours vu mon père militer »Michel Bacholier est le porte-parole de la délégation de Vichy de l’AFMD ( lire par ailleurs ). « Il existait à Vichy, il y a peu encore, plusieurs associations commémoratives de la déportation. La FNDIRP, l’Unadif, la FMD… Non seulement les déportés disparaissent peu à peu – il en restait quatre dans l’Allier en 2022 – mais les bénévoles vieillissent eux aussi. Alors, nous nous sommes tous regroupés sous le sigle de l’AFMD. »
Dans l’agglo, la dynamique a été longtemps portée par quatre anciens déportés, Germaine et Albert Louis, André Chauvel et Roger Bacholier.
« J’ai toujours vu mon père militer avec son copain Albert pour le devoir de mémoire. Par contre, à la maison, motus et bouche cousue sur ce passé douloureux. On savait qu’il conservait un carnet gardé dans un coffret métallique fermé à double tour, et c’est tout. »
Néanmoins, tout jeune, Michel a suivi son père aux cérémonies devant les monuments aux morts et stèles commémoratives. « Mon père a gardé toute sa vie une haine farouche contre les Allemands. Un jour, son ami Marcel Chautard est venu l’avertir qu’une plaque venait d’être posée en mémoire de Pétain à l’hôtel où vécut ce dernier. Ils sont allés dans l’atelier chercher des outils et sont partis décrocher cette dernière à coups de marteau. Je l’ai vu pleurer sur le quai de la gare quand je suis parti faire mon service militaire en Allemagne. Traumatisé à jamais ! »
Pionnier du jumelage avec les AllemandsAlors, ils sont quelques-uns qui continuent à œuvrer pour que la reconnaissance perdure. Aux cérémonies, aux enterrements, dans les médias, ils témoignent. Sans haine. Michel Bacholier ne fait-il pas partie des pionniers du jumelage cussétois avec les Allemands de Neüssas ?
Un temps, ces bénévoles ont pu penser que l’on n’était pas loin de l’oubli mais « depuis quelques années on voit qu’une sensibilisation est de mise dans les écoles », souligne Michel Bacholier. On ne peut pas se contenter de dire « plus jamais ça ».