Delphine Gigoux-Martin expose tout l'été au château de la Trémolière : "Sans rêve, je ne crois pas que l’on arrive à quelque chose"
Envoûtant. À quelques minutes du vernissage, qui marque l’ouverture officielle de l’exposition estivale au château de la Trémolière, l’artiste échange quelques mots avec des amies dans le grenier. La charpente ressemble à un bateau retourné. Des œuvres, grands formats sombres, d’un côté. Un baleinier de l’autre. Bateau reconstitué qui navigue sur des projections d’animaux animés.
Mais c’est la première fois qu’une artiste confronte son art aux tapisseries du château. Grâce à Delphine Gigoux-Martin, j’ai redécouvert ces merveilleuses tapisseries
Des baleines, et d’autres créatures appartenant à des bestiaires parallèles, poétiques, et imaginés par Delphine Gigoux-Martin. Mais ce qui marque, dans cet univers si particulièrement poétique, c’est le silence. Près d’une trentaine de personnes sont pourtant présentes dans ce lieu clos, presque sans lumière naturelle. Mais pas un son ne dépasse les paroles et encore moins les pensées. À peine murmurés, quelques mots s’échangent malgré tout. Mais diffus, ils se perdent dans l’océan de l’imaginaire créé par l’artiste. Installée en Auvergne, « dans un atelier qui fait face à la forêt, à la nature », Delphine Gigoux-Martin n’est pas une inconnue dans le Cantal.
En 2021, elle avait imaginé une monumentale et pourtant poétique œuvre installée sur la voûte du barrage de Saint-Étienne-Cantalès. Voûte céleste imaginaire dans un univers de béton où la nuit devient l’écrin d’un bestiaire rêvé. « Mais sans rêve, je ne crois pas que l’on arrive à quelque chose », devait expliquer l’artiste à la fin des discours samedi 22 juin, sous des chapiteaux protégeant les invités d’un crachin estival inédit. « Dans le monde rural, la commune, c'est le maillon fort. Notamment en matière de culture », devait rappeler François Descœur, le maire.
« C’est la quatorzième fois que nous accueillons un artiste au château, toujours avec la galeriste Claire Gasteau ». « Les projections animées des animaux permettent de relier, de mélanger l’imaginaire au réel. Une baleine à Anglards-de-Salers n’est pas moins incongrue qu’un dromadaire dans une tapisserie », soulignait, d’un sourire, Delphine Gigoux-Martin. Livrant ainsi quelques pistes de réflexion. Sur son art. Sur la vie…
Bruno-Serge Leroy
Pratique. Le château de la Trémolière, à Anglards-de-Salers, est ouvert tous les jours sauf le lundi matin. Juin, juillet et août de 10 h 30 à 12 h 30 et de 14 heures à 19 heures ; septembre, de 14 heures à 18 heures. Exposition. La bête triomphante est visible jusqu’au 30 septembre. Entrées : adulte, 7 € ; enfant, 3 €. Tél. 04.71.40.05.72.