Redmen de McGill, le nom perd ses crampons de football
Est-ce le début d’une tendance, rien n’est sûr, mais voilà qu’une institution de haut savoir, l’Université McGill de Montréal laisse tomber l’appellation « Redmen » pour ses équipes sportives, la plus en vue étant l’équipe de football canadien.
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Plusieurs débats ont cours au sujet de ces appellations à connotation amérindienne pour une équipe sportive, professionnelle ou non, et la pertinence de ces noms dans leurs milieux.
Songeons notamment au baseball professionnel aux Reds de Cincinnati ou aux Indians de Cleveland dans les ligues majeures. Le logo des Indians laisse perplexe.
Au football universitaire américain il y a aussi les Seminoles de l’Université Florida State.
Au football professionnel américain, songez aux Chiefs de Kansas City et au geste mimant l’utilisation d’un tomahawk des partisans après un beau jeu de leur équipe, le tomahawk chop.
Toujours au football américain, il y a l’équipe de Washington, les Redskins et le débat lancé par le quotidien Washington Post au sujet de la pertinence de changer le nom de l’équipe.
De retour à McGill
Aujourd’hui vendredi, Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière de cette université montréalaise a émis une note explicative dans laquelle elle souligne que « l’appellation Redmen avait provoqué des sentiments de douleur et d’exclusion chez les étudiants autochtones, surtout les athlètes autochtones de McGill. »
Maillots rouges
Au début du XXe siècle le nom s’écrivait « Red Men » pour hommes en rouge, en honneur aux maillots rouges des équipes mcgilloises et sans doute aussi un rappel historique des origines celtiques du fondateur de l’institution, James McGill, écossais né à Glasgow et très riche marchant montréalais.
Donc, ces hommes rouges n’avaient pas de « références » avec les Premières nations … jusqu’aux années ’50, au mitan du XXe siècle.
Les deux mots tout à coup n’en faisaient plus qu’un – Red Men devenait Redmen – et les étudiants athlètes étaient surnommés avec des références autochtones, Indiens pour les garçons et Squaw pour les filles.
Et aujourd’hui?
Redmen, et sa traduction française Peaux rouges sont ont des connotations totalement offensantes.
« Aucune langue, ni d’ailleurs son interprétation n’est figée dans le temps. La langue évolue au même rythme que le monde. J’ai pu mesurer toute la douleur causée par le nom « Redmen ». Des étudiants autochtones de McGill m’ont confié que ce nom leur procurait un sentiment d’exclusion. Ils se sentent méprisés et laissés pour compte. Ils vivent un conflit intérieur entre leur fierté légitime d’appartenir à un peuple autochtone et celle d’être des étudiants mcgillois. »
Suzanne Fortier, principale et vice-chancelière, Université McGill
Bon, il y a bien eu quelques commentaires négatifs, des donateurs qui ont dit qu’ils cesseraient de verser des fonds à l’institution et même qu’ils déconseilleraient leurs enfants de s’y inscrire si le nom devait être abandonné. Quoi qu’il en soit, McGill va de l’avant.
Donc, le nom disparaîtra.
Par quoi le remplacera-t-on?
À suivre.
Plus :
Les Redmen de McGill changeront de nom (Espaces autochtones, Radio-Canada)
Football américain. Redskins, un nom raciste? (Courrier international, Paris)
De l’hommage au racisme, éditorial, Paul Journet (La Presse)
L’équipe de baseball les Indians de Cleveland abandonnera l’image de « Chief Wahoo » pour cette saison 2019 (David Waldstein, New York Times) en anglais