Péréquation : menace à peine voilée de couper les vivres au Québec de la part du premier ministre désigné de l’Alberta
L’élection de Jason Kenney viendra-t-elle obscurcir le ciel des relations avec le Québec, en ce qui concerne le dossier de la péréquation et des pipelines ?
Appel à soutenir la croissance économique en Alberta
Le chef du Parti conservateur uni, Jason Kenney, a été élu nouveau premier ministre de l’Alberta, au terme d’un scrutin qui a vu le triomphe de son parti.
À peine les résultats dévoilés, le premier ministre désigné a annoncé les couleurs, en ce qui concerne ses liens futurs avec le Québec, le fédéral et bien d’autres provinces canadiennes.
En ce qui concerne spécifiquement le Québec, le système fédéral de péréquation est en cause entre les deux provinces, et le nouveau premier ministre désigné estime que le Québec doit soutenir l’industrie pétrolière albertaine qui est le socle de l’économie provinciale et qui soutient les emplois. C’est en le faisant que les Québécois pourraient espérer en retour des transferts massifs dans le cadre de ce programme.
« Si le Québec et les autres provinces veulent accepter des transferts massifs venant de l’Alberta, s’il vous plaît, aidez-nous pour le développement de notre économie », a affirmé Jason Kenney à Radio-Canada.
Le Québec est ainsi appelé à faire preuve d’une plus grande ouverture vis-à-vis de la construction de projets de pipelines qui permettront d’acheminer l’importante ressource pétrolière albertaine vers les marchés régionaux et mondiaux.
François Legault. Premier ministre du Québec – Photo : Radio-Canada
Un appel qui frappe un mur d’opposition
Au Québec, la réaction des principaux responsables politiques est sans appel.
Le premier ministre François Legault, qui avait qualifié le pétrole albertain d’énergie sale, a opposé une fin de non-recevoir à l’idée d’ouvrir la voie à la construction de nouveaux pipelines. Par contre, il s’est dit disposé à entendre le dossier du gaz naturel qui génèrera des revenus supplémentaires et évitera à sa province de défendre éternellement du système de péréquation, qui va être en vigueur au Canada jusqu’en 2022.
« Il n’y a pas d’acceptabilité sociale pour un nouvel oléoduc pétrolier. Par contre, on est ouvert au projet de gaz », a souligné M. Legault.
Dans le camp de l’opposition, la menace du premier ministre désigné de l’Alberta ne semble pas inquiéter outre mesure, plusieurs élus ayant mis de l’avant la compétence fédérale, en ce qui concerne la gestion de la péréquation.
Carlos Letao, Porte-parole du Parti libéral du Québec en matière de finances, a argumenté dans le même sens que M. Legault et son ministre de l’Environnement, Jonathan Julien, en soutenant que le peuple québécois n’est pas prêt à accepter à nouveau les pipelines.
Durant les 28 jours de campagne électorale qui a permis d’observer une vague bleue en Alberta, M. Kenney a martelé son idée de redonner confiance aux Albertains, par la relance de l’économie, ce qui passe par la concrétisation de la construction des projets de pipelines et l’acheminement vers des terminaux de distribution.
Il en a fait presque une obsession, c’est pourquoi il brandit la menace de la péréquation, en mentionnant l’idée d’aller, si possible, devant les tribunaux pour contester ce système. Cette question vient rejoindre bien d’autres, dont la taxe carbone, ce qui annonce des relations particulièrement houleuses avec les libéraux fédéraux.
Installation pétrolière à Fort McMurray en Alberta Photo: AFP / MARK RALSTON
Source: Radio-Canada
RCI avec Radio-Canada
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