Les Canadiens amoureux du soleil au point d’en oublier les effets néfastes
Les Canadiens ne prennent pas toujours les dispositions utiles pour réduire les risques de cancer de la peau, dont le mélanome. Le mélanome qui en 2017 a tué 1250 Canadiens sur les 7200 cas diagnostiqués. D’où l’appel de l’Association canadienne de dermatologie (ACD), à l’occasion de la Journée mondiale du mélanome 2019, à la prudence face au soleil.
Les hivers canadiens sont longs et froids. Le temps gris règne en maître. Et même lorsque le soleil pointe le bout nez, il est généralement plus décoratif qu’une source de chaleur intense. En tout cas, ce soleil n’incite personne à troquer son manteau et son écharpe contre un bermuda et un t-shirt en plein mois de janvier. Normal donc qu’après une longue période de privation, l’été venu, les Canadiens s’adonnent à d’interminables bains de soleil.
Au-delà du plaisir de se réchauffer l’épiderme, l’exposition solaire, et donc aux rayons ultraviolets, est bonne pour l’organisme humain. Elle favorise la production de vitamine D, connue pour ses effets bénéfiques dans le renforcement des os, des dents, des cheveux, des ongles, de la peau, du système immunitaire, etc. Par ailleurs, les rayons qui favorisent la production de mélanine provoquent un mécanisme d’autodéfense de la peau, dont le résultat est son assombrissement ou le bronzage.
Les UV et le mélanome
Mais à côté de cette pléthore d’effets bénéfiques, les rayons ultraviolets sont aussi source de nombreux désagréments. D’abord, les UV sont la plus importante cause possible des cancers de la peau. Et si l’on a le teint clair ou s’il y a des antécédents familiaux, ce facteur de risque augmente considérablement.
Le cancer de la peau, soulignons-le, est la forme de cancer la plus courante. Selon Santé Canada, de tous les nouveaux cas de cancer au pays, presque un sur trois est un cancer de la peau. Le plus effroyable étant le mélanome, même s’il ne représente qu’environ 5 % de tous les cancers de la peau. À l’opposé des autres cancers de la peau, le mélanome peut se manifester tôt dans la vie d’une personne. Il peut apparaître sur n’importe quelle partie du corps, progresser rapidement et entraîner la mort.
Cependant, il peut être traité facilement s’il est pris à un stade très précoce. En revanche, une fois qu’il s’est propagé dans l’organisme, il est difficile à enrayer. Moralité : le dépistage hâtif offre de meilleures chances de victoire contre ce cancer. Mais on peut encore faire mieux. Il faut éviter une surexposition aux UV, surtout lorsque le soleil est à son paroxysme en mi-journée, et utiliser une protection solaire adaptée à sa peau, etc.
Des Canadiens mal informés
L’ennui c’est que les Canadiens ont des connaissances limitées, voire erronées, sur la façon de se protéger du soleil. C’est la conclusion de l’Association canadienne de dermatologie au terme d’un sondage mené auprès de 1204 Canadiens âgés de 16 ans et plus en septembre 2018.
Selon l’enquête réalisée par la firme Angus pour le compte de l’ACD, de nombreux Canadiens continuent de croire à tort que pour satisfaire aux exigences recommandées en matière de vitamine D, une certaine exposition au soleil sans écran solaire est nécessaire.
Certes 90 % des répondants reconnaissent qu’une exposition excessive au soleil peut endommager leurs yeux. Mais, selon l’ACD, le nombre de Canadiens qui disent porter à l’extérieur toute l’année des lunettes de soleil avec lentilles de protection contre les rayons UV a chuté par rapport à 2017.
De nombreux Canadiens continuent de croire que les mesures de protection contre les UV doivent être prises uniquement à des moments précis. Photo : REUTERS/Mike Blake
Tout n’est pas sombre dans ce coup de sonde. Les trois quarts des répondants affirment qu’il est important d’utiliser un écran solaire quand on s’expose aux UV. Sept sur 10 estiment qu’il est important de porter des vêtements de protection solaire. Et environ 60 % des Canadiens affirment qu’ils examinent leur peau, tandis qu’un sur trois le demande à son médecin ou à son dermatologue.
Selon les dermatologues certifiés du Canada, le mélanome a cru au pays au cours des dernières décennies. Entre 1992 et 2013, on a noté une hausse annuelle de cas de 2,1 % chez les hommes et de 2 % chez les femmes.
(Source : Santé Canada, Association canadienne de dermatologie, Société canadienne du cancer)
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