COVID-19: pourra-t-on forcé votre retour au travail et à quelles conditions?
Des avocats canadiens spécialisés dans le droit du travail se disent soudainement sollicités pour répondre aux questions de travailleurs qui veulent savoir s’ils peuvent invoquer le fait qu’ils risqueraient de tomber malade s’ils se voyaient obligé de retourner au travail.
D’autres se demandent si un retour à la « normale » qui pourraient mettre en danger les membres vulnérables de leur famille serait un motif valable pour refuser la demande d’un employeur pour qu’ils réintègrent leurs anciens lieux de travail
D’autres s’interrogent sur la possibilité désagréable d’être forcé de révéler à leur employeur certaines informations médicales personnelles qui pourraient les soustraire à un retour au travail ou compliquer le dit retour.
Toutes ces questions représentent des soucis liés au fait qu’il n’existe toujours pas de traitement approuvé pour le COVID-19, et qu’un vaccin demeure un mirage pour l’instant.
À la base il y a une obligation légale de retourner au travail
Un groupe d’experts canadiens en santé publique a rédigé une lettre ouverte publiée mercredi dans Le Devoir, appelant les gouvernements à protéger les personnes contre le risque de perte d’emploi si elles décident que leur risque personnel lié à COVID-19 est trop important.
« Le principal objectif de la lettre est d’essayer de persuader les gouvernements d’adopter des politiques qui sauveront des vies, dans le contexte du déconfinement », explique Janet Cleveland, chercheuse sur les droits et la santé des migrants à l’université McGill, et l’un des auteurs de la lettre.
« Dans l’état actuel des choses, si ces personnes souhaitent rester chez elles parcequ’elles craignent qu’un retour au travail puisse mettre leur vie en danger, elles risquent d’être licenciées ».
Les employés auront tout de même des droits
Selon des experts consultés par CBC News, si la plupart des employés ne pourront pas refuser de retourner au travail, plusieurs pourraient cependant en retarder l’échéance ou en modifier les conditions comme ceux qui travaillent dans des aires ouvertes.
D’expliquer l’avocat ontarien Howard Levitt, les employés auront le droit d’insister sur l’ajout de mesures de sécurité, y compris des équipements de protection et des lieux de travail désinfectés. Et personne ne devrait être forcé de travailler avec une personne qui présente des symptômes de COVID-19.
Richard Gold, professeur de droit à l’université McGill de Montréal, estime qu’il existe un risque de voir apparaître ici une forme d’anarchie du travail, où les employés refuseront de se présenter au travail et que chacune de ces protestations devra être jugée individuellement. »Ce sera une affaire monstrueuse » prévient-il.
À quoi pourraient ressembler les bureaux dans un monde post-COVID?
Le lieu de travail post-pandémique devrait inclure une plus grande distance entre les bureaux. Cela inverserait une tendance où les entreprises, depuis plusieurs années, se sont mises à entasser leurs travailleurs créant des espaces ouverts avec de tout petits postes de travail et peu de bureaux privés.
On a fait disparaître les cloisons avec la promesse que cela allait encourager le travail d’équipe et la collaboration. Dans le contexte d’une pandémie, tout semblent irréfléchi ou carrément dangereux.
De dire Alison Thompson, professeur associé de l’Université de Toronto qui étudie l’éthique de la santé publique : « Il est certain que les employeurs auront l’obligation de s’assurer que leur lieu de travail est sûr ».
L’une des options consisterait à opter pour l’employeur de faire preuve d’une flexibilité maximale en prolongeant le travail à distance. Dans les entreprises où le travail de bureau est important, les employeurs seront en fait probablement forcé de le faire. Il n’y aura tout simplement pas assez d’espace à bureau pour tous les employés si l’on doit respecter les règles de distanciation.
RCI avec CBC News
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