Un dépistage national des contacts des individus infectés rejeté par le Bloc
Le premier ministre de l’Ontario a proposé, en début de cette semaine, l’adoption d’une stratégie nationale de recherche des contacts des personnes infectées.
La santé étant pourtant au Canada constitutionnellement une responsabilité provinciale, le parti de l’opposition au parlement canadien représentant les intérêts des Québécois, le bloc québécois s’y oppose entièrement.
«Moi, je ne veux rien savoir — comme dans « pantoute » (pas du tout) — d’un programme canadien, d’un océan à l’autre, qui va imposer une juridiction qui ne lui appartient pas au territoire québécois», s’est indigné le chef bloquiste Yves-François Blanchet, mercredi.
Le problème est que sans le Québec qui compte pour près de 60% de tous les cas détectés de personnes infectées, un plan national de détection serait handicapé dès le départ.
Le sujet devient pour ainsi dire une patate chaude au plan politique puisque le premier ministre de l’Ontario a réussi à convaincre la vice-première ministre canadienne d’inscrire le dossier à l’ordre du jour de la rencontre hebdomadaire entre les premiers ministres des provinces et des territoires et le gouvernement fédéral jeudi.
Le gouvernement canadien très ouvert à l’idée sous une forme ou une autre
Doug Ford a révélé lundi avoir parlé de cette question avec la vice-première ministre Chrystia Freeland lundi dernier et il prévoit présenter lui-même le dossier à ses homologues provinciaux cette semaine. Chrystia Freeland s’est montrée très ouverte à l’idée.
Une porte-parole de Freeland, Katherine Cuplinskas, a déclaré que le vice-premier ministre est d’accord sur le fait qu’une « approche unie » de la recherche des contacts « sera la clé d’une réouverture économique sûre et prudente ».
« Nous avons besoin d’un plan national pour la recherche des contacts. En ce moment, chaque province le fait individuellement, mais nous avons besoin d’un plan national, pour travailler avec le gouvernement fédéral et toutes les provinces, les 10 provinces et les trois territoires », a déclaré M. Ford.
Les arguments pour le traçage national des contacts des personnes infectées
En ce moment, le traçage des contacts au pays se fait essentiellement de façon manuelle par des responsables de la santé publique locales.
Quelques provinces s’aventurent sur le terrain technologique, considéré plus rapide et plus efficace, avec prudence.
L’Alberta a lancé une application pour téléphones mobiles ABTraceTogether, dont une version a été utilisée avec succès à Singapour. Son utilisation qui est volontaire depuis une semaine ne s’effectue pas sans heurts. La médecin en chef de la Colombie-Britannique a elle aussi confirmé mardi avoir commencé à faire l’essai d’initiatives semblables.
LISEZ : Déploiement au Canada d’une application mobile de détection de la pandémie
Les arguments contre et ce qu’en pense le gouvernement du Québec
Selon le chef du Bloc québécois, Ottawa doit respecter le rythme de croisière de la province dont il défend les intérêts au parlement canadien. «Si Québec décide de mettre en place, de proposer […] des applications à cet égard-là, Québec le fera», a-t-il indiqué.
Le bureau du premier ministre du Québec, de son côté, n’a pas voulu commenter le débat ni révéler quelle sera sa prise de position lors de la réunion des premiers ministres jeudi.
Il y a quelques jours, le 28 avril, François Legault soutenait qu’il était trop tôt pour se prononcer sur ces méthodes. «Si jamais on utilisait ces données, ce serait avec l’accord des personnes concernées. Donc, ce serait pour leur bien, avec leur accord. Mais on n’est pas encore rendu à l’étape de dire si on va ou non utiliser ces moyens-là».
Avis d’experts
Jean-Philippe Groleau, avocat et associé du cabinet Davies Ward Phillips & Vineberg, croit qu’une approche nationale ou unie pourrait prendre deux formes.
Dans la première, les provinces et territoires confieraient au gouvernement fédéral la gestion d’une approche nationale. Dans une autre approche, Ottawa pourrait elle-même imposer aux provinces un plan uniforme par voix législative.
«Et il faudrait faire passer ces mesures-là sous la lentille de l’analyse constitutionnelle pour vérifier si ça respecte les droits et libertés fondamentales des Canadiens», ajoute ‘avocat.
L’idée de retracer les individus infectés est «séduisante à court terme», mais les risques de dérapage (vie privée) sont grands, surtout en ces temps exceptionnels, souligne pour sa part Karen Eltis, professeure titulaire à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa.
«Il n’y a pas de mauvaises intentions. Il y a de bonnes intentions, à ce que je peux voir. La difficulté, avec la technologie, c’est que les conséquences sont toujours inattendues», indique-t-elle.
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RCI avec La Presse canadienne
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