43 communes de Creuse attendent toujours leur futur maire
D’ici un mois, le second tour des municipales devrait enfin régler le sort d’une quarantaine de communes creusoises. Dans la plupart, il ne reste que quelques sièges à pourvoir. Dans d’autres, tout reste à écrire.
Elles sont 43 communes creusoises à attendre leur second tour pour régler définitivement des municipales restées en suspens au soir du 15 mars. Et si, dans la plupart, seuls quelques sièges restent à pourvoir, dans les autres, tout peut encore se jouer. Petit tour d’horizon.
Guéret au 1er tour : 33 % pour la liste Correia, 28 % pour la liste Fournier, 25,8 % pour la liste Bourdier et 13,5 % pour la liste DelaîtreAu soir du 15 mars, les quatre listes en lice ont décroché un ticket pour le second tour. Et on devrait toutes les retrouver le 28 juin pour une quadrangulaire inédite à Guéret. Aucune fusion à l’horizon. « On s’est rencontré avec Sylvie Bourdier et Michel Vergnier, révèle Éric Correia, mais on a appris que leur liste avait été déposée avant d’avoir un retour de cette première rencontre ». Alors, Guéret2020 a aussi déposé la sienne.Pareil pour M-Françoise Fournier : « Dès le lendemain du premier tour. Nous restons droits dans nos bottes. Nous avions annoncé aucune fusion, et nous préférons perdre plutôt que revenir sur nos engagements. J’ai été approché par Thierry Delaître ainsi que pour Michel Vergnier le soir du premier tour, mais c’est une question d’éthique pour nous ».Thierry Delaître, lui, préfère attendre jusqu’au dernier moment dans une « démarche d’ouverture », prêt à recevoir des propositions des autres listes… sauf d’Éric Correia. « Pour nous c’est inenvisageable, on a dénoncé sa gestion de l’Agglo et la personne qu’il est ».Quant à Sylvie Bourdier, elle tient à rester cohérente avec sa liste de gauche. Sans dire qu’elle refuse la fusion avec Guéret2020, elle fait comprendre que l’option a une chance… infinitésimale.
Pas de fusion, mais deux mois et demi de confinement où il s’est passé bien des choses. « On en tire les leçons pour notre programme de second tour, indique Marie-Françoise Fournier. Notamment, pour ces “oubliés” du confinement, ces mamans seules, ces personnes isolées, au-dessus des minima sociaux, pour qui rien n’a été prévu, on proposera des choses pour elles ».« On a été dans l’action », souligne Sylvie Bourdier. Elle, à la tête du collège Marouzeau « le plus gros du département, on a fait rentrer 40 % de nos élèves avec 93 de nos enseignants, une des plus grosses rentrées sur l’académie. Et Michel Vergnier, en tant que maire, a montré dans l’action face au Covid et pour la ville que nous n’étions pas que dans le verbe mais dans les actes ».
Se montrer durant la criseOn l’aurait même un peu trop vu au goût d’Éric Correia : « J’ai trouvé indécent de le voir se mettre autant en avant durant ce moment. Il a fait ce que tous les maires de France on fait mais, pour lui, la campagne ne s’est jamais arrêtée. À l’Agglo, nous avons agi aussi, pour fabriquer les visières ou sauver les entreprises et on ne m’a pas vu me mettre en scène pour cela ».Selon Thierry Delaître, « ce n’est pas Vergnier qu’on a le plus vu dans la presse, mais Correia. Notamment pour l’annonce de l’annulation du festival Check in Party où il a essayé de faire croire que c’était dû au Covid. En vérité, c’est l’état des finances de l’association porteuse du festival et de l’Agglo qui interdisait qu’une deuxième édition ait lieu en 2020 ». Visiblement, le confinement n’a pas fait rentrer les couteaux.M-Françoise Fournier, égale à elle-même, refuse la polémique. Préférant miser sur « une réserve de voix : tous ceux que je croise qui ont craint le virus et ne sont pas allés voter pour moi au premier tour, mais me disent qu’ils le feront au second ».
Aubusson, au 1er tour : 36,7 % pour Jean-Luc Léger, 32,9 % pour Michel Moine, 21,9 % pour Catherine Debaenst et 8 % pour Jean-Luc PissalouxJean-Luc Léger, Michel Moine et Catherine Debaenst, trois des quatre candidats du premier tour peuvent encore maintenir leur liste au second tour. Seule celle menée par Jean-Luc Pissaloux n’a pas franchi la barre des 10 %. Plus ou moins partagées sur cette date du 28 juin - seul le président de Creuse Grand Sud qui, pour le coup, n’est plus maire de Saint-Marc-à-Loubaud, affirme clairement que cette « période transitoire a été trop longue » - les trois têtes de liste se retrouveront en course. Un temps évoquée, la fusion de la liste de Catherine Debaenst avec celle de Michel Moine ou celle de Jean-Luc Léger n’est plus d’actualité.
Les tractations avaient été lancées au lendemain du premier tour : il faut dire que la seule femme en lice avait la clé du scrutin en main. Mais la crise est passée par là. Et sans doute les sièges éligibles et postes d’adjoints dans la balance eurent été différents en mars, le maire sortant misant vraisemblablement sur sa gestion de la crise pour rattraper son retard sur Jean-Luc Léger.
Et les voix de Pissaloux ?La participation sera bien déterminante (pour rappel, près de vingt points en moins au premier tour 2020 par rapport à celui de 2014). Où se reporteront les 8 % de Pissaloux ? Bien malin qui pourrait le dire tant les reports de voix à Aubusson sont toujours surprenants : en 2001, l’addition des voix de la droite aurait dû assurer la victoire à Thierry Ratelade (DVD) et c’est finalement Michel Moine (PS) qui y avait décroché l’écharpe qu’il porte toujours. Quoi qu’il en soit, le second tour ne donnera pas seulement le nom du futur maire d’Aubusson. Dans ce scrutin, se jouent aussi le périmètre de la Com-com et des élections prévues en 2021…
Felletin au 1er tour : 41,6 % pour Renée Nicoux, 34,4 % pour Michel Pinton et 24,1 % pour Philippe CollinLa fusion semble encore à l’ordre du jour à Felletin. Pas question pour Michel Pinton (ancien maire de 1995 à 2008) comme pour Philippe Collin (élu de la majorité sortante) de voir la mairie revenir entre les mains de Renée Nicoux (maire de 2008 à 2014), arrivée en tête du premier tour. Les rancunes sont tenaces. Les discussions entamées au lendemain du 15 mars ont repris entre les deux challengers, plus ou moins enthousiastes à l’idée d’un second tour avant l’été.
Qui sont les candidats à la mairie de Felletin ?
Discussions oui mais pas à n’importe quel prix. « Ça dépendra notamment du nombre de personnes, rapporte Philippe Collin. Michel Pinton sait que si on part ensemble, il sera maire. » Et ça, justement, ça se négocie au prix fort. Mais pas trop cher non plus. Favorable à une fusion, Michel Pinton ne la souhaite pas « à n’importe quelle condition ». Ce qui pourrait empêcher l’union ? « J’y vois plus une question de personnes que de doctrines », déclare ce dernier. Les deux hommes devaient se voir lundi soir. Philippe Collin assure que « d’ici une semaine, je saurai si je dépose une liste seul ou avec lui ». Pressée de « sortir de cette situation qui a trop duré », Renée Nicoux a bien sûr « entendu parler » de cette union. Pas de quoi effrayer cependant celle qui est arrivée en tête le 15 mars : « Fusionner pour faire barrage, ce n’est pas toujours bien pris par les électeurs. Fusion de listes ne veut pas dire fusion de voix ».
Saint-Yrieix-la-Montagne aura bien un maire
Dans la petite commune de Saint-Yrieix-la-Montagne, la question n’était pas de savoir s’il était pertinent de maintenir le premier tour au 15 mars : aucune liste ne s’était manifestée. Maurice Magoutier, le maire en poste depuis 1996 qui ne se représente pas, espérait juste que la semaine de l’entre-deux tours susciterait des vocations.
Mais quand bien même cette semaine n’aurait pas duré des mois, la pause a été bénéfique : une liste menée par Didier Miomandre, élu sortant, a pu être constituée et même déposée dans les jours suivant le premier tour. De quoi soulager Maurice Magoutier et bien sans doute les 200 âmes de la commune qui aurait pu être rattachée à une autre. « On était cinq, six conseillers à bien vouloir repartir mais aucun ne voulait être maire, rapporte la tête de liste. Mais ça nous faisait mal au cœur de savoir que notre commune pouvait disparaître. C’est ce qui m’a décidé d’ailleurs. »
Eric Donzé et Séverine Perrier