Bras de fer et blocs de béton entre la ville et des commerçants sur le marché de Brive
Deux commerçants du marché de Brive, en Corrèze, bataillent avec la mairie pour garder leur emplacement. La municipalité, qui souhaite faire de la place aux terrasses dans le cadre du Covid 19, a déposé ce samedi 1er août des blocs de béton en lieu et place de leur stand.
Difficile de satisfaire tous les commerçants en même temps. Depuis plusieurs semaines sur le marché de Brive, la municipalité et deux commerçants non sédentaires ont entamé un bras de fer pour une question d’emplacements et de mobilité. Samedi 1er août, pour faire respecter un arrêté municipal priant les exposants de changer de secteur, la mairie a déposé des blocs de béton en lieu et place des stands des deux exposants.
De la place pour une terrasseL’origine du désaccord est en réalité une des conséquences du Covid 19. Pour garantir la poursuite de l’activité des bars et restaurants, la mairie a, depuis la fin du confinement, accepté l’extension des terrasses afin de permettre la mise en place des règles de distanciation. Petit hic devant l’avenue de Paris, l’extension de terrasse de « L’Avant-première » nécessite le déplacement de deux habitués du marché de Brive.
"Pourquoi le maintien de mon activité compte moins que celui d’un autre ? "
Présents sur le marché depuis plus de vingt ansPascale Caille et Sébastien Baroukh, installés depuis 39 et 23 ans tous les mardis et les samedis, ont reçu l’ordre de rejoindre la place du 14-Juillet, devant l’office de tourisme. « Un étalage, c’est un endroit où la clientèle a l’habitude de nous trouver. Changer de lieux, c’est un chiffre d’affaires qui s’effondre et que l’on met un an ou deux à rattraper. Moi, j’ai déjà changé trois fois d’endroit. Pourquoi le maintien de mon activité compte moins que celui d’un autre ? », s’interroge Sébastien Baroukh, devant son stand de vêtements ethniques.
« La clientèle ne nous connaît pas, là-bas. De plus, nous allons prendre la place d’un autre commerçant sur la place », renchérit Pascale Caille, vendeuse de vêtements.Probleme d'installation sur le marché. Des blocs de béton se sont invités. photo Stéphanie Para.
Un espace à partager pour la mairieDu côté de la mairie, on assume cette volonté de faire de la place aux terrasses. « Il faut partager l’espace. Il y a un an et demi, nous avons dégagé l’espace sur le parvis du théâtre pour des raisons de sécurité et d’accès. Ces commerçants étaient restés, mais savaient qu’avec l’arrivée d’un nouveau restaurant, ils devraient bouger tôt ou tard. Le Covid a précipité les choses », explique Jean-Luc Souquières, élu en charges des marchés, tout en reconnaissant que du côté de la mairie, on aurait aimé éviter ce type de situation.
"Dire que l’on empêche les commerçants de travailler quand, il y a quelques mois, on a maintenu le marché de Brive durant le Covid, c’est dur à entendre."
« Nous avons déjà demandé à des commerçants non sédentaires de changer d’emplacement, notamment lors de la création de la Halle gaillarde, cela n’a jamais posé problème », ajoute l’élu de la majorité.
Le temps des négociationsAprès cette montée en température en juillet, entretenue sur les réseaux sociaux, l’heure était plutôt à l’apaisement en ce début de semaine. Les différentes parties se sont réunies autour de la table lundi 3 août après-midi, pour trouver une solution de sortie. La mairie devrait retirer les blocs de béton déposés samedi et une solution est à l’étude pour déplacer les commerçants a minima, près de l’immeuble actuellement en travaux, rue de Paris.
« Cette solution temporaire est à l’étude et devra être validée par les services techniques de la ville », souligne Christian Serre, président du syndicat des commerçants non sédentaires de la Corrèze, qui a participé aux négociations avec la mairie.
Cette solution transitoire, si elle est validée, devrait laisser les choses s’apaiser quelques mois, histoire de laisser couler de l’eau sous le béton.
Pierre Vignaud