Un patient Covid du CHU de Clermont-Ferrand rend hommage à "toutes ces petites mains" qui l'ont pris en charge

Le 25 octobre 2020, Pierre Pagès, qui a des antécédents cardiaques lourds, apprend qu'il est positif au Covid-19. Il est alors conduit en urgence au CHU de Clermont-Ferrand dans un état préoccupant. Il en sortira le 6 novembre. Sur notre page Facebook, le quinquagénaire a tenu à rendre hommage au personnel hospitalier que nous avons mis à l'honneur dans un grand format. Son message a eu un écho considérable puisque des centaines de personnes ont tenu à réagir. Il raconte.

Lui, c'est Pierre Pagès. Mais il se nomme "Pépé le Moko" sur Facebook, et les jeunes du rugby de Beaumont aiment à l'appeler "l'indestructible". Lundi dernier, "Pépé le Moko" a pris la plume. Sur notre page Facebook, cet homme de 55 ans a voulu rendre hommage à "toutes ces petites mains" du CHU de Clermont-Ferrand qui lui ont vraisemblement sauvé la mise et ont fait de son séjour en service Covid une "expérience humaine incroyable". Des mots qui ont eu un effet inattendu. 

Qu'est-ce qui a motivé votre intervention sur notre page Facebook ? 

Je pense que c'est du bon sens, je voulais leur rendre cet hommage. A partir du moment ou j'ai été pris en charge sur le brancard, je n'ai eu que des gens bienveillants. Lorsque je suis arrivé aux urgences, ils m'ont tout de suite amené au service Covid. Là, j'ai vu des gens avec une masse de travail considérable, et une charge émotionnelle importante à gérer.

Ils étaient dévoués, gentils, jamais de message négatif. C'était une belle expérience humaine, et même si c'était difficile, je me devais de les mettre en avant.

Vous attendiez-vous à tant de réactions ? 

Non. J'ai vraiment écrit ce que j'avais sur le coeur à la suite de vos articles, ce n'était pas calculé. Je suis moi-meme surpris d'avoir fait plaisir à tant de gens. J'ai reçu énormément de messages, des remerciements, mais aussi des encouragements. Des amis m'ont appelé pour m'en parler, c'est remonté jusqu'à des personnes travaillant au CHU.

Dans votre hommage, vous énumérez tous les métiez que compose un hôpital...

[Il coupe] Oui, tout le monde ! De la personne qui passait la serpillère au médecin, à celle qui apportait le repas. Je ne sais pas si c'est le cas dans tous les services, mais leur implication et leur engagement sont exceptionnels.

Comment avez-vous attrapé  le Covid ?

Je fais partie des dirigeants d'un club de rugby à Beaumont. Nous avons eu une assemblée générale. Nous étions dix personnes, dans le respect des gestes, dans un grand gymnase. C'est vraisemblalement une personnes asymptomatique qui fait partie des bénévoles qui nous l'a transmis. Je pense que nous l'avons attrapé dans ce contexte car d'autres dirigeants ont été contaminés par la suite. 

Quelle était la gravité de la situation lors de votre prise en charge au CHU ?

On peut dire que je reviens de loin. C'est ce qu'on m'a fait comprendre en tout cas à l'hôpital. Mais mon surnom au rugby, c'est l'indestructible.

Quand je suis parti directement dans le service Covid, on m'a fait passer un scanner, la médecin m'a indiqué que j'avais une infection très grave des poumons.

Je lui dis "on se parle franchement", elle m'a alors confirmé que j'avais les poumons "pris à 100 %". Je lui ai demandé si j'allais m'en sortir, elle m'a répondu qu'ils allaient tout faire pour. Et j'ai été transféré au service des maladies infectieuses.

Et la suite ? 

Il faut le dire, j'ai aterri dans une chambre vétuste, obligé de faire mes besoins sur une chaise percée placée dans l'isoloir (sic) de la chambre où il y a un lavabo pour se laver, mais pas de douche. Mais j'étais bien encadré, j'ai fait fi des conditions. Par la suite, on m'a transféré en unité Covid de cardiologie. Et je suis ensuite rentré chez moi avec une hospitalistion à domicile.

Et depuis, vous avez pu récupérer ?

Le premier jour chez moi, j'étais extrêmement fatigué. Je diminue l'oxygène progressivement. J'ai retrouvé une saturation correcte mais à des moments dans l'après-midi, je dois en reprendre un peu. J'ai surtout de la fatigue, des quintes de toux mais je ne m'en tire pas mal, je vous parle correctement. 

Je sens des fois que le souffle manque de pêche mais vous m'auriez eu il y a une semaine, je parlais très difficilement

Vous avez dû également voir tous ces commentaires d'internautes qui remettent en cause les chiffres du Covid...

Ils sont dans l'erreur. De ce que j'ai pu apercevoir en cardiologie de ma fenêtre d'hôpital, les ambulances, c'était un bal incessant, je n'avais jamais vu ça. C'était H24, ça n'arrêtait pas. Les chiffres sont là. Ces gens ne se rendent pas compte mais je peux vous dire que quand vous l'avez attrapé (NDLR, le coronavirus), vous n'avez plus la même vision des choses.

Pour terminer, quel message souhaitez-vous transmettre ?

Je pense qu'au travers du respect des mesures sanitaires et du confinement, on doit un profond respect aux soignants, à ces petites mains, du brancardier au professeur, qui officient durant cette période. Ne pas suivre les mesures, c'est ne pas les respecter.

Erwan Rousseau