Pourquoi le contrôle technique d'une voiture est-il facturé entre 60 et 87 € dans le Puy-de-Dôme ?
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Depuis le 8 octobre, un comparateur lancé par le ministère de l’Économie permet d’accéder aux tarifs des centres de contrôle technique de la France entière. Dans le Puy-de-Dôme, ce tarif varie de 60 à 87 € pour une voiture particulière, sauf promotion.
Même s’il se défend d’être un comparateur de prix, le site lancé le 8 octobre dernier par le ministère de l’Économie permet de connaître, en un clic, le tarif pratiqué par les centres de contrôle technique près de chez soi comme dans la France entière.
Dans le Puy-de-Dôme, ces prix s’échelonnent de 60 à 87 € pour une voiture particulière (essence ou diesel), d'après les informations transmises par 55 centres.
Le moins cher du Puy-de-Dôme : « La force de mon entreprise, c’est plus les poids lourds que les voitures »Romain Ducros, à la tête d’Autobilan, propose le prix le plus bas du département, à Ambert. Il a racheté le fonds de commerce du centre qui l’employait en octobre 2017, et explique facilement son tarif :
Beaucoup de centres sont franchisés ; leurs charges sont plus lourdes que nous, indépendants. Je suis aussi dans une petite ville ; et il n’y a pas beaucoup de concurrence.
L’autre raison, c’est qu’il dirige un centre mixte : « La force de mon entreprise, c’est plus les poids lourds que les véhicules légers. Je peux donc me permettre de vendre un contrôle un peu moins cher ».
Une profession où « il n’y a ni minimum, ni maximum »...Dans la profession en effet, les prix sont libres. « Il n’y a ni minimum, ni maximum. Chacun fait comme il veut », enchaîne Didier Page, qui a créé le centre Dekra à Clermont, en 1992.
Lui estime qu’il faut tout de même rester au prix du marché, et observe un tarif moyen de 70-80 € dans la capitale auvergnate. « Il y a des régions où c’est beaucoup plus cher ; en région parisienne par exemple, ça tourne autour de 100 €. »
« Dans le Puy-de-Dôme, il y a cinq ou six ans encore, il se faisait un peu n’importe quoi. Moi j’étais à 65-70 €, alors que certains étaient à 49 € à peine. Ça s’est un peu amélioré avec les nouvelles réglementations de 2018 », se félicite Frédéric Vigier, à la tête de sept centres, répartis à Clermont et dans sa banlieue, qui emploient 25 salariés.
... mais où tout dépend en fait des charges, de la masse salariale ou du temps passé sur chaque véhiculeTout prix est en fait lié aux charges, à la masse salariale ou encore au temps passé par contrôle, puisque le commerce de la profession ne gravite qu’autour de tout ça et rien que ça résume Frédéric Vigier : « On ne vend pas de pièces, rien que du contrôle technique ».
Les centres assurent d’ailleurs une mission de l’État au niveau réglementaire et côté qualité du travail. L'examen des véhicules est quelque chose de « très procédurier. On ne fait pas ce qu’on veut, on a des points bien précis à contrôler… », ajoute Frédéric Vigier.
Du coup, ce comparateur a plutôt tendance à discréditer la profession à ses yeux, alors même que la profession est déjà scrutée de près :
On est audité tous les ans par les réseaux et audité tous les deux ans maximum par la Dreal. Aujourd’hui, tout le monde sait qu’un prix trop bas n’est pas en phase avec une qualité de travail
Un contrôle effectué dans les règles de l’art exige au moins 40 minutes de travail. « Quand vous le vendez 45 ou 50 €, vous ne pouvez pas le faire en 40 minutes, c’est de l’abattage ! Vous êtes obligés de compenser par le volume. Et qui dit compenser par le volume dit travail bâclé », estime Frédéric Vigier.
Les promotions pratiquées par les centres omises par le site du ministèreLe site du ministère a également comme défaut d’omettre les promotions exceptionnelles ou régulières pratiquées par les centres.
Où les contrôles techniques sont le moins cher dans le Cantal ?
De même, le prix avancé d’une contre-visite sur le site n’est pas des plus clairs pour les néophytes. Si la moyenne tourne autour des 20 €, elle peut dépasser les 70 €. Dans ce cas-là, « c’est que vous avez dépassé le délai des deux mois et que vous êtes obligé de refaire un contrôle ; ou alors, il y a tellement de points en réparations obligatoires qu’on se retrouve à refaire pratiquement un contrôle complet », ce qui arrive beaucoup plus souvent qu’on ne pourrait le croire.
Comment est né ce comparateur ?
Ce comparateur est né du mouvement des Gilets jaunes. « Toute la profession a eu la surprise d’être la 3e préoccupation des Français, retrace Laurent Palmier, membre du Conseil national des professions de l’automobile et PDG du réseau Sécuritest. On sortait d’un changement réglementaire assez important, il y avait les 80 km/h, le prix du carburant… La stigmatisation s’est transformée en une information sur les tarifs », même si ces derniers étaient déjà affichés dans les centres.
Depuis le 8 octobre dernier, ces tarifs sont visibles sur le site prix-controle-technique.gouv.fr, sur lequel les centres ont obligation de remplir les champs qui les concernent.
Quels sont les tarifs dans le Puy-de-Dôme ?
Dans le Puy-de-Dôme, après quelques bugs informatiques, 55 centres de contrôle technique du département partagent aujourd’hui leurs données (contre 48 au 3 novembre). Pour une voiture de particulier, les prix s’échelonnent entre 60 € à Ambert et 87 € à Bourg-Lastic.
Qu'en est-il dans le reste de l'Auvergne ?
Dans l’Allier, 35 centres affichent des prix allant de 65 à 82 € ; en Haute-Loire, on compte 23 centres et des prix entre 55 et 80 € ; dans le Cantal, 15 centres facturent leur visite de 59 à 86 €.
Quels sont les délais pour un rendez-vous ?
Les centres de contrôle technique sont toujours ouverts. Contrairement au premier confinement, aucun délai supplémentaire ne permet de repousser l’échéance de la visite obligatoire pour son véhicule.
Les délais actuels pour obtenir un rendez-vous sont très courts : « On est dans une période un petit peu creuse, détaille Didier Page. On est un peu dépendants des périodes durant lesquelles les gens achètent des véhicules, ce qui ne se fait pas trop en hiver. On retrouve plutôt leurs véhicules au printemps et en été. »
Texte : Gaëlle Chazal Photos : Rémi Dugne