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Octobre 1822 : deux vies perdues pour une poignée de navets, à Maringues (Puy-de-Dôme)

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Courageusement, alors que des témoins le pensaient mort, en ce 6 octobre 1822, le garde champêtre se relève et avance, chancelant, doucement, en direction de son domicile, au « Pont Picot », sur la commune de Maringues. Après avoir parcouru quelques dizaines de mètres, il s’assied sur un tertre et, à l’aide de son mouchoir, tente d’essuyer son visage en sang. Deux passants s’arrêtent à sa hauteur. Mais Pierre Paret, le fonctionnaire en question, est presque inconscient et ne peut que bredouiller quelques mots incompréhensibles.

Rapidement, le blessé est transporté chez lui. Quand un médecin se présente à son chevet, le soir même, le garde champêtre a perdu connaissance. Sans doute n’a-t-il plus que quelques instants à vivre, pense le docteur. Mais le lendemain, il respire encore. Deux nouveaux médecins l’auscultent. Ils lui rasent la tête et remarquent quatre plaies contuses saignantes pénétrant jusqu’à l’os. Pour qu’il aille mieux, ils lui font une saignée (sic !). Cette fois, la mort ne tarde plus. Pierre Baret rend son dernier souffle dans la maison où il est né 39 ans plus tôt.

Ancien fantassin  de Napoléon

Cet ancien fantassin de l’armée napoléonienne, qui est par ailleurs chevalier de la Légion d’honneur depuis 1813, a été tué par deux soûlots voleurs de betteraves ou de navets.

Car l’enquête menée pour retrouver les agresseurs ne pose pas le moindre problème.

Ce jour-là, en effet, deux hommes, Jean Gros dit « le moine » et François Blanc, après avoir descendu à eux deux trois bouteilles de vin blanc à Crevant, sur l’autre rive de l’Allier, ne se gênent pas pour dédérober des raves dans une ravière sous la vue de jeunes bergers.

Prévenu du larcin, le garde champêtre se met à la poursuite des deux voleurs, qui tentent de s’enfuir. Il les rattrape peu avant les rives de la Morge.

Une scène d’une violence extrême

Pierre Baret se saisit de Jean Gros, qu’il veut obliger à rendre le fruit de son larcin. Dans la mêlée, le fonctionnaire tombe au sol. François Blanc profite de l’occasion pour lui arracher son fusil.

Et, rapportée par le magistrat enquêteur, la scène qui suit est d’une violence extrême. « [François Blanc] lui en donna plusieurs coups avec tant de violence que quelques-uns des jeunes gens qui s’étaient rapprochés s’aperçurent que la crosse avait sauté en l’air, ce qui n’empêcha pas François Blanc de continuer à frapper encore avec le canon du fusil qui lui était resté dans les mains. »

Les deux pendards sont interpellés rapidement à « Vensat », hameau de la commune de Maringues. Leurs premières dénégations ne résistent pas aux témoignages qui les accablent, ni aux perquisitions qui permettent de retrouver l’arme brisée et même les raves tachées de sang !

La justice ne tarde pas à passer d’une manière terrible. Le 17 mai 1823, en application de la décision de la cour d’assises du Puy-de-Dôme, François Blanc est exécuté sur la place publique de Riom.

Jean Gros a plus de chance : les jurés l’ont déclaré non coupable. Sa liberté lui est rendue à l’issue de l’audience.

Jean-Baptiste Ledys




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