Calogero toujours ému par la blessure de son premier amour de jeunesse
Que chantez-vous sous la douche ?Le nouvel album des Strokes. Je siffle aussi le morceau de saxophone de mon nouveau titre, Celui d'en bas. Ce nouvel album, Centre-ville, transpire la joie et l'inquiétude. Comment allez-vous Calogero ?Il y a des choses qui nous bousculent actuellement dans notre "quotidien confortable", dans le sens où l'on n'a pas connu la guerre. La période actuelle est quand même très anxiogène.
Le jour où Sting montre son tatouage de la cathédrale de Chartres sur son dos...
Alors, c'était mieux avant, même si vous dites le contraire dans C'était mieux après ?Je ne regarde pas derrière mais il y a deux, trois trucs qui m'inquiètent. En même temps, il faut s'adapter, comme je le dis dans On fait comme si. On n'a pas le choix : il faut que tout aille bien. Retrouvons un optimisme en se souvenant que le pays a connu des années plus noires qu'aujourd'hui. Cette crise sanitaire ressemble à un film de science-fiction car elle est mondiale. Et nous met dans une position où chacun navigue à vue.
Pas facile de ne pas parler de ce maudit virus !
Mon album a été réalisé pendant le premier confinement. Il y a pas mal de détails créatifs qui le rappellent. Le solo de basse dans "Vidéo" a été fait dans ma chambre. Je n'aurai pas fait certaines choses en "temps normal". En même temps, il y a aussi des envolées de saxophone dans Je suis d'en bas qui sont joyeuses. j'ai voulu faire quelque chose de réjouissant aussi. Pour se faire du bien quand même.
Un premier amour très créatifCentre-ville respire votre personnalité de chanteur urbain. Vous êtes d'accord ?Je suis plutôt un citadin. Pour moi, le centre-ville, c'est le centre de plein de choses. Des places de nos villes, celles de Nancy, de Grenoble. Le centre-ville, c'est la province. Il y a dans ce terme quelque chose de rassurant. Une personne en danger est plus rassurée en étant en centre-ville.
C'est votre cas ?J'ai toujours aimé le centre-ville, ce mot me réchauffe. Comme le fait de se sentir bien dans sa maison. C'est à la fois la source de mon inspiration et mon adolescence. Avec aussi le petit café du coin, la pharmacie, le petit commerçant. C'est la vie.
Dans Celui d'en bas, vous dévoilez votre premier amour de 15 ans. L'avez-vous revu cette fille de votre immeuble ?Une seule fois. On était du même milieu social, j'étais très amoureux d'elle. Cet amour a été très créatif. Elle n'a pas voulu de moi pendant quatre ans. C'était platonique et plein de douleurs. Il en reste des blessures profondes d'abandon. Mais cela a provoqué mon envie de faire de la musique. C'est à cette époque que j'ai monté mon premier groupe, que je me suis senti important en chantant des chansons. J'ai fini par sortir avec elle . Et je n'ai jamais oublié. C'était trop mignon.
Mais si, le rock français existe...
Avez-vous été victime de la rumeur, thème repris dans l'un de vos titres majeurs ?Jamais. Car je ne m'affiche pas sur les réseaux sociaux.
Vous ne mélangez pas vie publique et vie privée ?J'ai toujours trouvé grotesque de photographier son steak frites pour dire que l'on a une vie géniale... La rumeur, cela peut être très grave. Cela peut tuer. Je l'évoque pour faire de la prévention d'innocence vis à vis de ceux que l'on condamne d'avance.
"Mes solutions ne sont que musicales, mais c'est déjà extraordinaires d'entrer chez les gens avec des chansons"
Le temps qui passe vous inspire. Vous angoisse-t-il aussi ? Cela me pèse quand j'y pense mais grâce à la musique je n'y pense pas. Quand je joue, je suis en totale connexion avec le moment présent. je ne me rends pas compte de mon âge : la musique conserve énormément. Finalement, au fond de vous même, vous restez cet éternel ado amoureux de la "fille de là-haut"...
Bien sûr, j'ai gardé cette âme là et j'espère ne jamais la perdre.
Alors, il vaut quoi, le nouvel album d'AC/DC ?
Vous avez chanté Les feux d'artifice lors de la soirée hommage après l'attentat sur la promenade des Anglais. Un nouvel attentat s'y est produit récemment. L'histoire se répète.Quelle est la solution ? Une inquiétude monte. Les gens se mobilisent quand même de plus en plus pour défendre la liberté. La France reste le pays où les gens sont libres. Sur ce point, il ne faudrait pas que notre pays y perde des plumes.
Les artistes sont un beau symbole de liberté.Je ne fais que ce qui est dans mes compétences. Je ne trouverai jamais des solutions politiques. Les miennes ne sont que musicales mais c'est déjà extraordinaire de pouvoir entrer chez les gens avec des chansons.
Plusieurs chansons sont signées Benjamin Biolay. Comment est née la rencontre ?
Même génération, des points communs musicalement : on avait tout pour se rencontrer. On s'est rejoint avec nos spécialités : lui sur le texte, moi sur la musique. Cela a été explosif ! Alors que j'étais en pleine préparation de l'album, je lui ai envoyé un texto pour lui proposer une collaboration commune. Il m'a carrément appelé, me disant : "On peut commencer tout de suite". Je lui ai envoyé la musique de Mauvais perdant et j'avais le texte magnifique le lendemain matin en prenant mon café. On en a fait plusieurs qui ne sont pas toutes dans l'album.
Ce "nouveau duo" est une étape capitale
Paul École reste mon parolier rêvé. Mais les rencontres comme celle avec Biolay sont très intéressantes. Il me fait dire des mots que je n'avais jamais dit. Et cela fonctionne très bien.
La scène, cela vous manque ?
Je suis en manque de voir des gens sans masque. Il faut, bien sûr, respecter les mesures sanitaires mais l'être humain n'est pas fait pour ça. Il est fait pour se toucher, s'embrasser. Au fur et à mesure, on est en train de se mettre gentiment un scaphandre.
Indochine fête ses quarante ans : "Cette longévité, c’est irrationnel"
On pourra vous voir (en vrai) en 2021 ?Je l'espère, je reste optimiste. J'espère que l'on n'en est pas au même point qu'au mois de mars. Je souhaite ardemment que l'on revienne tous sur scène. Pour les artistes et tous les techniciens. C'est grâce à eux que l'on brille sur scène, alors qu'ils restent les grands oubliés.
Quel cadeau aimeriez-vous avoir à Noël ?
Le (bon) vaccin anti Covid. C'est plus important qu'un disque d'or.
Centre-ville, Calogero (Universal). Prix : 15,99 €.