Deux scupltures et un triptyque présentés en 1900 à Paris ornent aujourd’hui la ville

Belle vie après l'exposition universelle

Vestiges des expositions universelles ayant eu lieu à Paris, l'emblématique Tour Eiffel draine les foules depuis 1889. Et, depuis 1900, les verrières de la gare d'Orsay, du Grand Palais et du Petit Palais ainsi que le pont Alexandre III, suscitent la même passion.

Par contre, nombre de réalisations ont été vouées à la démolition ou, au mieux, dispersées dans l'espace parisien. Mais certaines, par dépôt d'État, ont trouvé une nouvelle destinée. Ainsi, à Commentry, parmi le parc statuaire et artistique, trois œuvres sont issues de ces grands événements internationaux.

L'emblématique forgeron

Remarquée par le député-maire Isidore Thivrier, la statue « Le Forgeron », érigée place Martenot, veille sur la destinée industrielle de la ville depuis mai 1939. Ce colosse de bronze de 1.250 kg, œuvre du sculpteur Paul Silvestre (1884-1976) et réalisé par la société « Susse frères » d'Arcueil, ornait l'entrée du Palais du Métal lors de l'exposition universelle « Arts et techniques » de 1937. Le Forgeron, classé au titre des Monuments Historiques catégorie Objets depuis le 30 décembre 1991, a remplacé une ancienne fontaine, dédiée à Saint-Éloi ayant subi quelques outrages.

De son côté, Le Forgeron aurait bien pu disparaître dans les fonderies allemandes lors de la dernière guerre mais, par chance, ingéniosité des résistants ou mauvaise qualité de son alliage, il continue de fixer de son regard impavide les camions entrant à La Forge, aujourd'hui Erasteel.

« La Sculpture », une des quatre allégories des Arts devant orner la façade principale du Grand Palais lors de l'Exposition Universelle de 1900, avait été commandée au sculpteur Alphonse-Amédée Cordonnier (1848-1930). Toujours enclin à donner le goût des arts à ces concitoyens, Isidore Thivrier, encore lui, avait repéré cette œuvre de marbre blanc en 1937, lors d'une visite au dépôt des ouvrages d'art appartenant à l'État. Sortie de l'oubli après avoir passé une trentaine d'années dans une caisse à claire-voie déposée à l'école du Bourbonnais, La Sculpture a tout d'abord orné le square du HLM rue du 4-Septembre dans les années 60.

En 2012, au grand regret du voisinage attaché à cette œuvre, lors de la démolition du HLM, La Sculpture rejoint un écrin de verdure, le parc de la Mine. La même année, une délicate restauration devait rendre son éclat d'origine à cette allégorie de quelque 2.700 kg, également classée en décembre 1991.

« La Joie du travail » en dépôt depuis 1906

Œuvre monumentale de 4,25 m de hauteur sur 9 m de large, le triptyque « La Joie du travail » de Charles Jules Duvent (1867-1940) orne le grand escalier de la mairie de Commentry. Malgré le manque de recul qui empêche d'apprécier totalement l'immense tableau, d'aucuns peuvent y voir une critique de la société, mais chacun peut interpréter la vision de l'artiste. Mais au passage, le visiteur ne manque pas d'être impressionné par les panneaux s'articulant sur les thèmes « Au travail », « L'effort », « 1900 », inspirés par l'exposition universelle de 1900. Ce triptyque, acheté par l'État en 1901 est en dépôt à la ville de Commentry depuis 1906, sous la mandature de Jean Dumazet.

Élève de Gustave Boulanger et de Jules Lefebvre, paysagiste et orientaliste, Charles-Jules Duvent a régulièrement exposé au Salon des artistes français dès 1884. Une médaille d'argent en hors-concours, obtenue à l'Exposition universelle de 1900, lui fait acquérir une renommée internationale.

Inscrit depuis le 30 mai 1989, le triptyque fait l'objet de soins particuliers et a été restauré en 1988. Bien évidemment, les œuvres en dépôt d'État, peuvent faire l'objet de vérifications car elles ne doivent subir aucun déplacement ni entretien sans l'aval des services de l'État.

Pratique. Sources : vestiges-expositions - Vestiges 1900 (fr.gd) ; Expositions Universelles Paris 1855-1937 par Sylvain Ageorges ; Les sculptures du Grand Palais de Caroline Dubail.