Le défi fou de Tony Lablanche : courir 37 semi-marathons en 37 jours consécutifs pour venir en aide à une association
Si, au lieu de courir sur un circuit, à Tours, Tony Lablanche avait pris la direction du sud, il serait arrivé jusqu’à Cannes. Soit 780 kilomètres parcourus en 37 jours consécutifs. Un exploit qu’il a réalisé en conservant une vie normale, ou presque. « J’étais passé à 4-5 repas par jour à des heures bien précises, raconte le coureur originaire du Cher installé, depuis, en Touraine. Tout était très ritualisé. J’avais rendez-vous tous les matins avec le kiné et je continuais à travailler par la même occasion. »
Pour réaliser ce formidable défi sportif, Tony Lablanche n’a rien laissé au hasard. Il a commencé à s’y préparer deux ans auparavant. Chaque week-end, il s’est entraîné régulièrement, parfois accompagné par ses enfants, Claire et Lucas. En plus de la préparation physique, il a dû effectuer un travail de renforcement musculaire, en salle. Il s’est également entouré d’un véritable staff composé de kiné, masseur, sophrologue, nutritionniste, médecin, ostéopathe… Lesquels sont devenus pour la plupart acteurs de l’association Respire 37, créée spécialement pour l’événement, afin de collecter des fonds.
Un circuit dans une zone commercialeAu-delà de l’exploit, le but était de venir en aide à l’association Magie à l’hôpital (lire également plus bas). Tony Lablanche a donc fait appel au mécénat et au sponsoring, auprès des sociétés de sa région.
« Bon nombre de chefs d’entreprises ont mis de l’argent et certains ont aussi participé en venant gérer la boutique, monter ou démonter l’arche, précise le coureur. Ils ont été très concernés. Ce n’était pas que des faiseurs de chèque. Il y en a même qui ont acheté des baskets juste pour venir courir avec moi. »Le circuit avait été tracé dans une grande zone commerciale, au sud de Tours. Si bien que le public pouvait venir librement assister à l’exploit, et même y participer.« On proposait aux gens d’acheter le dossard et ils pouvaient venir quand ils voulaient, reprend Tony. Un dossard à 7 €, pour 37 semi-marathons?! C’est la course à pied la moins chère du monde. Aujourd’hui, avec 7 € on ne fait même pas un 10 km. Il y avait aussi une boutique où l’on proposait des tee-shirts, des tours de cou… Et on a fait une campagne Leetchi, qui n’a d’ailleurs pas très bien fonctionné. On a minimisé les coûts le plus possible, on s’est montré très économe. Moi le premier. J’aurais pu aller plus loin dans ma préparation pour optimiser ma réussite, mais l’idée c’était de redistribuer un maximum. »
« Je pense que c’est le voyage de ma vie, même si elle est loin d’être terminée. »
Le 16 juin 2019, en présence de nombreux proches et amis, Tony Lablanche franchissait la ligne d’arrivée, au terme de 37 jours d’efforts. Pari gagné?! On imagine à quel point le soutien du public a dû jouer un rôle prépondérant lors des coups de mou qui ont immanquablement accompagné cet exploit.
« Pour l’histoire ce serait beau, mais cela n’a pas été le cas, coupe Tony. En vérité, les entraînements ont été bien plus compliqués que les 37 semis. Les moments de doute j’ai pu les avoir pendant les mois qui précédaient. J’ai eu souvent peur mais je n’ai jamais douté de réussir. Même seul. Mais quel aurait été l’intérêt?? Autant rester chez soi. Ce qui compte c’est le bonheur de l’avoir partagé avec mon staff et les gens que j’ai rencontrés qui, pour certains, sont devenus des amis. Le chemin compte plus que le but. Je pense que c’est le voyage de ma vie, même si elle est loin d’être terminée. »
Au final, cet événement aura permis de collecter l’équivalent de 10.000 € au bénéfice de l’association Magie à l’hôpital. « On en garde un très bon souvenir, raconte Ségolène Frotté, responsable de la communication de l’association. On a travaillé plusieurs mois avec lui en amont, et on a été présent à ses côtés tout au long de ces 37 jours. Il nous a toujours beaucoup mis en avant. Grâce à cet argent, nous avons offert des séjours au parc d’attraction Disneyland et nous avons permis à des enfants de réaliser leur rêve en rencontrant une personnalité, lors de concerts ou d’émissions de télévision. »
Tony Lablanche avait choisi de faire 37 semi-marathons, comme le numéro de l’Indre-et-Loire le département où il réside. « Ma seule tristesse dans ce projet c’est que je n’avais pas l’impression d’être complètement chez moi, explique le coureur natif du Cher, qui a grandi à Vierzon et à Bourges. Si je faisais 18 semi-marathons, je ne battais pas le record du monde. De surcroît, je sentais pouvoir en faire beaucoup plus que cela. Après, c’était plus pratique car ma vie est ici et mes enfants sont nés à Tours. Il reste néanmoins un manque de n’avoir pas exporté mon projet pour le réaliser sur mes terres, dans le Berry. »
« La joie des rencontres, c’est ce que je retiens. »Le coureur au grand cœur a également renoncé à entrer dans le livre des records. La raison est exclusivement pécuniaire. « Cela reste un record officieux, précise-t-il. J’ai tout ce qu’il faut pour l’homologuer et il y avait de l’argent pour le faire sur le compte. Par contre, c’était 5.000 € en moins sur le chèque pour faire rêver les enfants. Le seul intérêt c’était de voir mon nom dans le livre des records. Je ne voyais pas bien ce que ça pouvait apporter à l’humanité. Je n’ai pas hésité. »
L’année dernière, pour fêter le premier anniversaire du record, Tony Lablanche avait envisagé d’organiser un semi-marathon rassemblant tous ceux qui avaient participé à cette aventure. Malheureusement, la crise sanitaire n’a pas permis de tels rassemblements et l’idée a été repoussée.
« On a eu la chance de vivre cela et j’ai envie de promettre aux gens qu’on va se retrouver bientôt, dès que ce contexte sera terminé, ajoute Tony. Il y a eu plus de 8.000 participants sur 37 jours. Certains venaient sans courir, le soir, vivre leur feuilleton. C’était un “after-works” sportif, une pochette-surprise tous les soirs. Les gens avaient plaisir à venir. Tout s’est arrêté d’un coup. Beaucoup ont envie de revivre ces moments-là. J’espère qu’on pourra leur offrir. La joie des rencontres, c’est ce que je retiens. »
Au chevet des enfants maladesDepuis une vingtaine d’années, l’association tourangelle Magie à l’hôpital intervient auprès des enfants malades. En lien avec les équipes médicales, elle organise des spectacles et réalise les rêves d’enfants hospitalisés ou en longue maladie. Ses magiciens bénévoles interviennent dans quatorze établissements hospitaliers situés dans sept régions de France. L’association est aussi soutenue par de nombreux artistes, sportifs et personnalités du monde du spectacle. Pendant les fêtes, elle a fait parvenir plus de 2.000 cadeaux dans les hôpitaux et services pédiatriques. En raison du contexte sanitaire, les ateliers et spectacles de magie ont essentiellement eu lieu par écran interposé.
Philippe Roch