L'ancien Aurillacois Kevin Lebreton a fait son trou en Normandie

Pour votre première saison au RNR, vous avez enchaîné les matches depuis votre arrivée...

Oui, ça se passe plutôt bien pour moi pour l'instant (12 matches, dont 11 titularisations depuis le début de saison N.D.L.R.)

Ce que vous avez découvert à Rouen est-il conforme à ce que vous imaginiez au moment de signer ?

Oui. Après je pense que ce qui a été un peu plus compliqué c'est qu'on a été embêté par le Covid sur le mois d'août et je pense que ça nous a desservi dans le sens où on a un peu loupé notre début de saison et on s'est mis un peu le feu. Mais ça fait quelques semaines que ça va beaucoup mieux et qu'on commence à vraiment se retrouver.

Aurillac-Rouen avait été la dernière rencontre disputée par Lebreton à Jean-Alric. Sanctionné d'un rouge la semaine suivante à Mont-de-Marsan, le 3e ligne n'avait pas fini de purger sa suspension au moment de l'arrêt du championnat. Photo Jeremie Fulleringer

Comment décririez-vous ce club de Rouen ?

Jeune. Il y a plein de trucs qui vont s'améliorer avec le temps mais je pense que c'est un club jeune. Je crois qu'il y a sept ans ils étaient encore en Fédérale 2. Ils ont très vite évolué, du coup certains trucs sont un peu en retard, mais dans l'ensemble le club et les dirigeants font tout pour rattraper ça. On va dire que le sportif a évolué plus vite que les infrastructures.

Pour l'instant vous n'avez joué que dans le petit stade Mermoz ?

Oui. Je sais que normalement le club récupère l'usage du stade Diochon (le stade de foot et ses 12.000 places) l'année prochaine vu qu'il y aura le terrain hybride. On sera basculé là-bas si j'ai bien compris. Mais cette année, vu qu'en plus il n'y a pas de public, on va rester à Mermoz je pense.

Sur le plan du jeu, où en est Rouen à ce stade de la saison ?

Moi je pense que le projet est établi et après ce sont des détails.  On a eu un peu de mal en touche, ou sur les mauls. On a réussi à les régler, notamment sur le match de Montauban. Mais après dans le jeu, ce qu'il manque peut-être c'est de la confiance pour faire la passe de plus ou le rebond qui n'est pas favorable. 

Un peu comme Aurillac l'an dernier ?

Oui, c'est ça. On est dans la spirale un peu négative où mine de rien on a perdu trois matches à la maison si je ne me trompe pas. En fait ça te fait douter, et tu te retrouves en bas du classement alors que je pense que ce sont des matches où on ne doit pas perdre, pour au moins deux d'entre eux. Et il y a des matches à l'extérieur où on perd dans les cinq dernières minutes. C'est encore un peu le manque de confiance ou d'expérience qui fait qu'on n'arrive pas à tuer le match ou résister.

Habitué à jouer le maintien avec Aurillac, l'expérience de Lebreton devrait être utile au RNR qui dispose d'une toute petite marge sur la zone rouge. Photo Jeremie Fulleringer

Votre dernière saison à Aurillac vous est-elle utile dans ce contexte ?

Moi, personnellement, j'essaie d'apporter un peu l'expérience gagnée à Aurillac où on avait parfois l'habitude de vivre ces saisons un peu compliquées. 

Vous avez aussi retrouvé Tom Palmer, l'avez-vous vu évoluer par rapport à ce que vous connaissiez de lui quand il était dans le staff d'Aurillac ?

Là, il est entraîneur de la défense. Et ça fait deux-trois semaines qu'il a repris les avants. Oui, il a évolué.  Il est beaucoup plus précis et exigeant dans ce qu'il nous demande et il sait exactement où  il veut aller. Et il fait en sorte de nous y amener.

En Normandie, Kevin Lebreton a retrouvé Tom Palmer, qui était dans le staff aurillacois lors de la saison 2018-19. "J'avais moins peur d'aller à Rouen parce que je savais qu'il était là".

C'est plus simple pour vous qui le connaissez bien ?

Oui, oui. Ca a été un peu une des raisons qui m'a poussée à venir ici. Parce que j'avais moins peur d'aller à Rouen vu que je savais qu'il y avait Tom et qu'au début il pouvait m'aider. Le fait qu'il soit là m'a un peu rassuré dans le sens où j'avais quand même traversé toute la France pour une nouvelle aventure.

Stade Aurillacois : le bilan de l'année

Vous êtes utilisé exclusivement à l'aile de la 3e ligne, c'était prévu à votre arrivée, ou bien il était aussi envisagé de vous aligner en numéro 8 ?

J'ai signé comme troisième ligne. Après, je joue à l'aile parce que dans ce système, il me préfère là et en huit il y a suffisamment de monde. Après, ça ne change pas grand-chose. c'est juste que dans le système de Rouen, comme dans beaucoup d'autres, le numéro 8 doit porter beaucoup plus le ballon ; moi, je suis sur le côté à jouer avec les trois-quarts.

Ca ne me dérange pas non plus (de jouer à l'aile) étant donné qu'on essaie d'écarter le ballon sur les extérieurs. Donc ça me permet de jouer avec de l'espace plutôt que du frontal. Et puis il y a Valentino (Mapapalangi) et Carl Fearns qui sont très bons dans ce registre, donc l'équilibre de la 3e ligne va très bien.

Très gros défenseur, capable d'une énorme activité et dur au mal, l'ancien aurillacois a trouvé sa place à Rouen. Photo Jeremie Fulleringer

Justement, que vous apporte de jouer avec Carl Fearns ?

Ca reste un joueur comme un autre. Bien sûr, au début, c'est rassurant, c'est impressionnant. Après, c'est quelqu'un de cool, s'il peut te donner des conseils il t'en donne. Mais il n'est pas là à imposer des choses. C'est quelqu'un qui est humble, et en fait avec le recul on n' a pas l'impression qu'il a joué au très haut niveau. Bien sûr, les premières semaines tu te dis "whaou, c'est Carl Fearns", mais en fait il est tellement cool que ça ne se voit pas. On n'y fait plus attention.

Comment voyez-vous le début de saison d'Aurillac ?

Ben c'est pas trop mal, je crois. Ils commencent bien leur début de saison. Je pense que Roméo arrive à imposer ce qu'il voulait mettre en place, c'est-à-dire du jeu : écarter le ballon, jouer dans les espaces libres, déplacer la défense. Je vois aussi que ça fait beaucoup de passes après contact.

J'ai en tête un bel essai marqué avec un maul, une combinaison derrière, deux-trois offloads sur l'action et c'est AJ (Coertzen) qui va marquer en coin.

Leur 10 leur fait vraiment du bien et après il y a les autres joueurs égaux à eux-même, avec une grosse mêlée, une bonne touche, au milieu Rhema (Sagote) qui avance, et des mecs qui finissent les coups. Ils font un bon début de saison. C'est bien pour eux.

S'il avait choisi de partir pour découvrir autre chose, Kevin Lebreton sera "content de retrouver Aurillac". Photo Jeremie Fulleringer

Vous n'avez aucun regret ?

Non. J'ai fait un choix, c'est moi qui ai décidé de partir donc je n'ai aucun regret. Le club voulait me garder mais j'avais envie de voir autre chose. Je suis même content de les retrouver ce week-end. 

C'est le premier match après les vacances, la coupure a été bénéfique ?

Elle a fait du bien parce qu'on avait enchaîné quatorze semaines d'affilée parce que nous, on n'a pas eu de coupure. Dès qu'on a pu reprendre, on a tout enchaîné donc  ça fait un peu de bien, même si Noël ce n'est pas les vacances où on se repose le plus mais au moins on a pensé à autre chose qu'au rugby. 

Interview réalisée par Jean-Paul Cohade