Pourquoi une école de motocross va-t-elle être créée en Creuse ?
En ce début du mois de février, le circuit de motocross de La Brionne est bien calme, du moins en apparence. Un nouveau projet est né au cœur de l’hiver pour redonner de la vitesse à un sport bien ancré dans le territoire creusois.
Déjà soixante-dix demandes d’inscriptionEt pour redynamiser la pratique, autant commencer par la base, à savoir les enfants, avec une école pour les initier.
« On veut créer une nouvelle génération de motards en Creuse. Et puis, à cet âge, ce sont souvent les meilleurs moments pour les enfants. Ils ne veulent pas rouler seuls dans un pré, il leur faut des copains, une bonne piste et des séances adaptées. »
Une envie partagée par le club de La Brionne incarné par son président Gilles Givernaud. « C’est très rare des écoles comme ça. C’est loin d’exister dans d’autres départements donc c’est normal de se lancer à un moment pour donner cette opportunité aux plus jeunes. »
Les cours devraient débuter en septembre à raison de deux séances par mois pour ces jeunes pilotes de 6 à 17 ans. Mais il va sans doute falloir faire des choix du côté de Jean Salesse pour savoir qui aura la chance d’intégrer l’école. « On a déjà reçu plus de 70 demandes ! On ne s’attendait pas à autant. Mais on n’en prendra pas autant même si les éducateurs du Moto Club Boussaquin sont prêts à nous donner un coup de main. Disons que l’on sera entre 15 et 20 enfants. »
« On va transmettre les bons réflexes »Cette vingtaine d’amateurs de deux roues pourra bénéficier de leçons sur ce sport mais aussi d’une certaine éducation autour d’une discipline en manque de visibilité.
« La Creuse est un vivier de moto à la base mais c’est en déclin comme au niveau national. Ce sport est pointé du doigt car il y a la pollution et aussi des problèmes financiers car ça peut coûter assez cher si on n’est pas sérieux. »
Et face à la potentielle inquiétude des parents, l’éducateur et ancien pilote tient à les rassurer. « Les risques sont très mesurés. On va transmettre les bons réflexes. Et quand un jeune veut faire un saut et qu’on ne le sent pas, il ne le fait pas tout simplement. »
Ces séances d’entraînement et d’apprentissage pourront aussi permettre, à ceux qui le souhaitent, de se frotter aux compétitions. Mais attention, Jean Salesse compte bien tout leur expliquer, en toute transparence. « S’ils prennent le goût de la compétition et qu’ils me disent qu’ils veulent vraiment devenir pilote, je leur parlerai du rapport bénéfices-risques. Il faut leur faire comprendre que ce n’est vraiment pas facile une vie de pilote, c’est beaucoup de sacrifices. »
« Moi, je peux dire que je dois tout à la moto »Et celui qui est à la tête d’une école de conduite sait de quoi il parle. Sa vie a été façonnée par ce sport dictant ses choix depuis son plus jeune âge. « Moi, je peux dire que je dois tout à la moto. Cela m’a permis d’avoir certains diplômes, de voyager, d’entrer dans une fédération. J’aurais sans doute moins de choses à transmettre à mon fils si je n’avais pas fait de moto. Les gens se disent peut-être que ce sont des abrutis qui roulent dans la boue mais derrière il y a des souvenirs, des efforts et des valeurs. La moto, c’est un peu une école de la vie. Aux jeunes d’en profiter. »
Texte : Alix Vermande Photos : Bruno Barlier