Journée mondiale de la Trisomie 21 : le sport se doit de n’exclure personne
À l’occasion de la Journée mondiale de la trisomie 21, organisée ce dimanche 21 mars, un appel est lancé pour l’accès au sport pour tous, avec ou sans déficience intellectuelle.
Équipé d’un jogging et d’un tee-shirt dessinant son ventre plat, Guillaume attend son coach sportif. Tous les mercredis depuis plusieurs mois, le jeune homme âgé de trente ans reçoit chez ses parents, dans un lieu-dit proche de Mérinchal, Pierre Gay, pour une séance de gym adaptée d’une heure.
« On avait l’habitude d’assister à ses séances collectives quand il les dispensait à Saint-Avis avant la crise du Covid-19 », explique sa maman, Francine Bousquet. « Mais je sentais Guillaume perdu à des moments, surtout lorsqu’il fallait répéter des séries de mouvement en miroir. »
Pour remédier à ce problème de coordination inhérente au handicap, les parents de Guillaume en accord avec le coach sportif décident alors de mettre en place des séances individuelles à la maison.
Favoriser les sports inclusifsS’il doit le confesser, parmi toutes les activités sportives qu’il pratique, Guillaume préfère le vélo électrique entre toutes. « Mis à part toutes les séances de kinésithérapie qu’il a effectuées étant petit, notre fils a pratiqué plusieurs sports depuis son enfance, du judo à la natation, en passant par le vélo, la course… », détaille Louis-Maris Bousquet, son papa.
Une pléiade d’activités que ses parents ont en revanche toujours voulues inclusives, comme le rappelle Francine Bousquet : « Dans l’association dont nous faisons parti (Trisomie 21 Creuse, NDLR), nous avons toujours favorisé l’intégration des personnes en situation de handicap dans les milieux ordinaires. »
Car la différence n’exclue pas une pratique sportive.
Motivation et concentrationLa séance de sport reprend. Guillaume et Pierre Gay transpirent à mesure qu’ils travaillent avec leurs ballons de gymnastique. Face à des baies vitrées donnant sur un paysage luxuriant, ils enchaînent les mouvements, ponctués par moments par les remarques du jeune trentenaire.
Des chaussettes qui glissent, un ballon instable… « Guillaume trouve toujours des excuses pour arrêter la séance », s’amuse son père, Louis-Larie Bousquet. Mimant les gestes du coach, le papa capte l’attention de son fils, et le replace dans la séance.
En parallèle, Pierre Gay, en mouvement sur le ballon, motive Guillaume : « Est-ce qu’on peut aller plus loin ? » Le jeune homme, rigole. « On va voir… » Pour Francine Bousquet, l’intervention de Pierre Gay est importante, elle permet à son fils « d’intégrer la consigne, de comprendre pourquoi tel geste est important ».Photo Bruno Barlier
Depuis que les séances individuelles ont été mises en place, Pierre Gay et les parents de Guillaume ont remarqué beaucoup de progrès de la part du jeune homme. « Ce temps d’avance lui a apporté de la confiance et lui a permis de limiter grandement le décalage avec le groupe », témoigne le coach sportif. «
Les séances lui permettent aussi de travailler des parties de son corps, comme le ventre », que la trisomie 21 à tendance à distendre. Sans compter la sociabilisation que lui apportent ces séances. Et le sport de manière générale.
Travailler en prévision du futurSur le coup, les séances sont ludiques. Mais elles lui permettent surtout de travailler en prévision de son futur, pour qu’il soit en bonne condition physique à 60 ans », expliquent ses parents.
Photo Bruno Barlier
Toujours dans une démarche d’inclusion, Guillaume a obtenu un CDD au collège de Crocq. Décrit comme manuel, le jeune homme, se rendant sur son lieu de travail en voiture sans permis, aide la personne en charge de l’entretien et des espaces verts. Et prouve simplement que le handicap n’est en rien un frein pour mener sa vie.
Droit sur son poney, le jeune garçon atteint de trisomie 21 suit les autres enfants dans le manège de Moulantier. Coline, son accompagnatrice, n’est pas loin. Sa maman veille aussi, répondant aux sollicitations de son enfant.
Cette activité lui permet d’être stimulé. Il doit valider certaines compétences comme le “Poney de bronze” qui l’encourage. C’est une victoire pour lui comme pour nous.
« Cette activité lui permet d’être stimulé. Il doit valider certaines compétences comme le “Poney de bronze” qui l’encourage. C’est une victoire pour lui comme pour nous », explique-t-elle.
Recevant un public handicapé depuis 25 ans, le centre équestre n’a pas de difficulté pour adapter ses séances. « Nous parlons de séance cheval, et pas d’équitation. Nous sommes toujours dans une démarche d’apprentissage, mais nous avons en plus une optique basée sur la recherche de sensation », précise Françoise Peynot, la directrice du club équestre.
Photo Bruno Barlier
Sport inclusif, l’équitation ne fait aucune différence entre les enfants : « Charles est la mascotte du club. Ils l’ont materné jusqu’à ce qu’il gagne en autonomie, et il s’inquiète lorsqu’ils ne le voient pas », explique la directrice du centre équestre.
« Notre but, c’est que Charles soit de plus en plus autonome et qu’il aille comme les autres le plus loin possible. Car aujourd’hui, le handicap n’empêche pas de participer à des concours. Et je n’ai aucune inquiétude sur les capacités de Charles à progresser. »
Daphnée Autissier