Écopâturage sur 6,5 hectares à la boucle des Isles, à Bellerive, avec le troupeau de brebis d’Anne Bonhour
L’écopâturage, un retour à des pratiques ancestrales, que Vichy agglo expérimente déjà à Brugheas et va intensifier sur 6,5 hectares à la boucle des Isles à Bellerive. Cela consistera à entretenir quatre parcelles en laissant paître les brebis d’Anne Bonhour, éleveuse à Vendat. Elle organisera la transhumance avec 120 à 140 bêtes, à plusieurs reprises, durant cet été. Rencontre sur la prairie, au hameau des Thevenins, où paît sereinement une partie de son troupeau.Après avoir suivi des études en agronomie et enseigné en lycée agricole, Anne Bonhour, originaire de Hautes-Alpes s’est installée sur Vendat en 2014, son mari étant originaire de la région.
La grivette une race rustique du Massif centralAnne Bonhour est à la tête d’un troupeau de 300 brebis de race grivette et ce printemps de 350 agneaux, sans oublier quelques béliers. « C’est une race rustique du Massif central qui s’adapte bien aux changements climatiques. Elles font en moyenne deux agneaux par an. La grivette est performante et se prête bien à l’écopâturage. Aussi, je suis confiante de les laisser paître à la boucle des Isles. Ces brebis vont valoriser la végétation arbustive. Elles mangent l’herbe, les feuilles, les ronces, le lierre. Elles sont attentives à ce qu’elles broutent et où elles mettent leurs pattes. Le lierre a une vertu médicinale pour leur foie. Elles vont tailler à hauteur les aubépines et cornouillers. » À la boucle des Isles, les brebis pourront se rassasier aussi de la renouée du Japon. « Elles mangent les feuilles et les tiges pas trop épaisses et le fait de revenir régulièrement sur la plante devrait l’épuiser. » Jusqu’à ce jour, aucun traitement n’a permis d’enrayer cette plante très invasive.L’éleveuse rencontre un problème récurrent celui des déchets. « Il n’est pas rare de retrouver des plastiques, des canettes dans nos prés. » Des déchets présents en nombre également à la boucle des Isles dont une équipe de Vichy agglo a fait une récolte plus qu’abondante.
Une transhumance prévue en juin à BelleriveBalou, l'un des chiens de protection, de race mâtin espagnol veillera sur le troupeauLa transhumance des brebis d’Anne Bonhour est prévue une première fois en juin. Pour des raisons économiques, même si les terrains sont mis à sa disposition, l’éleveuse veut éviter de transférer son troupeau à bord d’une bétaillère. « Mes brebis seront à Hauterive, sur une zone d’écopâturage au parc photovoltaïque. » L’éleveuse effectuera donc le trajet à pied, avec son chien de conduite, un border collie. Il lui faudra deux heures pour atteindre les parcelles. Le troupeau sera ensuite placé sous la garde de chiens de protection de race mâtin espagnol. « Ils empêcheront les chiens, renards, blaireaux d’accéder au parc. Cette race est trapue mais tranquille avec l’homme et aboie moins que le patou. J’en ai cinq actuellement.Avec ces chiens de protection, les brebis sont plus paisibles. »
« On est confronté aux réalités de la vie »L’éleveuse veillera aux bons soins de son troupeau et devra lui apporter de l’eau plusieurs fois par jour. Quant aux idées reçues sur les brebis, liées souvent à leur instinct grégaire, Anne Bonhour les chasse en dévoilant leur comportement. « Il y a les solitaires, les exploratrices, celles qui ont deux ou trois copines qu’elles ne lâchent pas. Les brebis nourries au biberon sont plus proches de l’être humain. Leur couchade est différent de leur lieu de repas. Elles le choisissent en fonction du vent, des odeurs de renards ou de chiens, de la circulation des personnes. »Sur son métier très physique, Anne Bonheur confie : « C’est un beau métier. Moralement il faut être au top, on est confronté à la météo, à la maladie, à la mortalité. Aux réalités de la vie. Il faut bien sûr avoir le respect des animaux. »
Un aménagement mené par Vichy agglo en concertation avec l’éleveuseÀ Bellerive, le cheminement qui sinue dans la boucle des Isles, s’est métamorphosé, depuis quelques semaines avec l’installation de clôtures qui limitent les quatre zones d’écopâturage qui seront mises à disposition des brebis d’Anne Bonhour.« Il s’agit de maintenir des espaces sur la boucle des Isles avec le minimum d’intervention humaine, explique Bruno Ferange, technicien des espaces verts à Vichy agglo responsable de cette mission. On a expérimenté l’écopâturage sur 3.000 m² vers la station d’épuration à Brugheas. Ici, il s’agit de 6, 5 hectares. C’est l’éleveuse qui va gérer son planning en fonction du fourrage existant. Ces terrains appartiennent à Vichy agglo.
Une équipe a été chargée de les nettoyer pour pouvoir accueillir les brebis sans risque. Il y a eu une phase de collecte de déchets en tout genre plastique, métal, canettes, déchets verts, etc. et une autre de débroussaillage. Elle a été réalisée en fonction des attentes d’Anne Bonjour. On n’a rien broyé à sa demande. »Les nombreux promeneurs et cyclistes, ainsi que les jardiniers, vont donc découvrir, dès le mois de juin, le troupeau de brebis dans son enclos. « Nous avons prévu une signalétique comprenant des règles de sécurité, de ne pas donner à manger aux brebis. Mais, également, on informera le public sur la race des brebis, etc. À terme Anne Bonhour pourrait animer des actions pédagogiques auprès d’enfants et d’adultes. » Un bilan sera effectué en automne par les deux parties sur ce nouveau écopâturage. »
Fabienne Faurie
Photos Julie de Solliers; Dominique Parat