Deuil et Covid : "Ne pas voir le défunt a pu créer le doute dans l’esprit des familles", selon un professionnel de Brive
Le deuil a été chamboulé par l’épidémie pour toutes les familles qui perdent un proche et plus particulièrement pour celles dont un membre est emporté par le coronavirus. Jean-François Soulier, à la tête des pompes funèbres éponymes à Brive en sait quelque chose.
Autorisés à entrouvrir la housse mortuaire« Depuis mars 2020, on a vu tout de même une nette amélioration. L’an dernier, il n’était pas possible de voir les défunts. Cette mesure a été assouplie », explique-t-il. Les professionnels du deuil sont autorisés à entrouvrir la housse mortuaire dans laquelle repose le défunt depuis janvier dernier seulement.
Une avancée importante« C’est une avancée importante. Ne pas voir le défunt a pu créer le doute dans l’esprit des familles. Certains me disent : “Je ne peux pas faire mon deuil, pour moi, il n’est pas parti. Je n’ai pas pu me rendre compte…” » Un progrès d’autant plus que certains proches n’ont pas pu rendre visite au malade à l’hôpital.
Incompréhension et colèreAucun soin de conservation n’est possible. « Une simple toilette est réalisée par le personnel soignant, précise-t-il. Ensuite, on procède à la mise en bière sur le lieu du décès. Après, il faut se tenir à deux mètres du cercueil minimum. Aucun contact physique n’est possible. Enfin ça, c’est la théorie. » Jean-François Soulier et son équipe font parfois face à « de l’incompréhension et de la colère » de la part des familles endeuillées.
Ce contexte rappelle à Jean-François Soulier, le début des années Sida. Les pompes funèbres Soulier sont gérées par sa famille depuis quatre générations. « J’étais ado. Les personnes qui décédaient du Sida étaient considérées à tort comme des pestiférés. C’est un peu le sentiment que j’ai… »
Emilie Auffret