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Апрель
2021

Joseph Andras : “J’aspire à susciter la colère à l’encontre des coupables”

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Il détonne dans le paysage littéraire : Joseph Andras écrit sous pseudo et n’apparaît jamais en public. En 2016, il a carrément refusé le Goncourt du premier roman pour De nos frères blessés, beau texte qui rendait hommage à Fernand Iveton, militant de l’indépendance algérienne.

Aujourd’hui, acceptant de répondre à nos questions par mail, Andras se souvient de ce premier livre : “C’est loin, à présent, mais j’avais vécu sa réception médiatique comme une sorte de spoliation : je parlais d’un militant communiste dans l’Algérie colonisée et on me parlait d’autre chose. J’en garde de l’aversion, sinon davantage, pour un certain journalisme. Méthodes de flic, tape-à-l’œil, tromperies, relégation de la littérature et de la politique derrière la petite tambouille individuelle : j’ai compris qu’il me faudrait traiter politiquement ce corps de métier. Au cas par cas et au compte-gouttes. En ne parlant qu’aux miens – la gauche, pour le dire vite, qu’elle soit réformiste ou révolutionnaire.”

Depuis, l’écrivain poursuit un chemin d’une grande cohérence. Andras – dont on sait seulement qu’il est né en 1984 et qu’il séjourne souvent à l’étranger – publie chez Actes Sud un travail multiforme d’une radicalité politique rare : S’il ne restait qu’un chien, long poème pour le rappeur D’ de Kabal ; Kanaky, enquête en Nouvelle-Calédonie sur le militant indépendantiste Alphonse Dianou, mort lors de l’assaut de la grotte d’Ouvéa. Il signe également des textes pour L’Humanité et, avec la sociologue Kaoutar Harchi, pour la revue Regards.

Etude de la machine coloniale

Ce mois-ci, à l’encontre des usages éditoriaux, sortent simultanément deux livres, textes de narration non-fictionnelle remarquables par un style précis et dénué d’effets de mode. C’est bien de littérature qu’il s’agit, d’une capacité à retracer des événements historiques en évitant la pesanteur. “La documentation, je l’accumule, explique l’auteur. Cette somme constitue la dalle sur laquelle je peux ensuite élever quelques phrases. Mais je n’écris en rien des ouvrages d’historien : c’est par la littérature – donc par le labour de la langue – que je veux m’exprimer. Aux données, alors, de céder la place.”

Dans Au loin le ciel du Sud, Andras poursuit son étude de la machine coloniale. Chez lui, le retour sur l’Histoire permet d’analyser les constructions imaginaires qui sous-tendent le roman national :

“Je suis d’une génération qui, à peine entrée dans l’âge adulte, a fait face à la loi de 2005 sur le ‘rôle positif de la présence française’ dans les pays sous domination coloniale et capitaliste. Depuis, il n’est pas un mois sans qu’il ne soit question de cette mémoire : mémoire historique (les empoignades autour de la ‘repentance’ semblent une passion collective) et mémoire vive (la France compte plusieurs millions de citoyens qui portent ce passé en héritage – lequel façonne notre présent).

Les questions ‘raciales’ ou ‘identitaires’, qui strient le débat public, ne viennent pas d’ailleurs. Que les ennemis de l’égalité pleurent encore Diên Biên Phu ou nous fassent une poussée de fièvre à chaque événement autour de l’Algérie, c’est normal. Que le camp de l’égalité ne soit pas toujours au clair sur son histoire, c’est un problème. En creusant la question coloniale, j’engage une discussion avec ce qu’on appelle ‘la gauche’ : les meurtres d’Iveton et de Dianou, en 1957 et 1988, Mitterrand est dans l’affaire.”

Andras s’intéresse ici aux années de jeunesse d’Hô Chi Minh. A la fin de la Première Guerre mondiale, celui qui ne dirige pas encore le Vietnam vient étudier à Paris. L’auteur observe ses difficultés à faire entendre de ce côté-ci de la planète le martyre des peuples colonisés. Andras arpente Paris à la recherche de son fantôme et, sortant du simple récit biographique, décrit une ville bousculée par le mouvement des Gilets jaunes.

A lire aussi : La voix d’un homme en proie à ses démons dans un premier roman déchirant

Démonter les rouages du système capitaliste

Ainsi nous leur faisons la guerre retrace trois événements mettant en scène la maltraitance animale : en 1903, à Londres ; en 1985, en Californie ; en 2014, en France. Chaque fois, Andras sait en peu de mots évoquer une atmosphère et isoler les détails significatifs. Mieux qu’une grande fresque historique, son court livre concentre en trois faits précis une problématique vaste. Là encore, le propos est politique. De son écriture aiguisée, l’auteur démonte implacablement les rouages du système capitaliste. La maltraitance animale est vue comme une conséquence parmi d’autres d’une logique basée sur le profit, laquelle broie qui ne peut se défendre : “Ce n’est pas la compassion à l’endroit des victimes que j’aspire à susciter, mais la colère à l’encontre des coupables – en l’occurrence, un système idéologique et ses relais logistiques.”

Là encore, tout comme il parlait dans son premier livre d’un épisode oublié par l’Histoire officielle – un pied-noir communiste exécuté pour avoir soutenu l’indépendance algérienne –, Joseph Andras nous met sous les yeux ce que nous ne voulons pas voir :

“Les enquêtes d’opinion attestent que les chasseurs sont, en France, l’objet d’un rejet massif ; la grande majorité de la population aspire à l’interdiction de la corrida ; il en va de même pour la captivité des dauphins dans les parcs aquatiques. En revanche, l’expérimentation scientifique (officiellement, près de dix millions d’animaux tués dans les labos de l’UE en 2017 – le double, selon les associations spécialisées sur le sujet) et la consommation (trois millions d’animaux terrestres tués chaque jour dans les abattoirs, chez nous) ne sont, pour l’heure, l’objet que d’une opposition marginale.”

Ainsi nous leur faisons la guerre (Actes Sud), 96 p., 9,80 €

Au loin le ciel du Sud (Actes Sud), 112 p., 9,80 €

A lire aussi : Politique et féministe, un roman finlandais questionne la place des femmes et l’enfantement




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