Esprit Volcans 63 : un team de trail animé par les valeurs d'un territoire
Des traileurs d’un côté, des institutionnels de l’autre. Les uns sur leur terrain de jeu, les autres responsables de sites naturels emblématiques. Et puis, un jour, un rapprochement qui entrelace ces attachements respectifs de territoire et de valeurs.
Esprit Volcans 63, premier grand team français à ne pas porter les couleurs d’une marque, est né comme ça, d’une connexion. Dont le fil se déroule depuis ce premier « Run Tchatche » du Parc des Volcans, le 1er mai 2019.
« On s’est dit : nous, sportifs d’une certaine expérience, est-ce qu’on n’a pas à trouver quelque chose avec du sens, qui puisse avoir un impact positif, tout en gardant un budget pour continuer à pratiquer à haut niveau. »
La rencontre a un but pédagogique. Baste de l’interdiction moralisatrice ! Avec les amateurs de pleine nature, c’est l’échange des connaissances, la sensibilisation à la conciliation des usages.
« On ne court pas de la même façon au jardin Lecoq et sur les crêtes du volcan de Lassolas, l’impact n’est pas du tout le même, illustre Aurélien Bazin, le directeur du parc, traileur lui-même. Un site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco impose une pratique à la hauteur des enjeux de ce territoire-là car la carte postale peut vite disparaître ».
Une étincelle chez les coureurs respectueux de l’environnement. « L’idée de notre team est arrivée à ce moment après 10 ans avec des partenaires privés, où on faisait la promotion de produits », resitue Yoan Meudec.
Au sein de l’ex-team Eric Favre, le distinguo entre sponsoring pur et partenariat écoresponsable avait déjà fait son chemin. « On s’est dit : nous, sportifs d’une certaine expérience, est-ce qu’on n’a pas à trouver quelque chose avec du sens, qui puisse avoir un impact positif, tout en gardant un budget pour continuer à pratiquer à haut niveau ».
Ne plus être « homme-sandwich » mais conserver l’excellence sportive. D’où un projet « qui ne rentrait pas dans les cases », entre deux mondes. Mais qui, présenté aux diverses instances, passe. « Ça s’est fait parce que le partenaire institutionnel a compris la logique du privé et qu’on ne "vend" pas que nos résultats, que du sport, mais nos valeurs terrain, qu’on fait la promotion de notre territoire, notre patrimoine », expose le team manager.
Recrue de luxeLe retour de Bommier. Le Clermontois avait arrêté sa carrière athlétique après 10 sélections internationales (dont 6 en cross et 2 en steeple) et sur un marathon couru en 2’14’’50 en 2017. Timothée Bommier a décidé de revenir à la course à pied dans une discipline nouvelle, mais où le recordman de la montée des Muletiers pourrait vite s’installer.
Voilà donc, au bas d’une convention sur trois ans, la signature à la rentrée 2020, du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, premier financeur, et du Parc des Volcans d’Auvergne.
L’esprit est là. En clair dans le naming, et pour diffuser. Particulièrement à une époque où l’effet Covid rejoint l’effet Unesco pour lancer encore plus de monde dans les chemins. Et les jambes sont là, bien sûr. Porté par sa cote ITRA (*) au milieu des groupements de marques, Esprit Volcans 63 figure en 6e position sur les 8 teams classés élites France niveau international.
Il a d’ailleurs été baptisé sur les fonts d’un projet sportif élevé : « Garder la présence en équipe de France, en un ; être présent sur les plus grosses courses nationales et surtout de la région, en deux ».
Classé 6e team élites France au niveau internationalLa situation sanitaire, hélas, a replié le calendrier des épreuves. « Ce rythme nous manque et ce sera dur au départ, reconnaît Meudec. Mais tous les athlètes se préparent. On n’a pas besoin de la dynamique des compétitions pour l’entraînement dans les chemins ».
Entre eux, les Auvergnats se retrouvent « dans le Sancy le dernier week-end de janvier, sur des compètes off, des petits challenges sur une trace ». Alors, que les interdictions se lèvent et ils accourent. À l’image de Romain Maillard à la Cité de Pierres, fin mars, premier trail 2021 ouvert aux athlètes pros et listés. Au départ, le master international trop longtemps sevré ressent « un peu le stress du cadet » avant le plaisir libératoire et la belle place au pied du podium aveyronnais.Timothée Bommier (à droite) recrue 2021 d'Esprit Volcans 63, ici avec le manager Yoan Meudec
Car le temps de la performance reviendra. « On sait que, demain, c’est reparti avec les championnats du monde en Thaïlande, en novembre prochain », s’enthousiasme le manager.
Pour l’heure, les coureurs des volcans veulent aussi semer. À travers le mentorat de 6 jeunes, 3 filles et 3 garçons d’une vingtaine d’années, pour transmettre ces valeurs, « pas pour en faire des compétiteurs mais des mini-ambassadeurs ». Comme leurs aînés, d’un territoire.
Esprit Volcans 63 : une identité auvergnateSa structure est en fait une des plus anciennes du circuit trail running - 11 ans - et sa présence en équipe de France se révèle d’une parfaite constance. Mais Esprit Volcans 63 possède une troisième particularité : sa composition unique, à 100 % auvergnate.Dans ses rangs, en effet, ne figurent que des coureurs des deux départements de la zone du Parc des Volcans d’Auvergne, le plus grand de France, qui s’étend de la chaîne des Puys, dans le Puy-de-Dôme, aux monts du Cantal. Sur la saison, le team compte un arrêt pour raisons professionnelles (Benoit Crétien) et trois arrivées (Paulet, Violle, Bommier).L’effectif 2021 (cote Itra 2021 du team à 845) : Sandy Paulet (32 ans, cote Itra 653), Patrick Bringer (46 ans, 845, 3 sélections internationales A), Romain Maillard (42 ans, 857, 3 sél. IA, international de trail), Fabien Demure (34 ans, 853, 7 sél. IA, international de course de montagne), Alexandre Depeche (34 ans, 826), Alexandre Violle (25 ans, 774), Timothée Bommier (34 ans), Yoan Meudec (36 ans, 818, manager, notre photo). Staff : Philippe Gignac (ostéopathe), David Pellabout (logistique).
Francis Laporte
(*) Indice de performance de l’International Trail Running Association