Les barres d’accroches des animaux, vestiges de l’ancien forail de Riom (Puy-de-Dôme)
Au nord du centre-ville de Riom, le long des boulevards face à l’ancien centre de détention, ces petites barrières en fonte peuvent surprendre dans le paysage. Elles prennent de la place sur le trottoir et leur état trahit leur appartenance au siècle dernier. "Et pourtant, elles racontent une partie de l’histoire de la ville", insiste Nicole Favard, du pôle "Archive et patrimoine" de la ville de Riom. Construites en 1890, ces barres en fonte servaient à accrocher les bestiaux les jours de marché.
"La foire, c’était jour de fête"À Riom, le foirail était une véritable institution. "La ville est connue pour ses foires depuis le XIIIe siècle", précise Nicole Favard. Plusieurs fois par an et en particulier pour les foires de la Saint-Amable, en janvier, juin et octobre, les paysans descendaient de leurs montagnes en char, en charrette, à pieds ou en train pour acheter ou vendre des animaux (ovins, bovins, lapins, chevaux, cochons et volailles) et se prenaient au jeu des enchères.
"Pendant plusieurs jours, la ville s’animait. Les maquignons dormaient à l’hôtel, allaient dans les bistrots et restaurants et achetaient tout ce dont ils avaient besoin, du grain par exemple, avant de remonter dans leurs combrailles. Les tricoteuses et dentellières vendaient leurs créations et les Riomois faisaient leurs courses. Quand on allait à la foire, c’était jour de fête", retrace la passionnée d’histoire locale.
Ne plus laisser divaguer les animauxAu départ, ce marché aux bestiaux se déroulait à l’intérieur des murailles, puis au milieu du XVIIIe, on a profité des boulevards pour extérioriser le marché. Le foirail s’est alors quelque peu organisé. Les différents animaux ont été répartis par secteur et les chevaux ont par exemple été regroupés à l’emplacement de l’actuel square Virlogeux. Seulement, au milieu du XIXe siècle, les Riomois se plaignent de voir débarquer des centaines d’animaux devant leurs portes à chaque nouvelle foire.
Après moult discussions en conseil municipal, la décision a finalement été prise de délocaliser le foirail au niveau du Pré Madame, qui était alors un champ, et sur les boulevards nord, en dessous de la Maison Centrale, où se trouvaient alors terrains agricoles et vergers. Le foirail s’étendait alors de la cour d’appel à la maison des associations. "De là, on décide de ne plus laisser divaguer les animaux en faisant construire des barres d’attache", retrace Nicole Favard.
Cinquante-six petites barrières en fer de quarante millimètres de diamètre et quatre mètres de long ont ainsi été installées le long des boulevards pour accrocher les bêtes à cornes.
Un dernier souvenirMais au fil du XXe siècle, avec le développement des engins agricoles, les tracteurs ont progressivement remplacé les animaux et la tradition du foirail de Riom s’est perdue. Ces petites barres d’attaches et les souvenirs des plus anciens Riomois en sont les derniers témoins.
Jeanne Le Borgne