Jamal El Kabouss (HBCAM 63) : « Un regret de quitter le groupe en pleine saison »

Jamal El Kabouss et le HBCAM 63, c'est fini. L'entraîneur et le club puydomois ont officialisé la fin de leur collaboration, alors que le championnat de Division 2 Féminine observe une courte pause.

Arrivé en 2018, d'abord comme adjoint de Sébastien Modenel avec qui il a fait monter l'équipe en D2F, puis comme entraîneur principal, Jamal El Kabouss quitte le HBCAM 63 pour « raisons personnelles ».

Tout d'abord, comment allez-vous Jamal ?

« Cela va dans l'ensemble et je reste positif. Sur un plan personnel, c’est plus compliqué depuis plusieurs semaines et cela l’est encore. Il y a eu une situation soudaine et ce n’est pas dans mes habitudes d’abandonner les choses en cours de saison, mais il n’y avait pas d’autres possibilités. L’arrêt du championnat de N2 a permis de mettre à disposition Jean-Marc Dienna pour qu’il prenne le relais avec le groupe de D2. On a pu faire la passation assez naturellement et facilement, car on a toujours travaillé ensemble depuis le début de la saison, on préparait les matchs ensemble ».

« De très bonnes relations »

On évoque des raisons personnelles et privées. Mais on a aussi entendu des bruits concernant des problèmes avec les joueuses...

« J’ai toujours eu et j'ai encore de très bonnes relations avec les joueuses, avec toutes les joueuses, même celles sur qui je "m’acharnais" de temps en temps à l’entraînement. Je n’ai aucun conflit avec le groupe et avec le staff. Je suis leur premier supporter. J’ai senti la confiance du groupe lors de la coupure de novembre-décembre, un groupe qui voulait repartir. Si on devait aller à la guerre, je n’ai pas le moindre doute : elles viendraient toutes.Le technicien avait rejoint le HBCAM 63 en 2018.

J’ai eu la chance de pouvoir composer un staff avec des personnes qui sont vraiment au top. Je pense à David Léon pour la préparation physique par exemple. Très peu de clubs peuvent se vanter d’avoir un élément de sa qualité et avec autant d'expérience du haut niveau. Il vient du rugby et non du hand, mais cela reste de la préparation à la compétition de haut niveau. Il a fait un superbe travail avec l’ensemble des filles et encore plus avec les jeunes. Il y a Alexis Mikaelian aussi, Jean-Marc Dienna bien sûr, les kinés, le médecin, l'ostéopathe. On ne les voit pas, ils travaillent dans l'ombre, mais ils étaient toujours disponibles ».

Vous allez vous mettre en quête d’un autre projet ?

« Pas dans l’immédiat. Je vis une situation assez spéciale et je n’avais jamais vécu cela, comme quoi il y a un début à tout. J’ai encore un peu la tête dans le guidon, car je dois rendre des dossiers à la Fédération française de handball. Je suis déçu de devoir quitter le groupe ainsi et en cours de saison. J’aurais vraiment voulu finir le travail. C'est un regret de quitter le groupe de cette manière et je vais le garder longtemps. Ce n'est pas mon genre d'abandonner.

On s’était fixé un objectif avec le groupe et on a fait les sacrifices pour l'atteindre. Ce n'est pas par plaisir que les filles se font tester toutes les semaines, qu'elles suppriment des périodes où elles pourraient se retrouver en famille, mais pour mener à bien le projet. Les regrets sont là oui, notamment celui de ne pas pouvoir aller jusqu'au bout. Mais j'ai une entière confiance en ce groupe qui n’est jamais aussi fort que lorsqu’il est dos au mur ».

Des aléas et des blessures

Quel est votre sentiment sur cette saison ?

« On a exactement les mêmes résultats que l’an dernier, mais nos adversaires ont progressé et se sont renforcés alors que nous on a dû faire plus avec moins. Vaulx-en-Velin et Bègles ont mérité leur qualification. On n’a pas su aller chercher les points qui font la différence, notamment à l’extérieur. Après, je suis très content de ce que le groupe a fait. On n’avait pas pu recruter comme on le souhaitait, on s’est donc concentré sur nous-mêmes.Jamal El Kabouss a prévu de s'adresser aux joueuses quand elles seront toutes revenues sur Clermont-Ferrand. Dans quelques jours, il pourra les saluer une dernière fois.

Les filles sont beaucoup moins nombreuses et on a eu des pertes. Chaque joueuse est importante dans ce collectif-là et quand vous devez vous passer de Sandrine Benay, Enora Blezes et Julie Soubies, soit votre capitaine, votre arrière gauche et votre ailière droite, c'est bien plus compliqué et le jeu est moins équilibré. Malgré les aléas et les blessures, je retiens que tout un groupe a avancé ».

Vous avez eu le temps de saluer les joueuses avant de partir ?

« Pas encore. Elles ont quelques jours de vacances avant de reprendre l’entraînement. Elles ont été informées en amont et j'ai prévu de leur parler quand elles seront toutes revenues. J'en profite aussi pour passer un message aux supporters à qui je ne peux pas dire au-revoir autrement. Que ce soit à Fleury,  à Autun ou à la Maison des Sports, ils ont toujours été derrière nous. Le public nous a suivi depuis la N1 et jusqu'à maintenant. La récompense est pour tous les membres du staff, mais j'ai été touché d'être élu entraîneur auvergnat de 2019. On dit que seules les montagnes ne se croisent pas donc, qui sait, un jour sur les terrains ou en dehors ».

 

Jean-François Nunez