Réunis en silence ce dimanche 18 avril à Montluçon (Allier) pour Norik et sa famille menacés d'expulsion

Pendant de longues minutes, la place Jean-Dormoy, devant l'église Saint-Paul, en Ville-Gozet à Montluçon (Allier), s'est figée ce dimanche 18 avril aux alentours de 11 heures. Les visages doublement fermés avec les masques, plus de deux cent cinquante manifestants ont formé trois cercles concentriques de silence.

Des professeurs et des camarades de classe des enfants

Ils étaient tous mobilisés afin d'alerter sur la situation de la famille d'origine arménienne de Norik Sargsyan. En effet, Norik et sa femme sont sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français, alors même que ce père de famille a tenté à quatre reprises de se faire régulariser, en vain.

« Là, il y a des professeurs et des camarades de classe des enfants de Norik, de simples familles, des citoyens lambdas... », décrit Sophie, membre de La Cimade (*), mais aussi de Réseau Éducation Sans Frontières de l'Allier (RESF 03), et soutien indéfectible de la famille.

« Il y a urgence »

La dernière actualité en date dans ce dossier est un courrier formulant une demande de photos des enfants, selon les membres d'associations qui accompagnent la famille. « Quand il a reçu ça, Norik a pris peur. Il s'est demandé ce qu'il allait arriver. C'est là qu'on s'est dit qu'il y a urgence pour cette famille », retrace Mireille, autre militante de RESF 03.

Et ici, personne ne comprend ce refus de régularisation de la préfecture.  « Les enfants sont tous scolarisés. Ils parlent très bien le français comme leur papa, qui a, lui, une promesse d'embauche dès que cette situation sera réglée. »

« Norik et sa famille ont leur place ici »

Sophie ajoute :  « En 2012, la circulaire Valls a été mise en place. Elle a vocation à unifier les pratiques des préfectures sur le terrain de la régularisation des étrangers en France, sous certaines conditions. Quand on voit ce qu'il se passe dans d'autres territoires, on estime que Norik et sa famille ont leur place ici. »

En attendant, le père de famille, assigné à résidence avec présentation obligatoire au commissariat de police tous les lundis et jeudis, a demandé un entretien avec le préfet pour lui expliquer sa situation. Pour Mireille,  « la mobilisation d'aujourd'hui démontre la demande des citoyens à ce que la préfecture arrête ce gâchis ».

Un rendez-vous hebdomadaire devant la sous-préfecture

À la fin du regroupement, les manifestants se sont mis d'accord pour que, jusqu'à ce qu'ils se fassent entendre, un rassemblement hebdomadaire ait lieu devant la sous-préfecture, derrière la mairie de Montluçon, chaque samedi à 11 heures.

Ce fut aussi l'occasion, pour le patron du garage automobile dans lequel Norik pourrait travailler, d'annoncer qu'à partir d'un récépissé autorisant son séjour une validation de ses acquis par l'expérience au sein d'un CFA s'organisera. Face à tout cela, Norik Sargsyan a réitéré son espoir de voir sa demande aboutir.

Une pétition est en ligne pour soutenir la famille et elle a déjà recueilli plus de 1.800 signatures. 

(*) La Cimade apporte une solidarité active et de soutien politique aux migrants, aux réfugiés et aux déplacés, aux demandeurs d'asile et aux étrangers en situation irrégulière. Plus d'informations sur Resf 03 via ce lien : https://reseau-resf.fr/-A-propos-

Texte : Brian Le GoffPhotos : Cécile Champagnat