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Май
2021

L'ex-prof de lettres se lève "à l'heure où blanchit la campagne" pour diriger son usine dans le Loiret

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Depuis janvier, Stéphanie Jagu, 42 ans, figure dans le top 50 des femmes dirigeantes françaises, sélectionnées pour leur belle croissance par Women Equity. Cela vaut désormais à cette néo-Loirétaine d’attirer le regard de nouveaux grands clients, heureux de féminiser leur image de marque.

Ces grands noms du bâtiment devraient donc lui acheter davantage de remorques. Et surtout de bases de vie, ces "caravanes" munies – au minimum légal – d’un vestiaire, d’un réfectoire et de sanitaires pour les ouvriers sur les chantiers.

Une base de vie en cours d'aménagement intérieur.

Pourtant, rien ne destinait cette quadragénaire, ex-professeur de lettres, à se retrouver présidente de Daudin, à Cléry-Saint-André (Loiret), une entreprise créée en 1833 et employant 60 salariés dont 90 % d’hommes !

"En fait, enfant, je voulais devenir vétérinaire… Mais je n’étais pas suffisamment bonne en sciences. J’ai passé un bac économique et social et j’ai suivi une première année de droit. Cela ne m’a pas plu. Alors, je me suis engagée vers le professorat. Avec le recul, j’aurais préféré faire un BTS."

À 22 ans, dans des établissements difficiles

Sa famille réside alors dans le Val-d’Oise. Tous sont autodidactes : elle est la seule à avoir le bac. Sa mère travaille dans les assurances et son père, Pierre, est directeur commercial dans une entreprise de travaux publics, spécialisée dans les remorques.

"Il travaillait beaucoup. Il m’a transmis cette passion : le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt !" D’ailleurs, la cheffe d’entreprise a occupé ses vacances, dès l’âge de 15 ans, que ce soit en tant que vendeuse sur les marchés ou dans des boutiques ou comme hôtesse d’accueil chez Truffaut.

Grande lectrice de Victor Hugo et aimant écrire ("c’est un exutoire"), elle mène alors des études de lettres modernes, jusqu’à la maîtrise, à Cergy-Pontoise.Elle est bombardée, à 22 ans, jeune prof à la silhouette de jeune fille, dans des établissements des Yvelines. Pas des plus faciles : Aubergenville, Plaisir et Les Mureaux. "Certains de mes élèves avaient 21 ans !"

La discipline est compliquée. Elle subit de l’agressivité… "Je pensais avoir la flamme. Il y a eu des moments superbes, de belles rencontres. Mais… je n’étais pas adaptée au système. L’Éducation nationale est une énorme machine, rouillée, grippée, avec des failles. Il y avait cette violence sociale… Il faut vraiment s’accrocher."

Son père reprend Daudin avec ses enfants

Affectée une deuxième année aux Mureaux, elle craque. Après cinq années d’enseignement en collège et lycée, elle trouve un emploi aux Assedic, qui préparent alors leur fusion avec l’ANPE pour créer Pôle emploi.

Son CDD est sur le point de se transformer en CDI, en 2008, quand son père réunit la famille pour leur annoncer son projet : il a trouvé une entreprise à reprendre dans le Loiret et propose à ses enfants, Stéphanie et Yann, de travailler avec lui."Ce projet familial m’a emballée. Ce défi me permettait aussi de quitter la région parisienne." Pour, notamment, élever son fils, de 11 ans aujourd’hui, dans un environnement plus agréable.

"Je n’y connaissais rien. J’ai commencé en bas de l’échelle… J'ai suivi de nombreuses formations."

La crise sanitaire n’a pas trop freiné l’activité. Et a même apporté de nouvelles opportunités : "Nos clients nous demandent d’installer des robinets à détection infrarouge, ou d’intégrer des distributeurs de gels hydroalcoolique à l’entrée des bases de vie, par exemple."

Pourtant, malgré la réussite, tout n’est pas rose tous les jours. Stéphanie Jagu a ainsi eu des démêlés avec un de ses salariés qui la poursuivait de ses assiduités, ce qui la mettait, pour le moins, mal à l’aise. "Je m’étais rapprochée de l’inspection du travail… qui m’a dit que rien ne pouvait être fait, car j’étais la dirigeante ! J’ai dû porter plainte." Le salarié a fini par être licencié, pour une autre faute.

"Pas de copinage"

"Tout le monde m’appelle par mon prénom. La porte de mon bureau reste ouverte. Mais je vouvoie tout le monde et inversement. Entreprise familiale ne veut pas dire copinage…"

 J’ai une organisation militaire ! Je me lève un peu avant 5 heures du matin pour être au travail à 6 h 15

Elle aime utiliser l'humour pour faire passer ses messages. Cela lui est d’autant plus nécessaire qu’il lui arrive de ne pas toujours être prise au sérieux, en tant que femme dans un milieu très masculin. "Parfois, mes clients préfèrent vérifier mes informations auprès d’un de mes collègues !"

Il lui faut aussi jongler avec sa vie de mère célibataire, près d’Orléans, à une demi-heure de route. "J’ai une organisation militaire ! Je me lève un peu avant 5 heures du matin pour être à Cléry à 6 h 15. Je fais le tour des bureaux et des ateliers (7.000 mètres carrés sur plusieurs sites !), je salue tout le monde. Mes journées se terminent vers 18 h 30. Je passe le dimanche à cuisiner pour toute la semaine."Ce n’est pas vraiment une corvée : avec la confection maison de ses cosmétiques, faire bouillir la marmite est sa passion ! 

Mise en place de la toiture d'une base.

Spécialisée dans les bases de vie

L'entreprise Daudin, à Cléry-Saint-André (Loiret), a été créée en 1833. Elle était, jusqu’en 2008, spécialisée dans les remorques, sur 3.000 mètres carrés. Les frères Daudin ont été obligés de la céder, avec neuf salariés.Pierre Jagu a alors ajouté la conception, construction et aménagement de bases de vie sur-mesure et haut de gamme, de 8 à 16 mètres carrés. Au réfectoire, vestiaire et sanitaires obligatoires, peuvent s’ajouter douches, bureau, vestiaires chauffants, écrans, panneaux solaires... Tout est conçu en 3D par le bureau d’études interne et fabriqué dans les ateliers de soudure, découpe laser, galvanisation, menuiserie, peinture, électricité, plomberie, assemblage… La tôle se transforme en remorque, les panneaux en WC, tables, éviers… Tout est fabriqué chez Daudin, du châssis aux sanitaires.Le prix d’une base va de 28.000 à 35.000 euros. Daudin en a fabriqué environ 400 l’an dernier, essentiellement vendues en France, et en prévoit 450 à 500 cette année, pour un chiffre de 15 millions d’euros (13,7 millions d’euros en 2020), en visant les 20 millions d’euros et les quatre-vingts salariés d’ici trois ou quatre ans.

Carole Tribout




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