Permission de sortie
De Hollande à Macron, chacun a son inversion de la courbe dans le viseur. Les destins politiques tiennent parfois à un fil. Est-il prématuré, au regard des indicateurs, d'ajouter dès demain une dose supplémentaire de normalité dans notre quotidien ? En ces jours frais et capricieux, il semblerait que même le printemps, saisi par le doute, se tâte encore avant de sortir le bout de son nez. Sait-on vraiment quand nous aurons fini de purger notre peine, au gré des variations des variants ? Il serait bien présomptueux de dessiner le V de la victoire, mais avec d'infinies précautions nous pourrions nous rappeler que nous ne sommes pas que des êtres biologiques, mais des êtres de relations et de culture. Nous jouerions alors à faire presque comme avant, à la manière d'une répétition sans lumières ni costumes, à tâtons, pour ne pas réveiller les appétits d'un virus insatiable. Et gâcher, par des attitudes d'ex-abstinents devenus euphoriques, notre permission de sortie avec un retour à la case prison. Peut-être même que, sans la brusquer, on pourrait voir réapparaître tout doucement cette vie qui nous était familière.
l'éditorial
Florence Chédotal