Face au manque de place, la mairie de Thiers lance une campagne de reprises de concessions au cimetière des Limandons
« Mon caveau de famille, hélas n’est pas tout neuf. Vulgairement parlant, il est plein comme un œuf. Et d’ici que quelqu’un n’en sorte, il risque de se faire tard et je ne peux, dire à ces braves gens, poussez-vous donc un peu. Place aux jeunes en quelque sorte. » Dans sa Supplique pour être enterré à la plage de Sète, Georges Brassens évoquait un sujet auquel la Ville de Thiers est confrontée à plus grande échelle.
« Nous avons besoin de place. Si dans les deux ans à venir, on ne fait pas de reprises de concessions, on ne peut plus vendre », expose Fiorella Pelowski, responsable du service des Affaires générales, en charge par exemple des élections, de l’état-civil, et des cimetières, donc. « On en est à chercher le moindre mètre carré », ajoute Isabelle Furegon, adjointe en charge des Affaires générales et de la vie quotidienne.
Ce constat n’a pas de rapport avec la pandémie de Covid-19, qui ne semble pas avoir d’incidence sur les cimetières de Thiers, précise Fiorella Pelowski.
Une campagne de reprises de concessionsFace à cette problématique, une campagne de reprises de concessions dans le cimetière des Limandons vient d’être lancée. Sur quatre ans, 287 concessions doivent être récupérées. Pour cette année 2021, l’opération en concerne 87.
« Les reprises portent sur les concessions temporaires, vendues pour 15, 30 ou 50 ans, et qui sont expirées depuis plus de deux ans, détaille la responsable du service. Après l’échéance, on attend deux ans, c’est le droit funéraire. Tous les ans, à l’approche de la Toussaint, on met une affiche sur les concessions qui vont faire l’objet d’une reprise. »
Il y a des reprises de concessions chaque année, en effet. Mais cette campagne-là se veut de plus grande ampleur.
Sur les 87 concessions, la plupart sont expirées depuis bien plus de deux ans. « Il y en a qui le sont depuis 1991 », précise Isabelle Furegon.
Recherche des prochesAvant la reprise, le service municipal met tout en œuvre pour retrouver des proches du défunt, et leur demander s’ils veulent renouveler la concession. « On fait un courrier au concessionnaire. S’il nous revient, on cherche la famille. On va loin dans les recherches avec Sandy Bouterige, on va même sur Facebook, indique Fiorella Pelowski. C’est sensible. »
Mais les recherches n’aboutissent pas toujours. « Sur les 87 concessions en question, on a eu 16 personnes, qui ont fait un courrier d’abandon. » D’ailleurs, ces 87 concessions sont en état de délaissement, dans le cimetière. Pour celles qui ont fait un courrier d’abandon, et pour les autres, la mairie reprend les concessions.
Réemploi des articles funérairesUne convention vient d’être signée avec les entreprises à but d’emploi Actypoles et Inserfac-EBE.
« Sur les concessions, il y a des articles funéraires qui partaient à la poubelle, retrace Isabelle Furegon. Les salariés vont récupérer ces objets, les retaper et les revendre. Ils vont récupérer les éléments en fer et les pierres tombales qui pourront l’être. »
C’est aussi une façon de rendre accessibles ces objets onéreux, à ceux qui ne pourraient pas en acheter de neufs. « Pour ce qui est des dalles en béton, ils vont les casser, pour arriver à la terre. »
« C’est fait dans le respect »À partir de cette étape, c’est une entreprise extérieure qui travaillera. Les restes des défunts d’une même famille seront réunis dans un reliquaire, avec leurs petits objets personnels. Ce coffret sera déposé au sein d’un ossuaire : un endroit dédié au cimetière. « C’est fait dans le respect », souligne Fiorella Pelowski. « Finalement, la tombe, c’est l’avant-dernière demeure », observe Isabelle Furegon.
Cette opération sera conduite derrière un paravent pour préserver le public. L’entreprise commencera son travail en septembre. Quant aux salariés des EBE, ils débutent cette semaine.
À savoir
Le registre des concessions concernées par la campagne de reprises est consultable en mairie. Tél. : 04.73.80.88.80. Par ailleurs, la municipalité projette de renommer les allées du cimetière, pour que ce soit plus agréable et plus facile de se repérer.
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Pour certaines tombes, sous conditions, la mairie va envoyer des courriers à la recherche des familles des défunts. Elles auront trois ans et huit mois pour se manifester. Les travaux d’entretien devraient démarrer à la fin de la campagne des Limandons qui doit durer quatre ans (lire ci-dessus).
En chiffres
8.000 Le nombre de concessions temporaires, sur les deux cimetières de la ville : les Limandons et Saint-Jean. Elles abritent 17.000 défunts environ. Sans compter les concessions perpétuelles. 15, 30 ou 50 Les concessions temporaires sont vendues pour 15, 30 ou 50 ans. Depuis 2006, la mairie n’accorde plus de concessions perpétuelles. Ceux qui les ont achetées avant cette date les conservent mais la mairie peut les reprendre sous conditions.
Alice Chevrier