L'avenir des montagnes, de la Cordillère des Andes à l'Himalaya, passe par Saint-Rémy-sur-Durolle (Puy-de-Dôme)
![L'avenir des montagnes, de la Cordillère des Andes à l'Himalaya, passe par Saint-Rémy-sur-Durolle (Puy-de-Dôme)](http://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/saint-remy-sur-durolle-cooperation-internationale-autour-de-_5435621.jpeg)
Unir les plus grands massifs au monde avec des initiatives locales dont certaines en Livradois-Forez. C’est tout l’objet du projet « Highlands » qui se construit à Saint-Rémy-sur-Durolle (Puy-de-Dôme).
Le lien entre le Massif Central, et donc le Livradois-Forez, avec l’Atlas, la Cordillère des Andes ou l’Himalaya ? La réponse se trouve du côté de Saint-Rémy-sur-Durolle.
En effet, depuis une semaine et pour quelques jours encore, le village vacance « Les Demeures du Lac » reçoit une dizaine de chercheurs engagés dans un vaste projet à l’échelon mondial baptisé « Highlands » (hauts plateaux en anglais, N.D.L.R.).
1 - Qui se trouve derrière le projet « Highlands » ?Le but recherché : « Avoir un recensement des initiatives existant dans le monde en matière de développement durable dans les zones de montagne », décrit Jean-François Tourrand, coordinateur du projet et par ailleurs agent du ministère français de l’Agriculture, détaché au Cirad (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement). Le tout au niveau international avec des représentants de pas moins de 32 pays, 43 structures partenaires et quelque 200 institutions dont le Parc naturel régional Livradois-Forez, aux côtés d’autres structures telles que VetAgro Sup, l’Inrae, le Cirad, l’IRD (Institut de recherche pour le développement)…
La création d’une base de données2 - À quoi devrait servir le projet ?« Highlands » prévoit, sur une période de quatre ans (2020-2023 à l’origine puisque le projet devait démarrer en fin 2019), « de créer une base de données en open-access de 1.500 ou 2.000 intitulés présentant les initiatives qui ont été menées dans les zones de montagne ».
Un outil d’aide à la décision, inclusif, pour les acteurs locaux, techniciens, chercheurs, gestionnaires « qui voudraient se lancer. Le but n’est pas de transférer un système, ni de juger », mais s’inspirer d’initiatives, voir ce qui marche… ou ne marche pas aussi ! « En Chine, sur la partie Nord-Est du plateau tibétain, dans des zones à plus de 5.000 mètres d’altitude avec des paysages fantastiques, il y a tout un travail de recherche avec les communautés locales pour voir comment ils envisagent l’avenir d’ici 15-20 ans », illustre Jean-François Tourrand.
Et ainsi voir l’opportunité des projets imaginés tels qu’une station de ski, un parc mais aussi les solutions à envisager pour faire face au départ des jeunes de ces zones. Cette base permettra d’interroger d’autres zones de montagne dans le monde, les Alpes par exemple pour ses stations de ski ou, avec le mot-clé adapté, de regarder ce qui a été imaginé dans d’autres stations avec des organisations collectives, en Argentine par exemple. Le projet fait l’objet d’un financement de la commission européenne dans le cadre du programme « Horizon 2020 ».
3 - Comment constituer cette base de données ?Huit sessions de travail d’un mois seront nécessaires dans les années à venir ; la première concernera le Massif Central et les Pyrénées orientales et aura pour base de départ Saint-Rémy-sur-Durolle, fin septembre 2021. Une cinquantaine de personnes seront réunies à chaque fois « pour lister tous les types d’initiatives, entre 100 et 150 régionales », explique Didier Cournut, directeur adjoint du PNR.
Au fil de visites sur le territoire, il pourra être par exemple question du plan d’eau de Saint-Rémy-sur-Durolle et sa création il y a plus de 50 ans, « c’est depuis devenu une source de revenus, du travail pour les gens d’ici, mais aussi un lieu d’hébergement important », note Jean-François Tourrand.Une douzaine de chercheurs européens est actuellement réunie durant deux semaines, à Saint-Rémy-sur-Durolle.
Les groupes pourront aussi s’intéresser à des structures telles que Ciné-Parc, la Route des métiers, le PNR, le projet alimentaire de territoire, Territoire zéro chômeur ou encore la coutellerie de Thiers… Le tout au fil de chapitres ciblés : tourisme, agriculture/élevage, économie, social, culture/patrimoine et politiques publiques.
Deux semaines de séminaire4 - Quelle méthodologie pour ce projet ? C’est précisément cette méthodologie qu’une douzaine de chercheurs construit actuellement durant deux semaines, à Saint-Rémy-sur-Durolle. Des chercheurs principalement européens, originaires de sept pays : Espagne, Portugal, Italie, Autriche, Slovénie, Roumanie et Pologne. Avec l’idée de jeter les bases du travail pour mettre en place cette base de données ainsi que son avenir. « L’idée est d’avoir un niveau de chercheurs derrière et qu’une fois finie, elle continue de vivre, que les pays continuent et qu’elle reste à niveau », décrivent Jean-François Tourrand et Didier Cournut. Et jeter un pont entre ces territoires reliés par un trait d’union commun. Le plus grand. Leurs montagnes.
Huit rendez-vous à travers le mondeAprès le Massif Central, les chercheurs s’intéresseront aux Alpes avec des équipes rayonnant entre Autriche, Suisse, Allemagne, Italie ou Slovénie. Puis, dans un 3e temps, ce sera le tour de l’Amérique du Sud (Argentine, Pérou, Équateur, Colombie, Bolivie, Brésil, Chili) pour traiter les massifs des Andes, la Cordillère atlantique mais aussi les Rocheuses et Appalaches. Quatrième temps avec les Balkans et Carpates (Grèce, Pologne par exemple) puis direction les massifs asiatiques avec l’Himalaya avant un sixième temps consacré aux Alpes scandinaves (Norvège et Suède) et aux Highlands. Un septième temps les conduira vers les grands massifs africains (Atlas et Hauts Plateaux d’Afrique de l’Est) pour finalement se conclure en Espagne et Portugal avec la cordillère cantabrique.
François Jaulhacfrancois.jaulhac@centrefrance.com