Trois Moulinois condamnés pour trafic de résine de cannabis
Ce sont, tel que le dit la procureure, « des petits poissons ». Qui naviguaient dans l’océan du trafic de résine de cannabis à l’aide d’une application mobile, permettant de partager, dans un cercle restreint, des données qui s’effacent rapidement.
« Les rendez-vous étaient pris via cette appli et les sachets étaient vendus dans le hall de l’immeuble », décrit un témoin, cité par le tribunal de Moulins, devant lequel comparaissaient trois Moulinois, mercredi, pour trafic et usage de stupéfiants.Soit un lycéen de 18 ans en train de passer son bac et un couple de trentenaires, parents de cinq enfants dont quatre placés. Tous habitant le même quartier. Sans doute y a-t-il des requins au-dessus de ces « petits poissons ». Ils n’ont pas été pêchés.
Qui est le fournisseur ? "C'est lui !" "Non, c'est lui !"Les prévenus ont chacun minimisé leur rôle.Le couple, défendu par Me Guinault, a désigné le jeune comme étant son « fournisseur ». L’homme n’était « que nourrice », « depuis six mois » : « Je gardais en échange de notre consommation gratuite ».
Elle, ne faisait « que consommer » et fermer les yeux sur le trafic.À leur domicile, la police retrouve des couteaux avec des traces de résine, des morceaux de résine de cannabis (1,3 kg), des sachets plastiques, un grinder (broyeur), une balance, une boîte noire contenant de la résine, des sachets et 630 €, des comptes écrits à la main.
« Ça m’arrivait de revendre, admet le trentenaire. Plus ça allait, plus c’était gros, on ne savait pas comment s’en débarrasser. Lui [désignant le jeune] ne me faisait pas peur, mais ses connaissances, oui ». Et bien sûr : « Je ne les connais pas précisément ».
« Je joue aux paris sportifs »Le jeune majeur, reconnu dans son rôle par plusieurs témoins (« tous anciens locataires du couple », souligne son avocate Me Presle) s’offusque : « Je comprends qu’ils se mettent d’accord pour sauver leur peau. Mais toutes ces accusations sont fausses. Je consomme, j’avoue, mais je ne suis pas fournisseur. C’est chez eux que j’achète ! ».
Chez lui, la police trouve la même boîte noire que chez le couple, de la résine, du cash (« ce sont mes économies et je joue aux paris sportifs »), ainsi qu’une vidéo sur son portable montrant une grande quantité de billets.
"Des inconnus en termes de stupéfiants, des consommateurs, des cibles idéales"Pour la procureure, les trois prévenus sont tous « des petites mains qui prennent tous les risques avant que les gros bonnets ne viennent récupérer l’argent, des inconnus en termes de stupéfiants, des consommateurs, des cibles idéales. Nous avons à Moulins plusieurs dossiers de trafic chez des particuliers. Ça devient commun d’arrondir ses fins de mois de cette façon ».
Les trois ont été déclarés coupables.
Pour le jeune, dix mois de prison avec sursis probatoire pendant deux ans (un an requis), 175 heures de travaux d’intérêt général (TIG).
Pour elle, huit mois de prison avec sursis probatoire (10 mois requis).
Pour le trentenaire, 14 mois de prison dont 10 avec sursis probatoire, 175 h de TIG : les 4 mois ferme sont aménageables à domicile. Pour tous, obligation de soins, de travail.
Mathilde Duchatelle