Championnats de France Elite : Alexis Phelut à la recherche du ticket olympique
Et si le berceau de ses chronos s’était tressé à Chanterelle, petit village joliment perché sur le massif du Cézallier ? L’impact de la rusticité sur la performance, débat vaste comme la vue, depuis le plateau cantalien, sur le Sancy et le Plomb du Cantal.
Le travail à la ferme d’un papa producteur de Saint-Nectaire et les intarissables courses dans les chemins vallonnés ont forgé ses jambes. De celles que, acquiesce Jean-François Pontier, son coach de toujours, « les athlètes des villes n’ont pas forcément ».
Un rude travail« J’ai pas mal bossé avec mon père », résume sobrement Alexis Phelut. Avant d’avancer une certitude validée, quasi physiologique : « Ma force en steeple vient de mon endurance musculaire. Cela ne me pose pas de problèmes d’enchaîner 35 obstacles et 7 rivières ».
Amoureux du sport, footballeur à 6 ans, le jeune Cantalien passe à l’athlé à ses 14 printemps dans la foulée de ses médailles de cross scolaires. Reçoit les premiers plans de Jeff, rentre en sports études à Blaise. Brille très vite dans les labours. « À cette époque, je n’aimais que le cross, pas la piste. Il correspondait plus à mon quotidien, courir vite sur du plat, je ne l’avais jamais fait ».
Et puis vient le steeple, en cadets. « La discipline m’a plu tout de suite ». L’association de ses qualités physiques à l’enchaînement naturel des barrières l’expédie d’entrée aux Mondiaux sur 2.000 m steeple. Deux ans plus tard, aux Europe juniors de Grosseto sur 3.000 m steeple pour une médaille d’argent directe (8’53’’73).
Alexis Phelut à l'entraînement derrière le vélo de son entraîneur, Jean-François Pontier.Premiers soleils en parallèle avec la fonte des temps. Les sept tours en 8’52’’28 à l’entrée de la catégorie juniors, 8’36’’71 à la porte espoirs et, frappant cette année à celle des seniors, 8’18’’67. Plus de 3 secondes sous les minima des Jeux (8’22’’00), objectif olympique décidé depuis mi-mai 2020.
D’où l’exigeant travail dès la rentrée. Du seuil, type séances de 30 minutes de volume à 20 km/h. Du long. Et de la vitesse. Le 1.500 m, bien sûr, avec un repère fort, il y a mois, pas en compétition mais aux Cézeaux, derrière le vélo de l’entraîneur. Les 3’40’’02 du moment relativisant les 3’46’’62 toulonnais du 26 février dernier.
Suivent les validations sur le steeple. L’épisode 1 à Castiglione, le 19 mai se joue « dans des conditions de m... ». Tout seul, par grand vent (+6m/s relevé sur 100 m), le demi-fondeur du Clermont Athlé finit en 8’29’’58 « dégoûté ».
Dix jours plus tard, deuxième rendez-vous à Oordegem. Start-list belge « pas ouf » mais sans Eole. Bref ! 2.200 m seul devant et, la perf, 8’18’’67 sur la ligne ! « C’est un soulagement quand tu sais que tu les vaux mais que ce n’est pas marqué sur ta fiche ».
Acte 3, enfin, à Huelva. Cinq jours après « sans les jambes », Alexis Phelut remet ça en Espagne. Confirme avec 8’19’’35, devient le seul Français à réaliser deux fois les minima.
« Mon objectif, c’est gagner, vraiment. Sinon être dans les trois »