Clermont-Ferrand 2030 : comment la Ville va investir 277 millions d'euros sur dix ans pour dessiner son avenir
« Une boussole, une vision lucide et pragmatique » pour les élus de la majorité, « un manque d'information, d'ambition et de vision » pour l'opposition.
Les élus de Clermont-Ferrand, réunis en présentiel pour la première fois depuis plus d'un an en conseil municipal, ont adopté, ce vendredi 25 juin, la programmation pluriannuelle d'investissement 2021-2030. Soit un total de 277 millions d'euros d'investissements sur les dix années à venir, au travers de 70 projets répartis dans tous les quartiers de Clermont-Ferrand.
Une PPI, c'est quoi ?Derrière ce sigle peu engageant de programmation pluriannuelle d'investissement se cache plus simplement le fil conducteur des projets pour la décennie à venir et l'enveloppe financière qui permettra ces investissements.
Quel est le montant de cette PPI ?Pour ce programme, 70 projets ont été retenus, pour un total de 277 millions d'euros sur les dix prochaines années. Soit, environ 25 millions d'euros d'investissement par an.
Pour les citoyens, ce sera la traduction, en actes, des politiques publiques et promesses de campagne formulées par la majorité élue il y a un an. Et, pour l'économie et les entreprises locales, la garantie d'investissements à venir via les marchés et la commande publique.
Comment a-t-elle été construite ?Cette PPI est le fruit de plusieurs mois de travail entre les élus de la majorité et les services de la Ville a rappelé Olivier Bianchi, maire PS de Clermont-Ferrand. Une méthode a été choisie : celle d'une double critérisation.
Chaque projet doit répondre à des critères écologiques, issus de la méthode produite par l'Institut de l'économie pour le climat. La dépense a-t-elle, ou pas, un objectif environnemental ? Si non, dégrade-t-elle l'environnement ?
Mais aussi des critères sociaux, imaginés par les services de la Ville et du CCAS. Par exemple, telle ou telle dépense va-t-elle contribuer à réduire les inégalités sociales ? Va-t-elle contribuer à la mixité et l'inclusion ? À chaque critère correspond une note.
Cette critérisation écologique est cependant remise en question par les élus du groupe La France insoumise-Clermont en commun : « Je sais que vous êtes en train de travailler sur le budget carbone, mais cette méthode de l'Institut pour le climat ne propose pas d'évaluation quantitative. Cela ne permet pas de connaître les émissions de CO2 et de faire des arbitrages », a regretté Diego Landivar. Un point souligné, aussi, par Eric Faidy, pour le groupe centriste, écologiste et solidaire.
Comment va se répartir cette enveloppe ?Si la PPI de la Métropole, qui sera présentée à la rentrée prochaine, doit permettre de flécher quelque 800 millions d'euros d'investissements dont bénéficieront les 21 communes de la Métropole, la Ville de Clermont-Ferrand veut assumer son rôle de cœur métropolitain. 22,5 millions d'euros sur dix ans, via un fonds de concours, seront consacrés à des projets au sein des vingt autres communes.
30 millions d'euros seront dédiés à la culture et au patrimoine, dans le cadre de la candidature au titre de Capitale européenne de la culture 2028. Les travaux de rénovation ou de valorisation de la basilique Notre-Dame-du-Port, des deux églises des Minimes et de Notre-Dame de la prospérité (pour 8 millions), s'inscrivent dans ce cadre. Mais aussi des programmes de rénovation ou d’extension d'équipements culturels comme le Petit Vélo, l'Hôtel-Fonfreyde, les locaux du festival international du court métrage, de la Coopérative de Mai ou l'école du Cirque de Saint-Jacques pour 18,5 millions d'euros.
53 millions d'euros seront consacrés à la transition écologique (avec 10 millions d'euros pour la végétalisation, des cours d'école à la place de Jaude et la valorisation de la Tiretaine). La rénovation thermique des bâtiments municipaux et le développement des énergies renouvelables englobent une grande partie de l'enveloppe (43 millions).
41 millions d'euros seront injectés dans la transition urbaine et économique (avec des aménagements urbains et de proximité). Que ce soit des transports avec 20,5 millions pour Inspire, la piétonisation ou l'aménagement du quartier Saint-Jean.
45 millions d'euros seront consacrés aux équipements sportifs, avec comme l'un des projets symboles, la construction du gymnase du futur lycée Saint-Jean.
28 millions seront dédiés à l'enfance et la petite enfance, 10 millions aux solidarités (avec le lieu des femmes Gisèle-Halimi et les centres de santé aux Vergnes et à la Fontaine du Bac, mis en avant notamment par le groupe Communiste et citoyen), 4 millions à l'alimentation des petits et aînés.
36 millions, enfin, sont prévus pour garantir le niveau des bâtiments municipaux.
Les impôts vont-ils augmenter ?La question forcément peut se poser, car il s'agit de financer ces 277 millions d'euros. « Non », a assuré le maire PS de Clermont-Ferrand. Au-delà des impôts actuels et autres recettes, la Ville empruntera « sans dégrader sa dette ».
« Actuellement la capacité de désendettement de la Ville est de sept ans a rappelé Marion Canalès, adjointe en charge des finances. Cette capacité ne devrait pas dépasser les huit-neuf ans d'ici 2030. Cette PPI est réaliste et tenable, avec des coûts de fonctionnement maîtrisés, sans dégrader la santé financière de la Ville ».
Pierre Peyret