Pourquoi la nouvelle municipalité de Chazemais (Allier) a dit non aux éoliennes sur son territoire
Verra-t-on un jour des éoliennes à Chazemais ? Pas sûr. Le 1er juin dernier, le conseil municipal, présidé par Christophe Leclerc, s’est prononcé contre la poursuite du projet, vieux de 2006, sur le site des Brandes. Le vote a été sans appel : huit voix contre et deux abstentions.
C’est la première fois depuis 2006 que les élus locaux s’opposent clairement à l’implantation de cinq éoliennes sur son territoire. L’ancien maire et président de la communauté de communes d’Huriel, Michel Tabutin, en avait fait son cheval de bataille. Sans réussir à faire aboutir le projet.
« Les parcs éoliens de Boralex sont très bien acceptés dans la région Auvergne Rhône-Alpes », assure Damien Boully, responsable régional pour Boralex.
« Une démarche commerciale insistante »Les termes employés dans la délibération sont directs. « La démarche commerciale et insistante de la société Boralex n’a pas été appréciée. Sans compter que la multiplication de ces nouveaux fournisseurs d’énergie fait craindre le pire pour le service public EDF déjà mis à mal par les nouvelles orientations politiques. »
Boralex, qui rappelle qu’il « n’est pas un fournisseur, mais un producteur d’énergie » ne comprend pas ce revirement de la municipalité.
« Le maire, que nous avons du mal à joindre, était dans l’ancienne équipe municipale qui avait voté à l’unanimité en 2017 en faveur des éoliennes », rappelle Damien Boully. Le responsable régional de la société fait valoir « une démarche transparente et exemplaire ». « Depuis le début, nous travaillons en concertation avec la population. Nous comptons bien aller au bout de notre engagement en allant faire du porte-à-porte chez les riverains. »
La société Boralex reste déterminéeBoralex, qui affirme avoir déjà mis 200.000 € sur la table en frais d’études, regrette que les périodes électorales - les municipales l’an passé, les cantonales et les régionales cette année - viennent perturber l’avancée des parcs éoliens. « La transition énergétique, ce n’est pas un enjeu politique », lance Damien Boully qui se montre déterminé à faire aboutir le projet.
« Nous allons effectuer une demande d’autorisation environnementale auprès des services de l’État. Elle devrait être déposée au mois de septembre. On a toujours été ouvert au dialogue et on le restera. »
« Nous privilégions le bien-être en milieu rural », justifie le maire Christophe Leclerc. Photo : Cécile Champagnat
« Les choses ont changé », avance le maire, Christophe Leclerc. « Il sera demandé à la société Boralex de mettre un terme à ses études sur le territoire de la commune de Chazemais, de cesser toute démarche de communication et de désinstaller le mât de mesure situé aux Brandes. » La délibération prise par le conseil municipal, le 1er juin, est on ne peut plus claire : les éoliennes ne sont plus les bienvenues sur le territoire. Élu en 2020, le nouveau maire, Christophe Leclerc, explique que « les choses ont changé ». « Pendant la campagne des municipales, beaucoup de gens m’ont alerté en disant qu’ils n’étaient pas favorables aux éoliennes. Avec ma nouvelle équipe, j’ai souhaité rouvrir le débat. » Un débat qui n’aurait pas eu lieu avec Boralex. « Je les ai contactés plusieurs fois entre décembre 2019 et mai 2020 et mes demandes sont toujours restées lettre morte. » Pour justifier son refus des éoliennes, le maire avance comme autre argument des gains divisés par deux pour la collectivité suite à la nouvelle loi de finances. Faux, répond Boralex qui, en installant des éoliennes plus puissantes que le modèle présenté, assure que la fiscalité dépassera les montants initiaux.
Fabrice Redon