Susan Sellers fait le fabuleux récit d'un improbable mariage
Neuf années et près de 3.000 kilomètres séparent leurs naissances à la fin du 19e siècle. Mais l’arithmétique est bien peu de chose par rapport aux autres obstacles à la rencontre amoureuse et au mariage inattendu d’une célèbre étoile russe et d’un économiste reconnu internationalement.
Susan Sellers livre les éléments d’une riche biographie, qui nous conduit sur les pas de Lydia Lopokova de l’École de ballet impériale de Saint-Pétersbourg aux tournées européennes des Ballets russes de Diaghilev, en passant par d’innombrables péripéties et rencontres… Côté britannique, ce sont les membres du fameux groupe de Bloomsbury, auquel appartenaient J.M. Keynes, mais aussi Virginia Woolf, que l’on croise.
A l'encontre des évidencesQuand Keynes rencontre la danseuse russe, il a plus de quarante ans et n’a jusqu’alors eu que des relations homosexuelles. Lydia Lopokova est, de son côté, mariée à l’agent italien de Diaghilev, Randolfo Barocchi, et les divorces ne sont pas monnaie courante en ce début du 20e siècle !
Et puis, les sœurs Stephen, Virginia et Vanessa, leurs maris et autres membres du groupe de Bloomsbury regardent de haut cette belle danseuse exubérante, qu’ils jugent désinvolte et superficielle, si ce n’est carrément écervelée. Incompréhension ? Choc de cultures ? Intérêts financiers ? L’auteure évoque ces différentes possibilités. Il faudra du temps avant que certains acceptent de reconnaître la pertinence des réflexions de Lydia. Déjouant les pronostics, le couple Keynes fait mentir les oiseaux de mauvais augure.
Pascale Fauriaux
Un oiseau de feu, de Susan Sellers, traduit de l’anglais par Constance Lacroix, Mercure de France, 368 pages, 23,50 €.