A-t-on encore le droit d’être de droite aux LR?
Chez LR, alors que le second tour n’est même pas passé, Aurélien Pradié part à la chasse aux sorcières. Dans son viseur, les militants qui osent dire qu’ils ne veulent pas d’alliance avec les macronistes…
La Une outrancière de Libération sur Europe 1 et Cnews nous l’a rappelé cette semaine : pour les journalistes du microcosme parisien, un journaliste n’a pas le droit d’être de droite. Cet adage est-il en train de devenir également vrai aux Républicains ? A-t-on encore le droit d’être de droite aux LR ?
La question se posait déjà avant ces régionales, les représentants de l’aile conservatrice des LR ayant été exclus des listes aux régionales et départementales en Île-de-France, dans les Pays de la Loire et dans de nombreuses régions. La question revient aujourd’hui, car la direction des Républicains, toute regonflée par les bons scores de la droite au premier tour des régionales (si on fait abstraction de l’abstention record), n’a pas attendu les résultats du second pour lancer la chasse aux sorcières contre ceux qui avaient osé contester la mollesse de la réaction de Christian Jacob face aux alliances en PACA de Renaud Muselier avec La République en Marche.
Une pétition qui fait jaser
Romain Bonnet, 34 ans, ancien président de la fédération LR de la Vienne, a ainsi reçu le 24 juin une demande d’exclusion émanant d’Aurélien Pradié, secrétaire général des Républicains. Le tort du conseiller communautaire et municipal de Loudun ? Avoir été l’un des premiers signataires de notre lettre ouverte adressée par le collectif « Droite pour la France » (www.droitepourlafrance.fr) à Christian Jacob pour dénoncer ces alliances avec LREM en PACA. Lettre ouverte qui a recueilli plus de 6000 signataires parmi les adhérents et sympathisants LR, uniquement par le bouche-à-oreille et les réseaux sociaux. Dans cette lettre, le collectif se disait “attaché aux valeurs authentiques de la droite” qui “ne sont pas solubles dans le macronisme”, assumait “ne pas se reconnaître dans la ligne confuse actuelle [du] parti” et assurait qu’“un soutien à Emmanuel Macron n’est pas une option pour 2022”. En résumé : en tant que militants LR nous souhaitions tout simplement… être de droite.
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N’écoutant que son courage, la direction des LR ne s’en prend évidemment pas aux figures nationales qui ont dénoncé ces alliances, comme François-Xavier Bellamy ou Nadine Morano qui ont voté contre l’investiture de Muselier en CNI. Elle préfère attaquer le cadre local, pour tenter de faire taire la révolte qui gronde à la base. La lettre d’exclusion envoyée par Aurélien Pradié à Romain Bonnet avance que « lors des élections régionales, [ce dernier] n’aurait cessé d’agir contre les cadres et les élus [du] mouvement » et « déplore de tels comportements, alors que la ligne du parti a toujours été de refuser la moindre alliance ». La réaction de Romain Bonnet ne s’est toutefois pas fait attendre, l’élu dénonçant dans un communiqué de presse « le mépris » d’Aurélien Pradié pour « la demande légitime d’écoute de la part de nos militants. » L’ancien président des Républicains de la Vienne affirme que si son exclusion était prononcée, il faudrait de facto exclure tout élu ou adhérent qui refuse publiquement toute alliance avec LREM et le président Macron !
L’instransigence de Pradié fait le lit du RN
L’élu LR anti-macroniste s’interroge « sur le timing politique du lancement de cette procédure, alors que notre famille politique des Républicains devrait être toute entière mobilisée pour le succès au second tour de nos candidats qui battent la campagne dans toute la France, y compris en Occitanie où Aurélien Pradié est candidat dans un combat difficile. » Avec seulement 12% des voix, le plus faible score de notre famille politique sur toute la France, Aurélien Pradié a effectivement du pain sur la planche en Occitanie. Sans doute trop occupé par sa campagne, Aurélien Pradié faisait la sourde oreille aux demandes d’explication du signataire de notre lettre ouverte.
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Malheureusement, ceci n’a pas échappé à l’un de ses concurrents aux régionales, Jean-Paul Garraud, tête de liste RN face à Aurélien Pradié, qui reprenait hier soir sur Twitter le communiqué de Romain Bonnet.
Pourtant, à la veille du second tour, nous avons besoin d’unir toutes les composantes des Républicains pour battre la gauche. Pour paraphraser la célèbre phrase du regretté Patrick Devedjian : « nous sommes pour une droite ouverte, y compris jusqu’aux anti-macronistes, c’est dire !».
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