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Июнь
2021

Vote obligatoire : bienvenue dans l’avenir radieux du contrôle social

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Par Nathalie MP Meyer.

Avec un taux d’abstention record de 66,1 % enregistré dimanche 20 juin dernier lors du premier tour des élections régionales 2021, il eut été étonnant de ne pas voir resurgir l’idée de rendre le vote obligatoire.

Premier au taquet, le journaliste Christophe Barbier qui relance bruyamment sa proposition de 2015 d’infliger aux abstentionnistes d’une élection ce qu’il appelle une « punition douce et démocratique » en les privant de leur droit de participer aux élections suivantes :

L’ancien directeur de la rédaction du magazine L’Express n’est certes ni le premier ni le seul à préconiser une telle coercition du droit de vote. Le quotidien Le Figaro nous rappelait récemment que dès l’instauration du suffrage universel masculin en 1848 (le féminin suivra un siècle plus tard), s’est posée la question du traitement de l’abstention.

À l’époque, le sujet de l’élargissement du vote censitaire au profit du suffrage universel avait donné lieu à une lutte acharnée qui avait entraîné la chute de Guizot et de la monarchie de Juillet. De ce fait, certains instigateurs du suffrage universel concevaient mal que ce nouveau droit ne soit pas pleinement exercé par les bénéficiaires.

Encore qu’en 1882, un éditorialiste partisan du vote obligatoire concédait volontiers que « pour nous procurer des députés dans le genre de ceux dont nous jouissons, il n’y a vraiment pas de quoi se déranger » (problème éternel, manifestement). Son argumentation en faveur de l’obligation consistait alors à dire que « c’est justement parce que l’abstention électorale augmente, que la qualité législative diminue ». Ne serait-ce pas plutôt le contraire ? Je vais y revenir.

Le retour du vote obligatoire

Plus près de nous, notons que le vote obligatoire figurait dans le programme présidentiel 2017 de Jean-Luc Mélenchon (France insoumise) associé à la reconnaissance du vote blanc, qu’il apparaissait sous forme de question dans la Lettre aux Français d’Emmanuel Macron (janvier 2019) rédigée en préambule du Grand débat national (pour être finalement écarté des décisions) et qu’il a reçu récemment les faveurs du maire de Perpignan Louis Aliot (Rassemblement national) alors que son parti a enregistré un recul inhabituel dimanche dernier. Même ses électeurs se sont abstenus massivement :

Participation au premier tour des élections régionales 2021 selon le vote au premier tour de l’élection présidentielle de 2017 – Enquête IFOP-Fiducial pour TF1 et LCI : 

Il serait donc question de réenchanter la politique et la démocratie… en contraignant davantage l’électeur. Tout un programme qui cache mal le besoin de domination des classes politique et médiatique sur les citoyens et leur incapacité totale à imaginer et/ou admettre des espaces d’existence extérieurs à l’emprise étatique. Écoutons Christophe Barbier in extenso (vidéo d’avril 2015, 03′ 10″) :

 

 

Le simple fait d’entendre un citoyen tout à fait ordinaire, en tout cas pas plus apte que vous et moi pour juger à la place des autres de la meilleure attitude politique à tenir en telle ou telle circonstance électorale, fut-il journaliste avec ou sans écharpe rouge – le simple fait, donc, de le voir décider sur les plateaux-télé que les raisons des abstentionnistes de s’abstenir sont de mauvaises raisons, puis vouloir les punir au nom de la démocratie et de la résistance à la tyrannie est absolument révoltant.

M. Barbier a peut-être les meilleures intentions du monde, mais ce faisant, il saute un peu vite dans les bottes du despote éclairé toujours prêt à tenir (fermement) la main de ses concitoyens, pas assez « conscientisés » aux choses de la politique à son goût, pour les guider comme des enfants incapables de décider par eux-mêmes. On va donc les obliger – à voter, mais on peut penser à d’autres obligations latentes… – puis ensuite punir les récalcitrants et, pourquoi pas, récompenser les « bons » citoyens.

Jolie démocratie. Jolie tentative de contrôle social à la chinoise ou à la nord-coréenne. Eh bien, désolée, mais non merci.

Tout candidat une fois élu aime pouvoir se dire qu’il doit sa place à la volonté du peuple. L’abstention caracolante est alors vécue comme une véritable injure faite à la grandeur de son engagement et de son dévouement. Très vite le non-exercice du droit de vote est considéré comme « une atteinte au contrat social » (dixit Barbier).

Mais quel contrat social ?

Celui qui fait que les droits des citoyens s’accompagnent de devoirs, vous répond-on généralement. Sauf qu’un droit ne peut devenir son propre devoir. Un droit ouvre une porte, il ne comporte nullement l’obligation interne d’être exercé. Sinon, ce n’est plus un droit mais une réduction caractérisée des libertés individuelles.

Puis très vite le peuple est accusé de ne pas reconnaître ses politiciens à leur, non pas juste, mais haute valeur. Très vite ces derniers en viennent à déplorer le recul de la démocratie puis le recul du sentiment collectif. Très vite l’individualisme et l’unique soin que chacun porte à ses misérables petites affaires sont mis en accusation.

Il y a quelque chose de fondamentalement collectiviste dans cette idée autoritaire par nature d’obliger tout le monde à voter. Comme si tout le monde devait s’intéresser à la politique ; comme si, même en s’y intéressant, l’on devait systématiquement adouber l’un ou l’autre candidat de l’offre politique du moment ; comme si l’on ne pouvait pas évaluer la plus ou moins grande importance de certaines élections par rapport à d’autres ; comme si l’on ne pouvait pas refuser de jouer le jeu de politiciens foncièrement clientélistes en campagne électorale puis désespérément occupés, une fois en poste, à se rendre indispensables par leur interventionnisme maladif dans toutes les activités humaines.

Tout comme Mélenchon et la plupart des partisans du vote obligatoire, Christophe Barbier concède que celui-ci s’accompagnerait de la reconnaissance du vote blanc qui selon lui donnerait un signal très utile aux politiciens pour corriger le tir.

Mais outre qu’il est bien audacieux d’accorder du crédit à une répartition des votes effectuée non pas librement mais dans la crainte d’une sanction – exactement comme la justice dans un État de droit ne se satisfait pas d’aveux obtenus sous la contrainte – en quoi l’abstention parfaitement spontanée d’aujourd’hui ne constitue-t-elle pas un formidable avertissement à l’encontre de la classe politique ?

Observons à cet égard que les citoyens français se déterminent de façon parfaitement rationnelle compte tenu de nos institutions. Le régime de la Cinquième République est devenu encore plus présidentiel que ne le voulait le Général de Gaulle lorsque le mandat du Président fut ramené à cinq ans à partir de 2002.

Pas étonnant dès lors que l’élection présidentielle attire nettement plus les électeurs (78 % de participation au premier tour de 2017) que tous les autres scrutins, l’impact de ces derniers sur la vie du pays paraissant bien moindre par comparaison.

Même les élections législatives, celles qui, à mon sens, devraient trôner au centre de notre vie politique comme dans d’autres pays de Constitution plus parlementaire (Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas…) sont vécues comme un simple enregistrement de la nouvelle majorité dans la foulée de l’élection du président de la République (participation de 49 % au premier tour de 2017).

Si l’on s’en tient aux élections régionales, pas très étonnant non plus de constater le désintérêt de l’édition 2021 par rapport au round précédent de 2015.

Il y avait alors une nouveauté : une réforme censée mettre fin aux redondances du célèbre millefeuille territorial français avait eu lieu, faisant passer le nombre de régions en métropole (Corse comprise) de 22 à 13. Depuis, les Français ont eu tout loisir de se rendre compte que cette réforme n’a pas produit les économies ni les simplifications escomptées, ainsi que l’a souligné la Cour des comptes.

Ajoutez des compétences restreintes (les régions représentent 2,5 % du total des dépenses publiques du pays) et mal connues des administrés et vous avez la recette parfaite pour un sympathique dimanche loin des urnes.

À vrai dire, il en va du fonctionnement des élections comme du fonctionnement de n’importe quel marché concurrentiel où des individus libres échangent des biens et services. Les candidats aux élections constituent l’équivalent politique de l’offre marchande de tablettes de chocolat, de séries télévisées ou de chaussures de ski, tandis que les électeurs représentent les clients, c’est-à-dire la demande.

Un élu dévoué qui me lirait se boucherait probablement les oreilles devant mon odieuse « marchandisation » de la politique, mais ce que nous dit très clairement l’abstention de dimanche dernier, c’est qu’il n’y a guère de demande citoyenne pour l’organisation régionale telle qu’elle s’articule actuellement, quelles qu’en soient les différentes raisons et quelles que soient les propositions (candidats) disponibles, exactement comme de mauvaises ventes sur, disons, des trottinettes à hydrogène reflèteraient le manque d’intérêt des clients pour ces produits, peu importe le fabricant, en raison d’un prix trop élevé, de fonctionnalités défaillantes, d’un poids excessif et que sais-je encore.

Mais contraignez l’un des paramètres de ces marchés (prix, quotas, subventions pour le marché des biens et services – vote obligatoire pour le marché électoral) et vous perdez les informations qui permettraient à l’offre de s’améliorer et de retrouver une demande dynamique.

Finalement, dans leur frénésie obsessionnelle à se maintenir au pouvoir par tous les subterfuges possibles sans admettre jamais qu’ils puissent être sanctionnés par les électeurs pour leur incurie, leur incohérence et leur incompétence, les politiciens sont les premiers responsables de l’abstention massive qu’ils déplorent.

Il est typique de leur désastreux complexe de supériorité de refuser de prendre en compte les indicateurs que les électeurs placent obligeamment sous leurs yeux. Ils préfèrent de beaucoup pousser la poussière de leurs carences sous le tapis et tout mettre hypocritement sur le dos de l’incivisme des citoyens dans un assaut de coercition et de surveillance supplémentaire. Aveuglement délétère. Ça promet.

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