À Brioude, la politique culturelle de la ville embarque les écoles dans le monde de la création artistique
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Les écoles publiques et privé de Brioude sont au cœur d’une série d’actions culturelles impliquant des compagnies artistiques. Elles déboucheront sur des créations impliquant les élèves.
La ville de Brioude a choisi de développer, sur l’année scolaire 2021-2022 un nouvel axe de sa politique culturelle. Elle a lancé un programme d’ateliers et de créations impliquant les élèves des trois écoles de la commune. Un travail réalisé avec des acteurs extérieurs, issus du monde culturel, et se répartissant autour de trois thématiques : résistance et exil ; environnement et cinéma ; chants et danses traditionnelles.
Théâtre, cinéma, chants et danses...Si les deux autres vont être lancés dans les semaines à venir (voir ci-dessous), le premier rendez-vous a été initié ce jeudi 18 novembre au matin, à l’école Jules-Ferry. Il est mené par Baptiste Legendre et Marie Jouve de la compagnie les Herbes folles. Les deux artistes vont travailler durant l’année avec les élèves de trois classes : deux de Jules-Ferry et une de Sainte-Thérèse.
Ce projet, consacré à l’esprit de résistance et à l’exil, s’étale sur plusieurs rencontres avec les élèves complétées par du travail réalisé en classe autour de chansons liées au thème et choisie par les enseignants. Il doit déboucher sur une représentation de théâtre impliquant les écoliers, à la Halle aux grains. L’intrigue de la pièce a déjà été travaillée par la compagnie des Herbes folles. Elle se base en partie sur une histoire vraie : celle d’un Résistant anglais de la Seconde Guerre mondiale, qui, bloqué en maison de retraite, prend la tangente pour pouvoir assister aux cérémonies des 70 ans du Débarquement. Une réalité à laquelle succède la fiction :
Il partira ensuite faire un tour du monde lors duquel il rencontrera des figures historiques ou symboliques de la résistance. Elles n’ont pas encore été choisies, on s’adaptera à ce que les élèves vont faire en classe, précise Baptiste Legendre. Cela pourrait être la militante pakistanaise des droits des femmes Malala Yousafzai, le célèbre homme de Tian’anmen, ou encore Tommie Smith, qui avait levé son poing ganté de noir aux JO de 1968…
D’ici à ce que les élèves se produisent, il va tout de même se passer quelques mois de travail. Ce jeudi matin, dans la classe de CM1/CM2 de Sarah Courtois, ils ont eu droit à un premier contact avec Baptiste Legendre et une confrontation à la thématique. Tout a débuté avec quelques chansons de son répertoire. Puis une chanson sur Albert, le personnage de la pièce. Ensuite, les enfants, par petits groupes, ont planché sur le texte de l’hymne italien à la résistance, Bella Ciao. Une tentative de traduction qui « oblige à un travail ensemble et permet d’avancer sur la thématique de la résistance », précise l’artiste.
... pour parler de résistance, d'exil, d'environnement et de traditionsLes enfants ont ensuite essayé de définir, avec leurs mots, trois termes : liberté, partisan et envahisseur.
Le mot liberté a été un peu difficile à expliquer. Pour eux, c’est normal, c’est acquis, il est donc plus difficile de se questionner sur son sens. Certains sont passés par la négation.
Et leur institutrice, Sarah Courtois de remarquer, « on en revient beaucoup à la liberté physique : ne pas pouvoir sortir, ne pas pouvoir aller au parc ou à l’école ». Les écoliers se sont également penchés sur les mots, les idées, que leur évoquent le terme « résistance ». « Au départ, il était question de violence, puis petit à petit on est allé vers la paix, le pardon, l’amour », détaille Sarah Courtois. La matinée s’est achevée sur un atelier chant de Bella Ciao.
Création de court métrageLa compagnie Silence Saturne encadrera, du 22 au 26 novembre, les élèves de sept classes issues de la Borie-Darles et Sainte-Thérèse au fil d’ateliers mêlant cinéma et environnement. « Le but sera de créer un court métrage d’animation, explique Cyrille Sarrias, adjoint à la culture. Ils vont créer le story-board, le scénario et les décors. Puis ils filmeront les personnages image par image. Les élèves concernés iront du CP au CM1. Et la particularité, c’est que chaque classe prendra le travail à la suite de la précédente. » La partie environnement viendra notamment de Silence Saturne, qui n’utilise que des matériaux de récupération pour créer ses personnages et ses décors. L’ensemble aboutira à la création d’un court métrage qui sera diffusé le 6 décembre à la Halle aux grains.
La prochaine séance aura lieu en janvier avec Marie Jouve et sera consacrée à des textes et au théâtre. « Ensuite, d’avril à mai, nous passerons quatre demi-journées sur une semaine dans chaque classe, explique Baptiste Legendre. On montera des scènes en relation avec des figures de résistance. Albert va en rencontrer six dans la pièce. Cela permet de travailler six stations avec six demi-classes. La pièce prévoit aussi des chants en commun. »
Le travail s’achèvera par un spectacle sur scène. Avant cela, la compagnie des Herbes folles se produira le 14 mai, avec des chansons du répertoire exploité par les jeunes, pour « donner à voir aux élèves qu’une même matière peut être utilisée de façon différente. »
Plongée dans les traditionsLa troisième et dernière action sera consacrée aux chants et danses traditionnelles. Elle sera encadrée par le CDMDT 43 et Brivatrad. Neuf classes (trois par établissement), allant de la maternelle à l’élémentaire, participeront à des séances de 45 minutes centrées sur la découverte des chants, instruments et danses des anciens. À l’issue des ateliers, un grand bal des familles sera organisé à la Halle aux grains.
Pierre Hébrard