Un porteur du VIH de l'Allier partage son quotidien : « J'ai vite compris qu'il fallait faire confiance à la science »
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Habitant de la région de Montluçon (Allier), un homme porteur du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) revient sur la découverte de sa contamination et sur sa vie depuis.
« Je suis indétectable, je ne peux pas transmettre le VIH. » Cette phrase, comme un remède à l’ignorance, fait partie des premières paroles prononcées par cet habitant de la région de Montluçon (Allier). Pour la journée mondiale de lutte contre le sida aujourd’hui, il a accepté de parler de son quotidien avec le virus. « Je témoigne juste en me disant que, si ça peut aider et faire évoluer les choses, c’est bien. »
Contaminé après une relation non-protégéeÂgé de 47 ans, le Bourbonnais a contracté le VIH il y a cinq ans. « J’ai eu une relation non protégée avec une femme. Très vite, je suis tombé malade, avec une forte fièvre. » Il consulte son médecin, fait une prise de sang et le résultat ne laisse plus de doute.
« Ça a été la douche froide, la peur de tout, la peur de mourir. Je me suis senti sale. »
Ses pensées ne se sont pas arrêtées là. « J’ai pensé à me donner la mort. » Avec le recul, il retient la chance qu’il a eue. « J’ai été pris en charge au tout début. Les médecins ont pu agir très tôt. On m’a tout expliqué. J’ai été bien suivi psychologiquement. Puis, mis sous thérapie. »
Le quadragénaire s’habitue alors à un nouveau rituel de vie : prendre un comprimé chaque jour à la même heure. « Dorénavant, grâce aux progrès scientifiques, je prends un cachet quatre jours par semaine seulement. On sait que c’est pour sa santé. On est donc rigoureux. » Le traitement met en sommeil le virus.
« Il ne se développe pas. Avec moi, vous ne craignez rien. On dit que je suis indétectable, je ne peux pas transmettre le VIH »
Bientôt, des injections bimestrielles devraient lui permettre de vivre encore plus librement. Sans comprimés. Soit une belle avancée, estime-t-il. « Au départ, j’étais dans les vieux clichés, mais j’ai vite compris qu’il fallait avoir confiance en la science. »
Un chiffre : 40 ans. Si la découverte du VIH-1 par des chercheurs pasteuriens date de 1983, découverte récompensée par le Prix Nobel de médecine 2008, les premiers cas ont été décrits aux États-Unis dès 1981. On ne parlait pas encore de sida, mais de « gay syndrome ».
Malgré le traitement, toujours des craintesSa santé reste fragile. Tous les six mois, il doit faire un bilan médical pour vérifier si tout va bien. « J’ai toujours le trac, mais la docteure est très rassurante. Par respect, je fais très attention au quotidien. D’ailleurs, j’ai plus peur de ce que les autres pourraient me transmettre, que l’inverse. » En effet, son exposition à d’autres maladies peut lui nuire et, avec la pandémie du coronavirus, il a eu quelques craintes supplémentaires.
« Je me suis demandé ce qu’il se serait passé si la fabrication de mon traitement s’était arrêtée. C’est en quelque sorte mon oxygène. »
Pour lui, avoir le VIH n’est pas un sujet, ni dans la sphère privée, ni dans la sphère professionnelle. « Il n’y a pas de tabou. Je dis juste que j’ai une maladie auto-immune. Les discussions sont très courtes. »
Dès le départ, il a informé ses parents. « J’ai une relation extraordinaire avec eux. Ils voient que je vais bien. Cependant, parfois, ils me demandent encore : “Est-ce que ça va ?”. Quand je fais mes bilans, je leur dis qu’ils sont bons. » Au fil du temps, il s’est également confié à quelques proches : « Il y a des moments plus sensibles, plus fragiles. On ne sait jamais ce qui peut arriver. »
Un message : être prudentDans sa vie quotidienne, l’homme, à la voix calme et posée, ne voit rien qui a véritablement changé.
« Je pense que j’ai refusé de laisser ce virus prendre le dessus sur ma vie. Je suis normal. J’ai une vie normale avec le VIH. C’est comme une copine. Il m’arrive de l’oublier. »
À 47 ans, il ne s’empêche jamais de vivre, continue à sortir, rire, s’amuser. « Pour les rapports sexuels, je dis que je suis séropositif indétectable. Et régulièrement, il y a des personnes qui me disent la même chose. Je me rends compte que je suis loin d'être le seul concerné. »
Le message que je veux faire passer, c’est qu’il ne faut jamais baisser la garde, même s’il y a la confiance. Et s’il vous arrive ce genre de choses, il faut quand même en parler, dialoguer, se renseigner, aller vers les autres. Aujourd’hui on en meurt moins. J’ai commis une erreur de parcours. Je suis un être humain.
Brian Le Goff