À la maison d'arrêt de Montluçon (Allier), la lecture comme moyen de s'évader
Depuis plus de vingt ans, la médiathèque Boris-Vian de Montluçon (Allier) a un partenariat avec la maison d’arrêt de la cité des bords du Cher. Elle accompagne ainsi un détenu bibliothécaire dans la gestion d’un fonds documentaire.
La pièce ne fait qu’une quinzaine de mètres carrés, au sein de la maison d'arrêt de Montluçon (Allier). Pourtant, ce sont près de 1.150 documents qui y sont rassemblés : des romans, des bandes dessinées, des mangas, des livres documentaires… Tous gérés au quotidien par un détenu auxiliaire bibliothécaire.
« C’est un contrat de confiance que nous passons avec le détenu », explique Nadine Wenzel, la cheffe d’établissement. « C’est une grosse responsabilité pour lui. Il doit être à la bibliothèque tous les jours, ouvrir et recevoir les autres détenus… Il doit gérer les entrées et les sorties de documents, suivre les demandes et avoir le comportement adéquat pour mener à bien le partenariat avec la médiathèque ». Il y a en effet trois partenaires : la médiathèque Boris-Vian, la maison d’arrêt et le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (Spip), qui alloue notamment un budget pour régulièrement renouveler le fonds.
Un lieu « très important » pour la maison d’arrêtPour la gestion du fonds de la maison d’arrêt, le détenu est donc accompagné par l’équipe de la médiathèque Boris-Vian de Montluçon. « Nous intervenons tous les quinze jours », précise Violaine Rivassou, directrice adjointe de la médiathèque.
« Nous sommes là pour répondre aux demandes particulières, pour l’aider à connaître le fonds, le renouveler… C’est quelque chose que nous faisons depuis longtemps. Notre plus ancienne convention avec la maison d’arrêt remonte à juillet 1999. »
Un partenariat a été mis en place entre la médiathèque de Montluçon et la maison d'arrêt. © SALESSE Florian
Le 14 décembre dernier, l’équipe de la médiathèque a fait la connaissance du tout jeune détenu récemment nommé auxiliaire bibliothécaire (l’auxiliaire change régulièrement en fonction des situations pénales et des transferts).
Un détenu qui affiche déjà sa motivation pour assumer cette fonction : « Depuis petit j’aime lire. J’ai toujours eu un bon rapport avec les livres, il faut en prendre soin. C’est pour cela que j’ai postulé. La bibliothèque est très importante pour la maison d’arrêt. En prison, on a du temps… Alors, c’est mieux de lire que de ne rien faire. Avoir des livres en cellule, cela permet de nous évader un peu… Et puis, ce travail me permet d’aider les autres détenus, notamment pour écrire des courriers. »
Cet amateur de mangas et de romans policiers espère également donner le goût de la lecture aux autres. Ce qui est tout l’objectif de ce partenariat entre la maison d’arrêt et la médiathèque.
La maison d'arrêt dispose d'un fonds d'environ 1.150 documents. © SALESSE Florian
Pour « garder une curiosité pour l’extérieur »« À travers de nombreuses actions, nous essayons de toucher tous les publics. Ici, nous avons un public moins conquis, parfois éloigné de la lecture. Ce partenariat est donc essentiel », soutient Violaine Rivassou. Nadine Wenzel ajoute : « Beaucoup se disent que ce n’est pas pour eux. Ce qui n’est pas vrai. »
« La culture est très importante. C’est pour cela que l’administration pénitentiaire évolue. On essaye de faire entrer la culture ici : des livres, des spectacles… »
Elle conclut : « Cela permet aux détenus, même s’il y a des murs, de garder une curiosité pour l’extérieur et de leur donner le goût de quelque chose qu’ils ne connaissent pas forcément. » De quoi contribuer, aussi, à leur future réinsertion.
Photos : Florian Salesse
Texte : Laura Morel