Jean-Louis Leca, gardien de l’avenir
Jean-Louis Leca va désormais partager plus souvent son temps de jeu avec Wuilker Farinez durant la 2e partie de saison, dans une logique de transition et de passage de témoin. Le Corse s’est lui-même appliqué à mettre le portier vénézuélien de 23 ans à son aise en Europe et contribuer ainsi à préparer l’avenir pour le RC Lens.
Depuis 20 ans, on a eu l’occasion de connaitre des transitions parfois difficiles d’un gardien à l’autre au RC Lens. Personne n’a oublié le départ brutal de l’emblématique Guillaume Warmuz en 2002-2003. Après une mauvaise période et des erreurs à Porto, il avait subitement décider de s’éclipser pour passer la main à un tout jeune Charles Itandje que l’on avait d’ailleurs vu très ému à l’occasion d’un échange avec lui en octobre 2017, sur SFR Sport. A son tour, Charles Itandje était passé de titulaire à persona non grata par Guy Roux, désireux d’imposer Vedran Runje et Ronan Le Crom. Il y a aussi eu le départ non voulu d’Alphonse Areola, impossible à conserver en 2014 à cause des difficultés financières, Nicolas Douchez qui n’avait pas très bien pris l’intention d’Alain Casanova d’installer Jérémy Vachoux en numéro en 2016, Joris Delle passé de numéro un à numéro 3… Cette fois, le RC Lens s’est donné les moyens de préparer une belle transition entre 2 gardiens de talent, l’un de plus en plus proche de la fin d’une carrière bien remplie (mais pas terminée !), l’autre promis à un grand avenir.
Il faut dire qu’avec Jean-Louis Leca, le RC Lens est de toute évidence tombé sur la bonne personne, en le faisant venir d’Ajaccio en 2018. Le gardien de maintenant 36 ans a connu des bas, mais il a jusqu’ici connu beaucoup de hauts en Sang et Or. Il y a eu de bonnes performances, de belles saisons et une importance évidente quand il a fallu cimenter un vestiaire. Son impact dans la vie du groupe en tant que cadre est important. Y compris auprès des jeunes. Sa capacité à transmettre s’est faite ressentir de plus en plus. Depuis l’arrivée en 2020 en provenance du Millonarios FC de Wuilker Farinez, présenté alors comme l’un des portiers les plus prometteurs d’Amérique du Sud, on sait que le RC Lens a dans l’idée de préparer la suite. Car il y a bien un moment où Jean-Louis Leca devra tirer sa révérence, lui l’amoureux de son Ile de Beauté natale qui a passé jusqu’ici pratiquement 8 années de sa carrière dans notre région, à Valenciennes et Lens. Au détour d’un match amical, de quelques minutes d’entraînement, il n’est pas rare de le voir échanger avec la bande de jeunes gardiens qui l’accompagne. Jean-Louis Leca est de 13 ans l’aîné de Wuilker Farinez. De 16 ans celui de Yannick Pandor, de 18 ans celui de Valentino Lesieur… En complément de Thierry Malaspina, il joue le jeu de les préparer à l’avenir, en distillant ses conseils. Personnage entier, on sait qu’il n’y a rien de feint quand il tombe dans les bras de Wuilker Farinez après une séance de tirs au but victorieuse pour ce dernier en début d’année contre Lille ou quand il partage une joie rageuse avec Facundo Medina à Saint-Etienne en fin de match, alors qu’il sait déjà ce qu’a prévu Franck Haise pour la 2e partie de saison.
On sait Jean-Louis Leca particulièrement compétiteur. On devine que même s’il y était préparé, même s’il contribue lui-même depuis plusieurs mois à préparer le terrain pour Wuilker Farinez, il a dû avoir un pincement au cœur lorsque Franck Haise lui a exposé son intention d’alterner plus souvent entre ses désormais 2 « numéros un » pour la suite de la saison, avant que le Vénézuélien ne devienne probablement le seul titulaire au début de l’exercice 2022-2023, si tout se déroule bien pour lui. Jean-Louis Leca a œuvré pour lui donner les armes pour ça, dans un contexte où l’on sent depuis longtemps une appétence pour la nouveauté autour du RC Lens, notamment sur les réseaux sociaux, où l’on a parfois un peu vite eu envie de le pousser sur le banc pour des performances un peu en dessous. Franck Haise semble aussi avoir fait les choses bien en expliquant qu’il n’y aura pas d’épée de Damoclès prête à tomber au-dessus de la tête de l’un ou l’autre en cas d’erreur. La perspective de ne pas avoir un seul numéro un peut interroger, elle n’est pas très habituelle, mais la situation semble bien différente de celle vue au PSG, où la moindre bourde de Navas pouvait sonner comme une occasion pour installer définitivement Donnarumma. Il ne faut pas oublier que si Wuilker Farinez va pouvoir prendre un peu plus la lumière des projecteurs, l’occasion de le voir parfaire encore un peu plus son adaptation au football européen, Jean-Louis Leca, sous contrat jusqu’en 2023, n’a pas encore terminé son aventure en Sang et Or. Franck Haise ne l’a pas mis en préretraite ni sanctionné. Si ce processus qui va voir les 2 joueurs se partager le temps de jeu va permettre à Wuilker Farinez de prendre la mesure de son futur statut en douceur, c’est aussi l’occasion d’offrir une belle sortie du poste de numéro un au Racing à Jean-Louis Leca, qui va encore avoir l’opportunité de briller sur le terrain dans les mois à venir. Le RC Lens, monté en Ligue 1 avec Jean-Louis Leca, brillamment maintenu avec Jean-Louis Leca aussi, lui doit bien ça, a sans aucun doute sûrement aussi encore besoin de lui sur le terrain et l’histoire serait encore plus belle si lui comme Wuilker Farinez pouvaient maintenant s’illustrer à tour de rôle.
Christophe Schaad
The post Jean-Louis Leca, gardien de l’avenir appeared first on Lensois.com.