Du juste prix des circuits courts
La soirée a été animée par Perrine Puyberthier cheffe de projet du projet alimentaire territorial (PAT). Elle a commencé par demander si la production en circuits courts est viable. Olivier Rimareix (viande, légumes, boucherie) rattaché à une boutique d’Aubusson, ne compte pas ses heures : « On tient en partie avec les aides. Mais sans la participation de ma femme et le maillage local, on tiendrait pas ». Gaëtan Thonnet travaille à plus grande échelle. Il dépend des gros acheteurs qui font la loi sur les prix. Il s’est orienté depuis 10 ans vers la vente directe : « On vend à perte et ça coûte plus cher à produire. J’ai cherché l’équilibre en envisageant la fin des primes. Mais on dépend trop des autres et ça reste difficile de s’organiser avec les collectivités ». Marie-Claude Joly (production de lait et fromages) constate une demande en hausse depuis deux ans : elle vend bien, mais le coût de transport est élevé et tenir l’équilibre difficile. Josy Fidanzi tient L’Epicerie, produits locaux en vrac à Aubusson. Elle travaille avec une quinzaine de producteurs locaux et s’en sort grâce aux « à côté » comme le café, l’absence d’emballages et une clientèle fidèle. Mme Berger qui dirige l’Intermarché d’Aubusson souligne ses efforts pour travailler localement et respecter les prix des producteurs, mais la marge n’est pas élevée et il en faut aussi pour toutes les bourses. Beaucoup de consommateurs préfèrent acheter bon et local, mais cela a un coût. Quand les moyens manquent, on n’a pas non plus forcément le choix de « bien » manger. Isabelle Barraud, directrice d’école à Ars se dit prête à dépenser plus pour défendre la production locale. C’est aussi une question d’éducation et le goût de cuisiner avec de bons produits s’apprend tôt. Claire Caillaud est coordinatrice de l’association Résalis : « Chacun doit apprendre à s’adapter à l’autre sans être trop perdant, il faut une vision d’ensemble ». Le chemin est long depuis la production jusqu’à l’assiette, mais possible avec un soutien politique attentif, comme le souligne Valéry Martin, conseiller départemental aux politiques territoriales. Perrine Puyberthier poursuit sa route vers d’autres rencontres qui font avancer la parole sur le sujet, un document de synthèse est prévu pour en rendre compte à l’issue de sa mission.
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