"On dit souvent que quand les Français viennent en Espagne, ils regardent les Espagnols de haut, se sentent supérieurs…"

Présenté hors Compétition en mai dernier à Cannes, Las bestias a fait forte impression sur la Croisette. Au dernier jour du festival, on rencontrait son réalisateur Rodrigo Sorogoyen et Isabel Peña, sa fidèle coscénariste depuis Stockholm en 2013. Croulant sous la chaleur sur une plage privée cannoise, les deux Espagnols évoquaient avec enthousiasme ce thriller intense aux airs de western à la Sam Peckinpah situé dans les montagnes de Galice. Sorogoyen ne cache pas en effet que Peckinpah et singulièrement Les Chiens de paille l'ont influencé pour son sixième long métrage.

"Dès le départ, Sam Peckinpah était une grande référence, confirme-t-il. Mais on savait aussi que nous voulions casser cette référence, la mettre de côté. Quant au western, c'était évident pour cette histoire, avec la nature, l'étranger, sa non-acceptation par les villageois, ce bar avec le méchant… J'étais très intéressé par l'aspect visuel du western en général. Mais, à nouveau, c'était une référence qu'il fallait faire disparaître à un certain moment."

Avec ses paysages de montagne arides, ses chevaux sauvages, la Galice, région du nord-ouest de l'Espagne, se prête parfaitement à ce western revisité. Mais ce n'est pas la seule raison du choix d'y situer l'intrigue de Las bestias. "Ce que vous devez savoir, c'est que le scénario se base sur une histoire vraie qui s'est déroulée en Galice, explique Sorogoyen. Isabel et moi connaissions la Galice, qui a une côte très impressionnante. Mais nous ne connaissions pas spécialement la région montagneuse. On a donc dû faire des recherches, voyager dans la ...