Charles-Louis Philippe, le talentueux écrivain de Cérilly (Allier) disparu trop tôt
Géré par l’Association internationale des amis de Charles-Louis Philippe (1874-1909) - elle a été fondée en 1935 par l’écrivain bourbonnais Émile Guillaumin -, le musée, qui est aujourd’hui propriété de la commune de Cérilly, a été ouvert en 1937. Il est situé dans la maison familiale de l’auteur qui y a passé toute sa jeunesse.
Le vieil escalier, sa chambre, l’atelier du père sabotier, la cour et son puits sont autant de témoignages de la vie et de l’œuvre de celui qui avait déclaré : « Je crois être, en France, le premier d’une race de pauvres qui soit allé dans les lettres ». Visite à travers cinq objets présentés par Marie-Thérèse Aurat, l'un des membres de l'association.
1. Sa chambre
Marie-Thérèse Aurat dans la chambre de Charles-Louis Philippe.
La chambre de Charles-Louis Philippe, avec son mobilier d’origine, se trouve au premier étage. De dimension modeste, elle donnait sur la cour. « À douze ans, je vécus dans la chambre d’en haut, elle contenait un peu d’indépendance, témoigne l’écrivain dans La Mère et l’Enfant. Un bruit d’outil sur le bois, c’est mon père. Des pas qui travaillent, c’est maman. Des livres et des imaginations, c’est moi ».
« Avant, toute la famille couchait au rez-de-chaussée dans la pièce à vivre, complète Marie-Thérèse Aurat, membre de l’association. Il appelait la pièce la chambre de maman car il avait une grande admiration pour sa mère ».
2. Le puits.
Le puits était partagé avec les voisins.
C’est l’endroit où la famille puisait l’eau. C’est là aussi où venaient se servir les proches voisins. Parmi eux, un certain Jean Giraudoux - son père était percepteur à Cérilly, NDLR -, écrivain dans ses jeunes années avant de se tourner avec succès vers les pièces de théâtre.
A Treignat, les amoureux de la mob ont trouvé leur refuge
« A la mort de Charles-Louis Philippe - à 35 ans, N.D.L.R -, Giraudoux l’a fait rentrer dans son premier roman, Simon le pathétique ». Ce puits était également utilisé par les domestiques de la famille de Marcellin Desboutin, célèbre peintre lui aussi originaire de Cérilly.
3. Le père sabotierPour les gens de Cérilly, Charles-Louis Philippe était le fils du sabotier.
Pour les gens de Cérilly, Charles-Louis Philippe, qui souffrira toujours d’une reconnaissance locale, est le fils du sabotier. « Il sait qu’il ne percera pas dans la littérature s’il reste à Cérilly, explique Marie-Thérèse Aurat. Il monte à Paris où il devient un émigré. Pour se faire une place dans la société, il sait que ce sera à la force du poignet mais aussi grâce à ses qualités humaines ».
Dans Charles Blanchard, l’un de ses romans, « il fait entrer le sabotier dans la littérature qu’il voit symboliquement comme la lutte entre l’homme et la nature ».
4. Le Père PerdrixLe Père Perdrix, l'un des ouvrages de référence de Charles-Louis Philippe.
Moins connu que Bubu de Montparnasse, le Père Perdrix, sorti en 1902, est, selon Marie-Thérèse, « le premier ouvrage de la littérature où l’on parle d’un vieux bonhomme lambda dont la vie n’a plus de sens car il vient d’arrêter son métier de forgeron ». C’est une histoire vraie car le Père Perdrix n’est autre Jean-Baptiste Galand, un voisin de Charles-Louis Philippe qu’il considérait comme son grand-père. Dans le roman, le Père Perdrix mettra fin à ses jours à Paris. A Cérilly, il passera son temps à attendre sur un banc.
5. La pipe
"Les plus beaux instants de ma vie ont été des pipes", a écrit Charles-Louis Philippe.
Charles-Louis Philippe, qui a été à trois reprises désigné pour le prix Goncourt, fumait la pipe. Deux lui ayant appartenu sont exposées au rez-de-chaussée et, au premier étage, dans sa chambre, on trouve un râtelier.
« C’est la méditation, la rumination quand il prépare ses œuvres, image Marie-Thérèse Aurat. C’est de cette pipe que sort son inspiration ». Pour l’ancienne professeur de lettres, l’écrivain cérillois est le « Toulouse-Lautrec de la littérature ». Car comme lui, outre un talent certain pour les arts, il a vécu une vie parisienne trépidante, fréquentait les bordels et avait une santé très fragile.
Selon son ami Léon Werth, Charles-Louis Philippe est devenu l'un des précurseurs de la littérature populiste.
Pratique. Le musée se trouve au 5, rue Charles-Louis Philippe à Cérilly. Il est ouvert le samedi, le dimanche et les jours fériés de 15 heures à 18 heures. Visites possibles sur rendez-vous. Entrée : 2,5 euros. Contact : mairie de Cérilly au 04.70.67.52.00.
Fabrice Redon