En France, les rendements de pommes de terre n'ont jamais été aussi faibles depuis 20 ans
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Le secteur de la pomme de terre est touché par une baisse de production « historique ». La taille et la conservation présentent des caractéristiques inhabituelles.
« Une dégradation historique des rendements nationaux de 20 % par rapport à la moyenne des vingt dernières années ». L’UNPT (Union nationale des producteurs de pomme de terre) annonce également que cela « représentera le plus faible rendement sur la même période. »Le NEPG (groupement des producteurs de pommes de terre du nord-ouest européen, comprenant les Pays Bas, la Belgique, l’Allemagne et la France) signale une « baisse de production de 9 à 11 % sur son secteur. 20% pour la Belgique. »
« Seule l’Allemagne et les Pays-Bas permettent de compenser l’effondrement de la production grâce à un climat estival plus favorable », estime Grégoire Jaquemet, administrateur de l’UNPT et référent pour le secteur Beauce.« Sur notre secteur (allant de l’Essonne, l’Eure-et-Loir, le Loiret et l’Indre), nous avons été épargnés grâce à l’irrigation. Sans ça, le bilan aurait été plus catastrophique que dans le nord. En autorisant l’arrosage pour notre culture, les préfets ont compris l’impératif de souveraineté alimentaire », indique le représentant UNPT, également producteur en Eure-et-Loir.
La région des Hauts-de-France, représentant, à elle seule, 64 % de la production nationale, en grande partie pour le marché du frais et de la transformation industrielle, serait « la plus touchée » selon l’UNPT.
Hétérogénéité de la récolte« La perte moyenne peut atteindre 30 % pour les parcelles non irriguées avec des extrêmes déjà relevés à 50 %. En comparaison des vingt dernières années, la perte représenterait 1,5 million de tonnes, soit une perte de surface de 40.000 ha », selon l’Union.Les producteurs sont inquiets au sujet des futurs prix de ventes et de leur coût de production en hausse. Photo : Quentin Reix.
Dans un même champ, les calibres de pommes de terre varient « du simple au double ». Une crainte supplémentaire pour les producteurs vis-à-vis de leurs clients et des contrats passés. Les conditionneurs Parmentine et Pom’Alliance confient « avoir anticipé cette baisse en accord avec les producteurs ».
« Nous avons revu notre cahier des charges à la baisse, reconnaît Antoine Gricourt, responsable des achats fruits et légumes au niveau national pour Auchan. Nous allons passer d’un calibre de 50 à 45 mm de diamètre pour le marché du frais. »
Augmentation du coût de productionLe secteur agricole est, lui aussi, confronté à une hausse du coût de production (salaires des saisonniers, prix des produits phytosanitaires, des carburants et de l’énergie). Les pommes de terre sont placées dans des frigidaires à 4 °C pour éviter leur germination. Une tel équipement peut coûter à lui seul "jusqu'à 290.000€". Photo : Q. Reix. « Une facture qui augmente encore ! Nos coûts de fonctionnement approchent 9.000 € par hectare. Ils vont atteindre 9.500 €/ha. Nous sommes plusieurs à envisager un changement de culture à l’heure où le prix des céréales flambe », se désole Grégoire Jaquemet.
Habituellement, les pommes de terre germent deux mois après la récolte. « Cette année, la germination se déclare quinze jours après la récolte. Du jamais vu ! En ce moment, l’Espagne ou l’Italie achètent à un meilleur prix que le marché hexagonal. Ils ont déjà commencé à approcher nos producteurs qui souhaitent écouler leur production plus tôt. »
L’UNPT a tenu une réunion de crise, le 2 septembre, pour « proposer un plan d’urgence et de sauvegarde de la production française », en présence du ministre de l’Agriculture. « Les réponses du gouvernement sont maintenant attendues », souligne l’Union.
Thomas Desprez