Sur la route des déchets du Cantal : enfouir à 200 km comme Aurillac, « c'est la triple peine »
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C’est l’un des rares supports d’information spécialisés sur cette thématique. La lettre Déchets infos est éditée par le journaliste Olivier Guichardaz. Le rédacteur en chef répond à nos questions, apportant un éclairage national à la problématique locale du traitement des ordures ménagères.
Quels sont les freins à la création de ces installations ?
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Il y a un peu tous les cas de figure. Pour la gestion des déchets, les élus dépendent des scrutins communaux, qu’ils soient dans un syndicat ou une intercommunalité. Ils sont susceptibles de changer tous les six ans, et parfois cela ne facilite pas la prise en compte des problèmes. Leur position n’est pas facile. Globalement, la gestion des déchets coûte de plus en plus cher. Quand on compare l’évolution du coût des déchets, en parallèle avec l’inflation, le coût des déchets augmente plus vite.
Il y a des élus qui s’intéressent au sujet et, pour la population, tout dépend de la facture qu’elle paye et la façon dont elle la perçoit. Pour que les déchets soient gérés correctement, il faut que le problème soit pris à bras-le-corps par les élus, et qu’ils communiquent, pour que la population comprenne.
Y a-t-il une baisse de déchets résiduels produits au niveau national ?
Il y a depuis quelques années une légère baisse, mais qui n’est pas au niveau des objectifs fixés par la loi.
Dans le Cantal, nous en produisons environ 250 kg par an et par habitant...
C’est relativement élevé pour une zone rurale. Il y a des collectivités qui arrivent à être à 150, voire 100 kg par habitant.
Je ne veux donner de leçon à personne, mais une piste possible pour la réduction des coûts peut être la baisse des quantités de déchets résiduels, ce qui signifie d’augmenter la part des déchets triés, notamment via les déchetteries…
La question de la tarification incitative est régulièrement soulevée…
Je suis réservé : pour la mettre en place, il y a une logistique un peu complexe… Politiquement, ce n’est pas facile non plus. Elle peut avoir un côté anti-social. La Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (Teom) est basée sur le foncier bâti, on paye moins cher pour un petit appartement que pour une grande maison. Il y a un côté social, même si c’est imparfait.
La redevance incitative n’a aucun caractère social. On paye en fonction des déchets, que l’on soit riche ou pauvre. Cela peut créer des difficultés pour certains ménages. Il faut faire attention, et c’est ce qui fait que les élus sont réticents. Les inconvénients sont un peu gommés avec la Teom incitative, mais pas totalement.Il y a un dernier point : cela peut inciter à trier, mais aussi à mettre les déchets résiduels n’importe où, et l’on constate souvent le développement de dépôts sauvages, ou de brûlages sauvages.
Parfois, les intercommunalités mettent en place des années blanches, avec un message : “Si la tarification incitative était en place, voilà combien vous auriez payé.” On s’aperçoit que, déjà, les gens trient beaucoup mieux, parce qu’ils sont informés. Il suffit d’informer, faire plus de communication, et on a les effets positifs, sans les effets pervers. Si on donne les moyens pratiques et techniques de bien trier, la population le fait.
Propos recueillis par Pierre Chambaud et Romain Blanc