Une mairie du Cantal "harcelée" : la polémique autour d'un concours de chiens de chasse
![Une mairie du Cantal](https://www.lamontagne.fr/photoSRC/VVZTJ19dUTgIDAVOBQwd/hippodrome-meute-de-chiens_6407171.jpeg)
« Harcelée » par mail et téléphone, la municipalité de Riom-ès-Montagnes a reçu un torrent de messages exigeant l’annulation d’un concours de chiens de chasse. Le maire et la directrice générale des services ont été nommément visés par des militants de la cause animale. Quand la ruralité se sent stigmatisée…
Une « soixantaine de mails », calcule François Boisset, le maire communiste de Riom-ès-Montagnes. Sans compter les appels téléphoniques… « On a été harcelés », confirme l’élu. Tout ça pour un concours que la municipalité n’organise pas elle-même. « Moi, j’ai simplement mis à disposition le tennis couvert pour les repas. »
— Zazupitts (@Zazupitts4) January 23, 2023Ce concours de meutes de chiens sur sangliers est prévu les 25 et 26 février sur les territoires des associations de chasse communales agréées d’Apchon, Champs-sur-Tarentaine, Condat, Lanobre, Marchastel, Menet, Riom-ès-Montagnes, Saint-Amandin, Saint-Étienne-de-Chomeil, Trizac et Valette. Alors, pourquoi Riom-ès-Montagnes plutôt qu’une autre commune ? Parce que l’affiche, qui tourne et qui tourne sur les réseaux sociaux, y mentionne une « soirée musicale », avec repas « moules-frites, ouvert à tous ».
Une honte, pour certains militants de la cause animale, qui raillent « un week-end en famille et en musique ». Ceux qui disent leur manière de penser au maire de Riom-ès-Montagnes lui demandent de faire interdire le rassemblement. Mais François Boisset ne fera pas machine arrière.
La teneur des messages reçus ? « Qu’on allait abattre les sangliers dans le tennis couvert, qu’on allait les dépecer devant les gamins, que notre commune allait sentir le sang, rapporte le premier édile. Depuis, cela s’est calmé, mais certains sont très virulents. Il y en a qui se défoulent… »
Plusieurs organisateurs concernésL’organisateur, le vrai, explique pourtant qu’aucun sanglier n’est blessé pendant ce concours, ne visant qu’à entraîner les chiens de chasse. « Il n’y a aucun tir et aucune prise d’animaux. C’est sans fusil ! », déclare Patrick Pons, président de l’association de chasse agréée de Saint-Étienne-de-Chomeil depuis une trentaine d’années.
Onze meutes et 110 chiens sont attendus. C’est déjà la treizième édition du concours. La dernière fois, « 1.100 repas » avaient été écoulés sur les deux jours. « Tout le monde se plaint qu’il ne s’organise plus rien dans les communes, remarque Patrick Pons. Là, il se fait quelque chose et on a des soucis… » La loi est avec lui, puisqu’un arrêté préfectoral, daté du 2 février, encadre l’événement. « Pour ces opérations, l’usage d’un fusil de chasse est interdit », écrit-il noir sur blanc.
De février à avril, l’Association française pour l’avenir de la chasse aux chiens courants du Cantal (Afaccc 15) organise cinq concours de ce type. Bizarrement, celui de Saint-Mamet, programmé les 11 et 12 février, ne semble pas avoir posé problème aux animalistes.
Sur les réseaux sociaux... et ensuite ?Cela fait des années que l’ACCA de Neuvéglise organise, durant les vacances de février, une battue sans arme réservée aux enfants. Objectif : permettre aux petits d’observer au plus près la faune locale, tout en les sensibilisant aux règles de sécurité qui entourent la pratique de la chasse. Cette battue n’avait jamais engendré de réaction négative, jusqu’à cette année.
Pierre Rigaux, militant anti-chasse et fondateur de l’association de protection du vivant Nos Viventia a découvert l’existence de la manifestation, prévue ce samedi, et s’en est indigné sur les réseaux sociaux. « Le pire, c’est que ça a du succès : c’est gratos et on peut voir des bêtes (apeurées qui fuient). » Si son appel a trouvé un certain écho en ligne, les proportions sont bien moindres que pour le concours de Riom-ès-Montagnes.
« Garder leur calme »Par contre, pour celui de Massiac, où les meutes ne pisteront pas des sangliers mais des lièvres, « des personnes se sont déplacées à la mairie pour demander l’arrêt de tout ça », affirme Guillaume Ponsonnaille, le président de l’Afaccc 15.
Quoi qu’il en soit, ce dernier passera ses consignes, au cas où. « On demande aux équipes de ne pas entrer dans leur jeu, de bien garder leur calme et de ne jamais répondre par la violence physique, liste-t-il. On ne veut pas que les images soient récupérées, coupées pour n’exploiter que les parties les plus noires. Et on demande de relever toutes les infractions que pourraient commettre ces gens-là, s’ils viennent… »
Romain Blanc et Yann Bayssat