Le nirvana des amoureux de guitares à Clermont-Ferrand
« Le guitariste de la tournée française d’Iggy Pop est venu acheter une guitare. Le lendemain, il était sur scène avec. » William, ou « papy Willy », comme ses collègues l’appellent tendrement, est un mélomane dans l’âme. Soixante-deux ans au compteur, les cheveux longs et toujours partant pour gratter quelques accords de blues ou de rock. Avec Bastien et Sarah, il tient le magasin Sonic Red, rue du Port.
Une famille de rockeursWilliam est collectionneur de guitares rares et vintages ; Bastien, 28 ans, est luthier et Sarah, 30 ans, électronicienne. Ensemble, ils ont ouvert la boutique en 2016. Leur point fort ? Trois activités complémentaires dans un même lieu. Même s’il arrive que Bastien crée des guitares sur mesure, le plus gros de son travail, c’est surtout de restaurer les petites pépites que déniche William grâce à son « réseau dans le monde entier ». Sarah, elle, a le nez collé sur les circuits pour réparer des amplis, indispensables à la guitare électrique. « Je leur donne un peu d’amour, tout simplement », se justifie-t-elle.Dans cette caverne d’Ali Baba de rockeurs, pas étonnant de voir trôner, sur les murs, une soixantaine de guitares, dont de véritables chefs-d’œuvre : une iconique Gibson Les Paul ou une mythique Fender Mustang.
" Nos tarifs vont de 650 euros à 12.000 voire 15.000 euros. "
Un véritable nirvana pour collectionneurs, mais aussi pour les apprentis musiciens. Dans la boutique, pas de place pour la nouveauté, on restaure les bonnes vieilles grattes qui ont fait leurs preuves depuis des décennies. Des guitares qu’on imagine aisément entre les mains de David Gilmour, Jimmy Hendrix ou Santana : « Notre plus ancienne guitare date de 1959, plus vieille que Willy, c’est pour dire », se moque Bastien, derrière sa moustache. La taquinerie facile mais toujours dans la bienveillance. « On est en famille, ici » précise Sarah, sourire au coin les lèvres.
Notre plus vieille guitare date de 1959William ne peut pas s’empêcher de parler de ses trouvailles. Le tout, bien sûr, accompagné des enceintes qui crachent du rock’n’roll comme on n’en fait plus. À n’en pas douter, même si « c’est beaucoup de temps et d’investissement personnel » selon l’électronicienne, le groupe de rockeurs passe de bons moments, entouré des Strato bleu turquoise et des amplis Marshall. Entre deux clients, l’occasion est toujours bonne pour balader ses doigts sur le manche de l’un de ces petits bijoux de collection.La porte du magasin s’ouvre. Avec le vent froid de février, un potentiel client s’engouffre dans la boutique. Dans le quartier, le bouche-à-oreille a vite circulé. Maintenant, leur réputation résonne à travers toute l’Auvergne. « J’ai entendu parler de vous, je voulais quelques conseils… » Bastien accueille chaleureusement le visiteur. Mais celui-ci ne l’écoute que d’une oreille. Hypnotisé par le décor. « Wouha, vous avez des guitares énormes ! »
La famille de rockeurs met un point d’honneur à prendre soin de sa clientèle. Qu’importe si le portefeuille n’est pas bien épais. « Quand j’étais adolescent, on ne me laissait jamais tester les guitares dans les magasins. Ici, tout le monde peut jouer, ça nous fait plaisir ! » explique le luthier. À n’en pas douter, ici, on est bien en famille.
Marie Bernard