Testaments falsifiés : 12 ans requis en appel contre l'ancien notaire de Lubersac (Corrèze)
"Il a volé toutes ces petites gens qui avaient toute confiance en lui"… "Il a les titres, mais pas l’éthique"… "Quelle indécence de détourner 30.000 € qui représentent toutes les économies d’une vie de chiens pour ces gens-là et trois mois de son salaire à lui?!"… "Quelle avidité, quelle cupidité, même?!"… "Il a commis des actes ignominieux?!".
Des plaidoiries ocmme des coups de fouetAprès un procès d’une semaine où chacun des huit actes litigieux reprochés à l’ancien notaire de Lubersac (Corrèze) a été analysé par la cour d’assises d’appel de la Haute-Vienne, la journée de ce lundi était consacrée aux plaidoiries.
Les cinq avocats des parties civiles ont pris la parole tour à tour avec verve. Des plaidoiries aux mots tranchants comme des lames, pour dire leur dégoût des agissements que Christophe Taurisson a enfin reconnus, après les avoir niés pendant six ans.
Trahisons en chaîneDes plaidoiries coups de fouet. Car l’accusé a trahi. "Il a trahi sa famille en jetant l’opprobre sur le nom de son père et de ses enfants, il a trahi ses associés qui ont dû gérer l’infamie, il a trahi jusqu’à la dernière volonté des défunts, il a trahi l’État qui l’a investi d’une délégation de services publique, il a trahi son serment et toute la profession", a en substance plaidé chaque avocat.
Si le sang n’entache pas cette affaire jugée devant la cour d’assises du fait de la qualité de notaire de l’accusé, les coups de couteau dans le contrat de la part de Christophe Taurisson ont été nombreux et le crime détestable, selon les avocats des parties civiles.
De 2014 à 2017, le notaire est accusé d’avoir authentifié de faux testaments écrits par deux complices, produit de fausses factures provenant de travaux réalisés dans sa maison et intégrées dans les successions qu’on lui confiait, récupéré à son profit voitures et assurances vies…
Quant aux aveux "plus que tardifs" de l’accusé, ils ne sont pour les avocats des parties civiles que "de circonstances, dans l’espoir de l’absolution" de la cour.
"On cherche son anéantissement"Des plaidoiries fortes qui sonnent comme une volonté "d’une élimination sociale", déplore l’avocat de la défense, Me Stéphane Babonneau. Ne souhaitant, judicieusement, pas revenir dans le détail de l’exposé accablant des faits produit par l’avocat général, Me Babonneau a souhaité adoucir le portrait de son client "d’une noirceur digne de ceux qui ont commis des crimes de sang".
"Je ne remets pas en compte la gravité de ce qui lui est reproché. Il a failli dans sa mission, il a remis en cause l’autorité de l’État. Mais il ne peut être contesté qu’il y a un acharnement contre Christophe Taurisson. Ce qui a été dit ce matin contre lui est insupportable. On cherche son anéantissement", a plaidé l’avocat qui est revenu sur la vie de ce fils d’agriculteur qui s’est construit à force de travail.
L’avocat a tenté aussi d’effacer cette image de "Machiavel", sous la coupe duquel dit avoir agi son coauteur et complice Franck Point, condamné à sept ans de prison devant la cour d’assises de Corrèze et qui n’a pas fait appel.
"Franck Point a trois sociétés, c’est un homme d’affaires qui a une forte personnalité. On veut donner à Christophe Taurisson l’importance qu’il n’a pas", a encore avancé le conseil, avant de demander aux jurés de baisser le quantum de douze ans requis par l’avocat général, au motif que "Christophe Taurisson n’est pas dangereux. Et la peine doit lui permettre de se réinsérer".
Le verdict est attendu ce mardi.
Falsification de testaments : le notaire de Lubersac devant les assises de la Corrèze avec deux co-accusés
Coralie Zarb