Un conteur à l’épreuve du bois
Jusqu’au samedi 21 octobre, les Arts bourbonnais exposent, au centre culturel de Vichy, Jean-Michel Chapuis, un sculpteur altiligérien qui étonne par la dimension et la richesse de ses œuvres. Un sculpteur sur bois tout feu tout flamme. A découvrir…
Jean-Michel Chapuis est un conteur. À l’instar de son inspirateur et maître, l’écrivain cheminot et bourguignon, Henri Vincenot. C’est en lisant, Le pape des escargots où le personnage principal redonne vie à de vieux noyers en les sculptant que le craponnais (Haute-Loire) bon teint, s’est dit : « pourquoi pas moi ! »
Travail à la gougeUn conteur, oui, parce que « l’art se doit raconter des choses ». Alors, lui, il écrit… Avec sa gouge et trempe cette dernière dans l’encre de la mythologie, de l’antiquité, des civilisations et religions diverses. Une encyclopédie ! Il parle peu de comment il fait, mais par contre se montre intarissable sur son cheminement intellectuel, spirituel, mystique, teinté d’ésotérisme. Pas question de se figer devant la statue, même si le gigantisme (3 m de haut et une tonne de matière première pour le minotaure) a tendance à vous clouer sur place.
Il faut nécessairement en faire le tour, afin de lire toutes les pages du livre. Prendre son temps aussi parce que l’écriture est dense, pleine de petits détails, de symboles, d’allégories qui ont toutes leur importance en donnant du sens profond à l’œuvre. Talent caché ? Plus maintenant. Chacune des statues exposées au centre culturel Valery-Larbaud est taillée d’une seule pièce dans un tronc parfois accompagné de ses racines. Pas de collage, d’assemblage. Uniquement à la gouge, parce que chaque copeau de bois doit être enlevé à bon escient. Pas de retour possible en arrière. Alors, l’œuvre avance à la vitesse… d’un escargot au prix d’un nombre incalculable d’heures de travail ou plutôt d’écriture.
AutodidacteEt ce, avec une maîtrise et un talent étonnant pour un complet autodidacte que l’on devine passionné et généreux. Il avoue porter un fort intérêt au Moyen Âge. « J’aurais aimé vivre à cette époque. Les cathédrales devaient foisonner de sculpteurs un peu habités comme moi. »
Habité ou plutôt enflammé, enthousiaste : « Je me suis découvert cette passion sur le tard, mais je pense que chacun d’entre nous a un talent caché. » Celui de Jean-Michel Chapuis ne l’est plus désormais caché.