Train Bordeaux-Lyon : l'avenir de Railcoop toujours suspendu à la promesse d'hypothétiques investisseurs
Un mois avant la fin de sa période d'observation, la coopérative ferroviaire n'a toujours pas bouclé un schéma de financement qui pourrait lui éviter la liquidation judiciaire.
En redressement judiciaire depuis le 16 octobre 2023, Railcoop subit un sévère retour en arrière.
La coopérative ne compte plus que quatre salariés - quand elle en possédait trente-sept au moment où elle avait une activité de fret -, s'apprête à revendre les deux seules rames qu'elle avait financées et repousse à une date inconnue le lancement de la ligne voyageurs Bordeaux-Lyon, sur laquelle elle compte pour enfin engranger des bénéfices.
Un financement à 60 %Au cours d'une réunion d'information avec ses sociétaires, tenue le 5 mars, la direction de Railcoop a annoncé qu'elle avait couvert 60 % du financement d'une première phase de lancement de la transversale ferroviaire, estimée à 11 millions d'euros.
Une deuxième lettre d'intention non engageante aurait été reçue par Railcoop en février de la part d'un investisseur pour le moment inconnu, après celle de l'espagnol Serena Partners.
D'autres investisseurs ?La coopérative - qui espérait au départ boucler un budget de 42 millions d'euros uniquement grâce à l'apport de ses sociétaires et des emprunts bancaires - mise donc sur la providence et l'entrée au capital d'autres fonds d'investissement pour présenter un schéma financier complet au tribunal de commerce de Cahors, le 15 avril 2024.
La justice pourra alors soit prononcer la liquidation judiciaire, soit prolonger la période d'observation.
Quelles conséquences ?Interrogée sur les conséquences des licenciements économiques, la direction a répondu que la plupart des anciens salariés avaient retrouvé un emploi.
La fonte des effectifs pose par ailleurs la question du maintien des certifications de sécurité ferroviaire, qui n'ont pas été suspendues pour le moment d'après Railcoop.
Un contentieux avec l'entreprise ACCDernière embûche dans le parcours chaotique de la coopérative, la direction de Railcoop a expliqué être en conflit avec l'entreprise ACC, qui était missionnée pour rénover ses rames. Le contentieux, qui fera l'objet d'une audience devant la justice le 7 mars, porte sur le prix de stockage des autorails.
Lancée en 2019, la coopérative Railcoop a fédéré près de quinze mille sociétaires autour de l'idée de réhabiliter des lignes ferroviaires laissées à l'abandon, levant ainsi 10 millions d'euros de fonds. Son premier objectif est de relancer la ligne voyageurs Bordeaux-Lyon, qui n'existe plus depuis 2014.
Guillaume Bellavoine